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Le Goncourt 1960, signé d’un sympathisant de Hitler, va être réédité

Cas unique dans l'histoire du Goncourt, le prix de 1960 a été « attribué mais non décerné » à Vintila Horia, après que des journaux ont ressorti de vieux écrits de l'auteur roumain

L'écrivain roumain Vintilă Horia, lauréat du Prix Goncourt 1960, dans un entretien non daté à la télévision française. (Capture d'écran Youtube / Marilena Rotaru / à partir d'images de l'INA)
L'écrivain roumain Vintilă Horia, lauréat du Prix Goncourt 1960, dans un entretien non daté à la télévision française. (Capture d'écran Youtube / Marilena Rotaru / à partir d'images de l'INA)

Aucun juré du prix Goncourt 1960 ne se doutait que le lauréat, le Roumain Vintila Horia, avait jadis confié sa sympathie pour Adolf Hitler. Le scandale est largement oublié, et le roman va reparaître.

« Dieu est né en exil » est réédité le 10 avril par les Éditions Noir sur blanc, selon un programme de parutions envoyé à la presse lundi.

Cette maison d’édition republie, dans sa collection « La Bibliothèque de Dimitri », le riche fonds de littérature étrangère publiée par Vladimir Dimitrijevic, un Yougoslave en exil qui avait créé, à Lausanne en Suisse en 1966, les éditions L’Âge d’Homme.

Il y a eu trois éditions de « Dieu est né en exil » : l’originale en 1960 chez Fayard, une première réédition en 1981 chez Famot à Genève, maison créée par un ami de Jean-Marie Le Pen, et une deuxième en 1988 chez L’Âge d’homme en Suisse et De Fallois en France.

Ce journal d’exil imaginaire du poète romain Ovide à Tomes, une ville qui s’appelle aujourd’hui Constanta, sur les bords de la mer Noire en Roumanie, a été largement occulté par la polémique autour de son auteur, à l’époque un écrivain quasi inconnu de 44 ans, qui écrit en trois langues : roumain, français, espagnol.

« C’est un livre sublime. Un très, très grand texte », dit l’éditeur de Noir sur Blanc, Marko Despot, interrogé par l’AFP. Il le compare à un roman de 1951 beaucoup plus célèbre aujourd’hui : « Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar.

« Un grand imbécile »

Le 21 novembre 1960, Horia remporte six voix sur dix au Goncourt. Quatre jours plus tard, L’Humanité publie un article intitulé : « Pro-hitlérien antisémite : tel est le lauréat du Goncourt 1960 ».

Le journaliste et écrivain communiste André Wurmser dispose de la traduction d’extraits d’articles signés Vintila Horia dans des journaux roumains de droite ou d’extrême-droite. Dans l’un d’eux en 1940, Horia se félicite de l’invasion par l’Allemagne de la France, que « seule une défaite […] pourrait faire renaître ». Dans un autre en 1935, il loue les régimes fasciste en Italie et nazi en Allemagne, qui « ont enfin réussi à se débarrasser de la toile d’araignée du judaïsme ».

Marko Despot n’approuve pas. « Toute personne qui épouse une idéologie fait fausse route à mon avis. Je suis comme les éditions Gallimard, qui ne partagent pas celle de Céline », répond-il.

Louis-Ferdinand Céline, l’un des grands romanciers français du XXe siècle, est l’un des antisémites les plus virulents des années 1930-40, fervent soutien de la collaboration à l’occupant nazi.

Louis-Ferdinand Céline. (Crédit : Wikimedia commons / Domaine public)

« L’homme peut être un grand imbécile, et l’écrivain un génie. Je trouverais dommageable qu’on reproche à un auteur mort son passé. Je préférerais qu’on juge le roman », ajoute l’éditeur suisse qui choisit de faire la distinction entre l’homme et l’oeuvre.

« Non décerné »

À une époque où elle n’accueillait le lauréat que quelques semaines après son vote, l’Académie Goncourt s’abstint d’inviter le Roumain à sa table. Dans le palmarès, le prix 1960 est un cas unique, « attribué mais non décerné ».

Une chercheuse roumaine, Alice Popescu, a tranché, dans un article de recherche en 2016, le cas de cet auteur à l’aide des archives du régime roumain de 1960 et de la presse des années 1930-1940. Oui, Horia s’est complu en imprécations antisémites à une époque où elles étaient répandues. Mais, selon elle, « en aucun cas, dans la littérature de Vintila Horia, on ne peut trouver une trace d’antisémitisme ou de fascisme ».

Horia avait plaidé maladroitement sa cause dans France Soir : « Je ne sais pas pourquoi on va chercher des choses si anciennes ». Lui qui vivait alors en Espagne se fit le plus discret possible.

Dans les années qui suivirent la mort de Franco en 1975, les éditions Fayard se demandèrent s’il était toujours en vie. On en eut seulement la preuve quand, un jour de 1992, un hôpital de Madrid annonça son décès.

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