Le Sénat US rejette les motions de Sanders pour interdire les ventes d’armes à Israël
Chez les démocrates, les "pour" sont passés de 19 à 15 depuis novembre dernier - Ossoff, dont le siège sera remis en jeu l'an prochain, a voté "Non" et le nouveau venu Kim, "Oui", à la surprise de tous
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.

Le Sénat américain a rejeté jeudi à une écrasante majorité deux résolutions du sénateur progressiste Bernie Sanders destinées à interdire le transfert d’armes à Israël. Cela faisait des mois, depuis la dernière initiative de cet ordre, que la minorité démocrate qui a, elle, voté pour, n’avait été aussi faible.
L’échec des motions de Sanders était prévisible, compte tenu de la majorité républicaine au Sénat et de la très faible minorité de démocrates prêts à voter contre Israël. Toutefois, ces votes sont souvent présentés comme des tests de l’évolution de la ligne du Parti démocrate envers Israël, et en particulier au gouvernement de son Premier ministre, Benjamin Netanyahu.
Le fait que Donald Trump ait succédé à Joe Biden à la Maison-Blanche ne semble pas avoir eu d’impact significatif sur le vote de jeudi.
Quinze démocrates ont voté en faveur de deux résolutions interdisant la vente de bombes et munitions à Israël pour un montant de 8,8 milliards de dollars. Lorsque Sanders avait proposé pareilles résolutions au Sénat, en novembre 2024, ils avaient été 19 démocrates à voter pour l’une d’entre elles.
Parmi les quatre sénateurs qui ont voté en faveur des résolutions de Sanders en novembre et qui ont fait basculer leur vote jeudi en faveur du « non » figurent le sénateur Jon Ossoff, de l’Etat de Géorgie, qui remettra son siège en jeu contre les républicains en 2026 ; le sénateur de Géorgie Raphael Warnock, la sénatrice du New Hampshire Jeanne Shaheen – qui a annoncé ce mois-ci qu’elle ne se représenterait pas l’année prochaine – et le sénateur du Maine Angus King, un indépendant membre du caucus démocrate.
L’un des votes favorables à la motion les plus notables a été celui du sénateur du New Jersey Andy Kim, pourtant présenté comme un démocrate modéré. Il s’était en effet rendu en Israël cette année et avait plaidé en faveur de la libération des otages.

Les quatorze autres démocrates à avoir voté en faveur de l’interdiction d’envoi d’armes à Israël sont Mazie Hirono, Ben Ray Luján, Bernie Sanders, Chris Van Hollen, Jeff Merkley, Ed Markey, Tim Kaine, Elizabeth Warren, Martin Heinrich, Brian Schatz, Tina Smith, Dick Durbin, Peter Welch et Chris Murphy.
La première résolution a été bloquée par 82 voix contre 15 et la seconde, par 83 voix contre 15. La sénatrice démocrate Tammy Baldwin a voté comme elle l’avait déjà fait lors des trois résolutions de Sanders de novembre dernier.
Pour inciter à voter ses résolutions, Sanders avait donné un bilan des pertes civiles et affirmé que des milliers d’enfants risquaient la malnutrition voire la famine, surtout depuis le début du blocus de l’aide humanitaire, il y a peu.
« Ce qui se passe en ce moment est inimaginable. Aujourd’hui, cela fait 31 jours – c’est très grave – qu’aucune aide humanitaire ne parvient à Gaza, rien. Ni nourriture, ni eau, ni médicament, ni carburant, et ce depuis plus d’un mois », a déclaré Sanders.
Ce blocus, qui, selon Israël, est destiné à faire pression sur le Hamas dans le cadre des pourparlers en cours sur les otages, s’applique aux importations de nourriture, de médicaments et de carburant.
Le président de la commission des affaires étrangères du Sénat, James Risch, de l’Idaho, a plaidé contre les résolutions de Sanders.
« Ils abandonneraient Israël, notre allié le plus proche au Moyen-Orient, à un moment charnière pour la sécurité mondiale », a-t-il déclaré.

Trump a entamé son deuxième mandat en détricotant les initiatives prises par son prédécesseur, Joe Biden, pour limiter les quantités d’armes envoyées à Israël. En février de cette année, Trump a contourné le Congrès pour approuver le principe de la vente de matériels de guerre à Israël pour plusieurs milliards de dollars.
La loi américaine donne au Congrès la possibilité de s’opposer aux plus importantes ventes d’armes à des puissances étrangères via l’adoption de résolutions de désapprobation. Bien qu’aucune résolution de ce type n’ait été adoptée par le Congrès ou n’ait survécu à un veto présidentiel, la loi exige que le Sénat vote en cas de dépôt d’une résolution. Ces résolutions ont parfois conduit à des débats houleux embarrassants pour les anciens présidents.
Israël a lancé son offensive contre le Hamas suite au pogrom commis par le groupe terroriste le 7 octobre, qui a fait 1 200 morts côté israélien et 251 otages.

Selon le ministère de la Santé de Gaza dirigé par le Hamas, dont les chiffres ne sont pas vérifiés et ne font pas le distinguo entre civils et hommes armés, plus de 50 000 Palestiniens ont été tués lors des opérations militaires israéliennes à Gaza. Le ministère affirme en outre que plus d’un millier de personnes ont été tuées depuis la reprise des opérations militaires à Gaza le 18 mars dernier, qui a mis fin à une fragile trêve de deux mois.
Cette trêve aurait dû passer le 2 mars dernier dans sa deuxième phase, avec un retrait complet des forces israéliennes de Gaza et un cessez-le-feu permanent, mais Israël a souhaité en revoir les termes pour prolonger la première phase là où le Hamas a insisté pour s’en tenir aux termes de l’accord initial, ce qui a conduit à une impasse.
Une grande partie de Gaza est aujourd’hui en ruines et des centaines de milliers de personnes en sont réduites à trouver refuge dans des tentes ou des bâtiments bombardés.
Reuters a contribué à cet article.