Le cabinet de sécurité examine des sanctions après les initiatives de l’AP en faveur d’un État
Gallant et Baharav-Miara ont demandé plus de temps pour étudier les propositions ; Smotrich aurait accepté de débloquer une partie des revenus fiscaux de l'AP si les implantations sont dynamisées
Le cabinet de sécurité a discuté, dimanche, de mesures potentielles qui pourraient renforcer les implantations de Cisjordanie – dans le cadre de la réponse apportée à la reconnaissance d’un État palestinien par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège.
Ces mesures visent également à riposter aux initiatives hostiles qui ont été entreprises par l’Autorité palestinienne devant les forums internationaux, a noté le Bureau du Premier ministre dans un communiqué.
Néanmoins, le ministre de la Défense Yoav Gallant et la procureure-générale Gali Baharav-Miara ont réclamé un délai de manière à mieux examiner dans les prochains jours les propositions qui ont été faites. Les services de sécurité intérieure du Shin Bet et l’armée israélienne s’opposent à toute démarche susceptible d’entraîner l’effondrement de l’Autorité palestinienne, ont fait savoir les médias israéliens.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu, pour sa part, a ordonné que toutes les propositions qui ont été soumises fassent l’objet d’un vote lorsque le cabinet de sécurité se réunira dans son intégralité, dimanche prochain.
La guerre qui oppose actuellement Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, dans la bande de Gaza, a fait monter d’un cran les frictions entre l’État juif et l’Autorité palestinienne, dont le siège est en Cisjordanie.
Le 7 octobre 2023, les hommes armés du Hamas avaient lancé une attaque transfrontalière qui avait semé la désolation dans le sud d’Israël. Ils avaient massacré près de 1 200 personnes et ils avaient kidnappé 251 personnes, qui avaient été prises en otage dans la bande de Gaza.
Israël avait alors, en guise de réponse, lancé une campagne militaire qui est encore en cours. Ses objectifs sont de détruire le Hamas, de renverser le régime terroriste au pouvoir au sein de l’enclave côtière et d’obtenir la remise en liberté des otages.
Depuis le début du conflit, l’Autorité palestinienne a évoqué les destructions terribles qui ont été causées par la guerre et le bilan humain, du côté des civils, qui a été enregistré à Gaza pour donner un nouvel écho à son appel en faveur de l’établissement d’un État palestinien. Elle a aussi, de plus, déposé une requête à l’encontre Israël devant la Cour internationale de Justice, et elle a soutenu la Cour pénale internationale dans son intention de réclamer l’émission de mandats d’arrêt qui visent des leaders israéliens.
Les mesures de sanction envisagées par le cabinet surviennent alors que le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, devrait accepter le transfert de centaines de millions de dollars de recettes fiscales en direction de l’Autorité palestinienne. Ces fonds, qui sont collectés par Israël au nom de Ramallah, avaient été précédemment bloqués.
Smotrich et Netanyahu se sont accordés sur le fait que si des initiatives devaient être prises pour soutenir les constructions dans les implantations, alors le ministre d’extrême-droite, en charge du Trésor, remettrait cet argent à l’Autorité palestinienne, selon la chaîne publique Kan. Smotrich, qui est également ministre subalterne au ministère de la Défense – un poste qui lui accorde la responsabilité des affaires civiles en Cisjordanie – réclame la légalisation de dizaines d’avant-postes illégaux.
De plus, Smotrich cherche à convoquer une commission qui est chargée des constructions dans les implantations, de manière à ce qu’elle apporte son approbation à la mise en chantier de milliers de nouveaux logements en Cisjordanie. Il a aussi l’intention de planifier de nouvelles constructions pour les Palestiniens qui vivent dans le secteur de la Cisjordanie placé sous le contrôle total d’Israël – un secteur connu sous le nom de Zone C – une planification à laquelle il donnera son accord si ces projets ne nuisent pas aux objectifs poursuivis par les partisans du mouvement pro-implantation dans ces régions, a précisé le site d’information Ynet. Plusieurs rencontres préparatoires se sont tenues récemment dans ce cadre.
Kan a estimé que le cabinet devrait prendre des sanctions contre l’Autorité palestinienne qui la bloqueront sans pour autant entraîner sa chute.
Protestant contre la politique mise en œuvre par l’Autorité palestinienne, qui consiste à verser des allocations aux terroristes et à leur famille, Smotrich avait expliqué, la semaine dernière, qu’il avait donné 35 millions de dollars, prélevés sur les revenus fiscaux de Ramallah, aux familles des victimes du terrorisme, une initiative qui avait été condamnée par les États-Unis. Smotrich a aussi accusé l’Autorité palestinienne d’avoir « soutenu » le massacre du 7 octobre.
Smotrich avait initialement gelé les transferts des recettes fiscales à l’Autorité palestinienne au lendemain du 7 octobre. Le ministre d’extrême-droite avait ultérieurement accepté de faire parvenir les fonds via la Norvège.
Après l’annonce faite par la Norvège de sa reconnaissance d’un État palestinien, au mois de mai – l’Irlande et l’Espagne avaient suivi son exemple – Smotrich avait, une fois encore, gelé les fonds, évoquant « un acte de justice historique » au vu du soutien financier apporté par l’Autorité palestinienne aux terroristes ayant attaqué des Israéliens.
Les États-Unis et d’autres alliés d’Israël ont indiqué s’inquiéter d’une mise en péril de la capacité de Ramallah, déjà en difficulté, à verser les salaires de ses milliers d’employés, ce qui ne ferait qu’attiser davantage les tensions en Cisjordanie.
La semaine dernière, le G7, qui regroupe sept nations industrielles, a mis en garde Israël contre toute atteinte à l’Autorité palestinienne, estimant que « les actions qui affaiblissent l’Autorité palestinienne doivent cesser et notamment le blocage des recettes douanières de la part du gouvernement israélien. Maintenir la stabilité économique en Cisjordanie est déterminant pour la sécurité régionale ».
De surcroît, Smotrich a fait savoir à Netanyahu qu’il ne prolongerait pas les dérogations accordées aux banques qui transfèrent les fonds à partir de la fin du mois de juin.
La Bank Hapoalim et l’Israel Discount Bank avaient besoin d’une protection – une protection qui expirera le 1er juillet – pour éviter les sanctions encourues pour ses transactions avec les leaders palestiniens.
Si cette dérogation est annulée, les firmes israéliennes ne seront plus en capacité de recevoir de l’argent des banques palestiniennes ou de déposer des chèques palestiniens, ce qui aura un impact sur les liens commerciaux. Mais Smotrich, selon les médias israéliens, devrait toutefois la prolonger dans le cadre de l’accord conclu avec Netanyahu qui porte sur les mesures prises à l’encontre de l’Autorité palestinienne et sur la redynamisation, en échange, des constructions dans les implantations.
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