L’envoyée d’Israël rappelée suite aux critiques de Madrid retourne en Espagne
L’ambassadrice avait été rappelée suite aux doutes exprimés sur la légalité de la guerre Israël/Gaza ; un « changement positif dans la rhétorique ibère » justifierait le retour de l’envoyée
Le ministre des Affaires étrangères Israël Katz a décidé que l’ambassadrice d’Israël en Espagne, Rodica Radian-Gordon, pouvait reprendre ses fonctions à Madrid la semaine prochaine.
Elle avait été rappelée en novembre par le prédécesseur de Katz, Eli Cohen, après les propos du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui avait émis de « sérieux doutes » quant à la légalité de la guerre menée par Israël contre le Hamas du point de vue du droit humanitaire international.
« Compte tenu d’un changement positif dans la rhétorique du gouvernement espagnol et de l’importance des relations entre Israël et l’Espagne, il a été décidé que l’ambassadrice retournerait à Madrid et reprendrait ses activités pour promouvoir le soutien au droit d’Israël de défendre ses citoyens contre le groupe terroriste du Hamas et pour intensifier la pression internationale en faveur de la libération de tous les otages dans la bande de Gaza », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, qui n’a pas précisé quels étaient ces « changements positifs » dans la rhétorique du gouvernement espagnol.
Israël a également rappelé ses ambassadeurs de Turquie et d’Afrique du Sud à la suite des remarques des dirigeants de ces pays sur la guerre à Gaza.
Géographiquement proche du Maghreb, l’Espagne s’est tournée vers les pays arabes durant la dictature de Franco (1939-1975) afin de contourner son isolement en Occident – une diplomatie dite de « substitution » longtemps cultivée par Madrid, rappelle Juan Tovar, professeur à l’université de Burgos.
Ce n’est qu’en 1986, en outre, que le pays a établi des relations officielles avec Israël. La conséquence de tensions nées de l’opposition de l’Etat hébreu à l’entrée dans l’ONU de l’Espagne au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité avec l’Allemagne nazie, rappelle Isaías Barreñada, professeur à l’Université Complutense de Madrid.
Madrid est ensuite allé jusqu’à jouer les médiateurs, accueillant ainsi en 1991 une Conférence de paix, avec pour la première fois l’ensemble des parties arabes en conflit direct avec l’Etat hébreu: Palestiniens, Syriens, Jordaniens et Libanais.
Deux ans après cette conférence, les accords d’Oslo, à travers lesquels Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) se reconnaissaient mutuellement, étaient signés à Washington.
Mais globalement, l’Espagne reste perçue par de nombreux acteurs comme pro-arabe.