Le président ukrainien salue le projet d’un mémorial de la Shoah à Kiev
Volodymyr Zelensky a déclaré que "l'établissement de ce centre commémoratif est extrêmement important pour notre pays"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a soutenu fin juillet lors d’une réunion en ligne la construction à Kiev du Centre commémoratif de l’Holocauste de Babi Yar (BYHMC), a rapporté un communiqué.
« L’établissement de ce centre commémoratif est extrêmement important pour notre pays », a-t-il indiqué au Conseil de surveillance du centre. « Son histoire contient de nombreuses pages tragiques. Mais nous devons les garder à l’esprit et en parler aux générations à venir. De tels moments devraient rester dans l’histoire de l’Ukraine. Ils sont dans nos conversations, dans notre mémoire, dans les livres. Ce serait une très bonne chose que ce projet prenne vie et que nous construisions l’histoire avec vous. »
Il a également souligné l’importance de se souvenir des « Justes parmi les Nations » ukrainiens, qui ont sauvé des Juifs pendant l’Holocauste.
Dans le cadre de la réunion, les participants ont convenu de constituer un comité de travail, dirigé par Andriy Yermak, chef de l’Administration présidentielle. Le comité coordonnera les travaux de construction du centre commémoratif ainsi que les préparatifs du 80e anniversaire du massacre de Babi Yar.
Ronald Lauder, membre du conseil de surveillance et président du Congrès juif mondial, a souligné que le centre commémoratif devra donner aux visiteurs une réponse claire à la question de l’antisémitisme et attirer l’attention du monde sur Babi Yar.
« Trois générations connaissent l’histoire de l’Holocauste et presque tout le monde sait ce qu’il s’est passé à Auschwitz, mais l’histoire de Babi Yar reste quasiment inconnue par les jeunes », a-t-il dit. « Il est essentiel que les gens se rendent à Kiev pour visiter le Centre commémoratif de Babi Yar afin de comprendre les événements qui s’y sont déroulés. Nous avons aujourd’hui la possibilité de faire quelque chose de fantastique. Plus il y aura de gens qui savent ce qui s’est passé à Babi Yar, mieux sera le monde. »
Natan Sharansky, directeur du Conseil de surveillance, a lui déclaré que l’histoire de Babi Yar n’est pas seulement importante pour le peuple juif, car il s’agit également du site où d’autres nationalités ont péri, en particulier des Ukrainiens, des Biélorusses et des Polonais.
« Cette initiative n’est pas seulement un monument, mais c’est aussi un centre commémoratif crucial, avec un musée et un centre de recherche, contribuant à élever le degré de tolérance au sein de la société et jouant un rôle essentiel dans le positionnement de l’Ukraine dans le monde », a-t-il déclaré. « Ces institutions à travers le monde sont établies en partenariat avec l’État et soutenues par ses hauts fonctionnaires. »
Leonid Kravtchouk, premier président de l’Ukraine (1991-1994), ou encore Joschka Fischer, ancien ministre des Affaires étrangères et vice-Chancelier de l’Allemagne (1998-2005), sont eux aussi membres du Conseil de surveillance et ont participé à la réunion.
Babi Yar, une localité proche de Kiev en Ukraine, qui faisait partie de l’URSS à l’époque, a été le théâtre de l’un des plus grands massacres des Juifs par balles pendant la Shoah et qui a débuté le 29 septembre 1941.
Les nazis et leurs collaborateurs locaux ont réuni les Juifs de Kiev aux abords du ravin de Babi Yar, leur laissant croire qu’ils allaient être déportés. Mais après avoir été roués de coup et déshabillés, ils ont été fusillés par les soldats. On estime que 22 000 personnes ont été tuées le premier jour du massacre, qui se serait poursuivi les mois suivants, jusqu’à la création du camp de concentration de Syrets. Entre le 29 et le 30 septembre, 33 700 juifs de Kiev ont été assassinés par des nazis et leurs collaborateurs.
Au total, entre 100 000 et 150 000 Juifs, prisonniers politiques, communistes et Tziganes ont été tués au ravin de Babi Yar qui est devenu à l’Est le symbole de l’extermination des Juifs soviétiques.
L’une des tâches principales du BYHMC est de montrer le danger des idéologies totalitaires, extrémistes nationalistes et racistes, et surtout de montrer comment tout a commencé.
« Dans un monde où l’extrémisme devient plus fort, notre objectif est non seulement de construire un centre, mais de créer un espace qui formera une telle conscience, avec laquelle il deviendra impossible de répéter les tragédies de la Seconde Guerre mondiale », avait expliqué en 2018 Marek Siwiec, le directeur des affaires internationales du centre.
Le projet qui vise à rendre hommage à toutes les victimes, à raconter l’histoire de leur vie, aspire également à devenir un centre de recherche spécialisé sur les crimes de l’Holocauste dans les régions de l’Ukraine et de l’Europe de l’Est.
En plus du devoir de mémoire, le centre BYHMC souhaite également jouer un rôle dans la célébration des différences culturelles, ethniques, religieuses et sociales.