Le Gaga, un art corporel israélien populaire, attire des milliers d’internautes
Le mode de langage corporel créé par le chorégraphe Ohad Naharin trouve de nouveaux adeptes en cette période de confinement
Mardi à 14h, au moment même où le cours de Gaga commençait sur Zoom, 612 personnes se connectaient depuis le monde entier.
« Salut, je viens d’Inde », a écrit un participant. « Je vous suis depuis le Brésil », a commenté un autre.
Des hommes et des femmes, d’Israël, de Russie, de France et des États-Unis, qui se trouvaient dans leur chambre, dans leurs salons, dans des salles de danse, dans des caves aménagées et autre.
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Si certains étaient des danseurs, d’autres étaient simplement curieux.
Ils étaient tous présents afin de bouger leurs corps dans un langage connu sous le nom de « Gaga ». Ce mouvement a été créé par Ohad Naharin, chorégraphe de musique house et ancien directeur artistique de la Compagnie de danse Batsheva.
Le mouvement Gaga existe depuis plus de 25 ans et compte des milliers d’adeptes dynamiques à travers le monde. Mais il a toujours été enseigné dans des studios, où un nombre limité de gens pouvaient être présents.

Quand l’épidémie de coronavirus a frappé, les danseurs qui enseignaient le Gaga ont rapidement eu l’idée de donner des cours en ligne. Il y a huit cours quotidiens donnés par des enseignants à New York et Tel Aviv, chaque jour de la semaine.
« Nous sommes toujours étonnés par le nombre de personnes qui nous rejoignent », a déclaré Ana Harmon, une danseuse à la retraite qui s’occupe maintenant d’un programme Gaga à Tel Aviv. « Nous avons le sentiment que cela marche bien en ligne à cause de l’isolation actuelle que vivent les gens. [Les gens] ont besoin de se procurer du plaisir dans leur routine quotidienne, de danser et de vraiment s’amuser. »
Le summum de l’expérience en ligne a eu lieu mardi à 14h avec un cours de 45 minutes, alors que la plupart des autres cours en ligne de Gaga durent 30 minutes. On a demandé aux élèves de commencer lentement, de mouvoir individuellement différentes parties de leurs corps, chaque personne étant seule.
« Ne vous regardez pas vous, regardez-moi », a demandé la prof Yael, depuis sa chambre à Tel Aviv, avec son lit bien fait derrière elle. Acceptez que le muscle brûle un peu, gardez vos yeux ouverts. »
Les mouvements de contorsion et les tours ont pris de la vitesse, avec des doubles tours, le tout la mâchoire détendue. Cela devient progressivement plus difficile, mais plus intuitif aussi.
Le Gaga est né de la curiosité et des recherches d’Ohad Naharin sur les mouvements du corps. Il a été le premier à proposer des cours hebdomadaires avec les danseurs de la troupe dans les années 1990. Il a ensuite élargi le mouvement Gaga au personnel de la compagnie, à ses amis et à ses proches.

Les classes ont été ouvertes au grand public en 2001, et un an après, les danseurs de Batsheva ont demandé à ce que Gaga devienne la principale forme d’entraînement au quotidien.
Le nom Gaga a pris de l’ampleur en 2003. Les cours sont généralement divisés en deux groupes : Gaga/grand public et Gaga/danseurs. Tel Aviv et New York sont des endroits importants pour le Gaga, indique Harmon. Mais le mouvement compte également beaucoup d’adeptes à Berlin, Paris, Londres et sur la côte ouest des États-Unis.
Il y a actuellement 148 professeurs de Gaga certifiés dans le monde entier, et Harmon est l’une d’eux.

Formée à la danse classique à Boston, elle est ensuite venue en Israël par le biais du programme Kibbutz Contemporary Dance Company. Elle a par la suite dansé avec plusieurs autres compagnies locales. C’est comme cela qu’elle a connu le mouvement Gaga.
« Beaucoup de compagnies font du Gaga tous les jours », révèle-t-elle. « C’est difficile de mesurer l’impact qu’a eu Ohad. Il y a vraiment eu un effet de ruissellement sur la communauté des danseurs en Israël, en particulier avec le Gaga. »
Harmon a été employée dans le département développement de Batsheva, avant de travailler pour Gaga, s’occupant des enseignants, des ateliers et des classes qui se tiennent dans des universités, des studios de danse et des centres communautaires dans une quarantaine de pays à travers le monde.
L’expérience Gaga en ligne n’était pas vraiment prévue, jusqu’à début mars et l’arrivée de l’épidémie de COVID-19.
« La réflexion n’a pas été très longue », a noté Harmon. « Cela aurait sûrement pris des années dans d’autres circonstances, mais c’est un moment particulier où beaucoup d’activités vont sur cette nouvelle plateforme en ligne. Nous savions que cela conduirait les gens à faire l’expérience de leurs propres corps et qu’ils pourraient se connecter à distance. Il y avait tout simplement quelque chose qui faisait sens à ce moment particulier. »

Si rien n’était prévu, cela était clairement le bon moment pour faire passer le mouvement Gaga en ligne, commente Sahar Harari, directeur artistique de Gaga.
« Notre mission a toujours été d’amener les gens au Gaga, et quand le monde a changé, nous avons dû apporter le Gaga aux gens », explique-t-il.
Le fait d’avoir huit cours de Gaga enseignés tous les jours avec environ 5 000 participants au total suscite une opportunité de recherche créatrice inhabituelle, selon lui.
« Être dans la pièce avec un enseignant a toujours été un élément clef de l’enseignement, donc nous devons être encore plus clairs sur ce que nous faisons », indique-t-il. « Nous avons toujours eu pour mission d’être aussi clairs et précis que possible. »
Il y a des avantages à l’expérience en ligne, estime Harmon. Elle permet aussi de toucher un public qui n’aurait autrement pas osé essayer le Gaga en public, et qui peut maintenant tranquillement pratiquer de chez lui.
Il n’y a pas d’âge limite, même si les cours de Gaga sont habituellement ouverts aux personnes de 16 ans ou plus. Gaga propose des sessions pour les familles avec enfants et des cours assis pour les seniors qui éprouvent des difficultés à se tenir debout pendant longtemps. L’équipe de Gaga tente d’élaborer un moyen de les proposer en ligne.
Harmon est en ligne pour presque tous les cours. Elle observe ce qui se passe et s’assure que la plupart des participants sont actifs et ne se contentent pas de regarder.

Les participants doivent mettre le professeur en plein écran sur la plateforme Zoom, ce qui réduit leur possibilité de s’observer en train de faire des mouvements. L’idée est toujours de laisser les mouvements guider le corps, et de ne pas prêter attention à quoi on ressemble pendant ces mouvements.
« Pendant le coronavirus, nous devons tous rester chez nous », commente Harari. « Mais dans le Gaga, la vraie maison, c’est notre corps. »
Tout le monde peut s’inscrire à des cours de Gaga en ligne à travers ce lien.
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