Le Liban arrête le fils du défunt chef des Frères musulmans recherché par l’Égypte
Un fonctionnaire judiciaire, s'exprimant sous couvert d'anonymat, déclare que Beyrouth demandera un dossier sur Abdul Rahman al-Qaradaoui avant de décider de son extradition
Le fils du prédicateur Youssef al-Qaradaoui, éminence grise des Frères musulmans égyptiens, a été interpellé au Liban à son retour de Syrie, a indiqué dimanche à l’AFP un responsable judiciaire.
Abdel Rahmane al-Qaradaoui a été arrêté samedi au poste-frontière de Masnaa en raison d’un « mandat d’arrêt […] motivé par un verdict de la justice égyptienne », selon le responsable libanais s’exprimant sous anonymat.
Qaradaoui a été condamné par contumace à cinq ans de prison en Egypte pour « incitation au terrorisme et opposition à l’Etat », a-t-il précisé.
En Egypte, le renversement en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, issu des Frères musulmans, avait ouvert la voie à une violente répression de ses partisans, arrêtés par milliers et condamnés à la peine de mort ou à de lourdes peines de prison.
Le Liban demandera à l’Egypte le dossier du prédicateur afin que la justice libanaise puisse déterminer « si les conditions sont réunies pour une extradition », a-t-il dit, précisant que la décision finale reviendra au gouvernement.
Le prédicateur Youssef al-Qaradaoui est décédé en 2022 après plusieurs décennies d’exil au Qatar. Il avait été emprisonné à plusieurs reprises en Egypte pour ses liens avec la confrérie des Frères musulmans.
Son fils, mobilisé au moment du Printemps arabe et des manifestations en 2011 ayant entraîné la chute de Hosni Moubarak, est aussi un virulent critique du pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi, le chef de l’armée qui a renversé Morsi avant d’être élu président.
Un ami de la famille Qaradaoui a assuré à l’AFP que le fils est détenteur de la nationalité turque et qu’il rentrait d’une visite en Syrie, où des groupes rebelles islamistes ont renversé le 8 décembre le pouvoir du dictateur syrien Bashar el-Assad et instauré de nouvelles autorités à Damas.
Depuis la mosquée des Omeyyades dans la capitale syrienne, Qaradaoui s’était filmé se réjouissant de la chute d’Assad, mettant en garde le peuple syrien et son nouveau leadership contre « les régimes malveillants » qui pourraient oeuvrer contre eux « aux Emirats arabes unis, en Arabie saoudite et en Egypte. »