Les chrétiens de Gaza pourront finalement aller à Jérusalem à Noël, dit Israël
Un responsable de l'AP a fait savoir que 55 chrétiens palestiniens de l'enclave côtière ont reçu des permis pour aller à Jérusalem et en Cisjordanie suite à l'indignation
Israël accordera des permis aux Palestiniens chrétiens de la Bande de Gaza pour se rendre à Jérusalem et en Cisjordanie lors des fêtes de Noël « conformément aux évaluations sécuritaires réalisées », a fait savoir dimanche le Coordinateur des activités du gouvernement dans les territoires (COGAT), une instance du ministère de la Défense responsable de la liaison avec les Palestiniens.
Cette annonce a été faite environ dix jours après qu’une porte-parole du COGAT a expliqué à Reuters que les Palestiniens chrétiens de l’enclave côtière ne seraient pas autorisés à se déplacer à Jérusalem et en Cisjordanie pendant la fête.
La déclaration initiale du COGAT à l’agence de presse avait été fustigée par les responsables chrétiens palestiniens ainsi que par Gisha, groupe de défense des droits de l’Homme qui contrôle les déplacements depuis et vers Gaza.
« Tous les individus, dans le monde entier, sont autorisés à se rendre à Bethléem. Nous pensons que les chrétiens de Gaza doivent pouvoir eux aussi jouir de ce droit », avait dit à Reuters Wadie Abu Nassar, conseiller de responsables ecclésiastiques locaux.
Suite à l’indignation, le COGAT a publié sur son site internet en hébreu et en anglais, dimanche dernier, qu’il mettrait à la disposition des Palestiniens chrétiens 500 autorisations maximum qui leur permettraient d’aller à Jérusalem et en Cisjordanie « conformément aux contrôles sécuritaires ». Quelques heures plus tard, il a toutefois supprimé ces parutions et son porte-parole a indiqué qu’elles avaient été postées sur internet par erreur.
Le COGAT a par ailleurs annoncé, dimanche, avoir finalement pris la décision de donner des autorisations d’entrée aux Palestiniens chrétiens de la bande pour qu’ils puissent aller à Jérusalem et en Cisjordanie après consultation « de tous les services sécuritaires ».
« Les autorisations d’entrées à Jérusalem et en Judée-Samarie seront émises conformément aux évaluations sécuritaires et indépendamment de l’âge », a établi l’instance du ministère de la Défense dans un communiqué, utilisant les noms bibliques de la Cisjordanie.
Saleh al-Ziq, haut-responsable de la Commission des affaires civiles de l’Autorité palestinienne, basé à Gaza, a déclaré au Times of Israel que jusqu’à présent, 55 Palestiniens chrétiens de Gaza – tous des personnes âgées – avaient obtenu une autorisation de se rendre à Jérusalem et en Cisjordanie.
Il a ajouté que les autres candidats à ces permis, au nombre de 850, étaient actuellement soumis à « des vérifications d’ordre sécuritaire ».
Selon un rapport émis au mois de février 2018 par le Bureau central des Statistiques de l’AP, 1 138 Palestiniens chrétiens vivent à Gaza. Presque tous habitent Gaza City et un grand nombre d’entre eux ont de la famille en Cisjordanie.
Tandis que la majorité de ces chrétiens appartiennent à l’église grecque orthodoxe, qui fêtera Noël le 7 janvier 2020, certains appartiennent à des églises qui célèbreront la fête en date du 25 décembre.
Un certain nombre de sites chrétiens sont situés à Jérusalem et en Cisjordanie, avec notamment l’église de la Nativité à Bethléem, où Jésus serait né.
Israël a placé de lourdes restrictions sur les mouvements des personnes et des biens vers et depuis Gaza. Les responsables, au sein de l’Etat juif, disent que ces limitations imposées aux déplacements empêchent les groupes terroristes de faire entrer des armes dans l’enclave côtière.
Elias al-Jelda, activiste chrétien à Gaza, estime qu’Israël aurait dû accorder ces permis aux Palestiniens chrétiens bien avant les fêtes.
« Tout le monde devrait pouvoir célébrer les fêtes à Jérusalem et à Bethléem », dit-il lors d’un entretien téléphonique. « Tout le monde devrait avoir suffisamment de temps pour pouvoir prévoir les choses. L’année prochaine, Israël devra commencer à examiner les demandes de permis pour les fêtes plusieurs mois avant qu’elles n’aient lieu ».
Miriam Marmur, porte-parole de Gisha, critique pour sa part Israël pour les multiples déclarations faites au sujet des autorisations.
« Les réponses apportées par les autorités israéliennes à la communauté chrétienne, ces dernières semaines, n’ont cessé de tergiverser, se contredisant par ailleurs à plus d’une reprise », a-t-elle clamé.
« Tout permis supplémentaire sera une bonne initiative – qu’Israël aurait dû rendre possible dès le départ au lieu de plonger les résidents de Gaza dans l’incertitude et de leur faire subir un retard injustifié », ajoute-t-elle.
« La conduite d’Israël concernant la publication des quotas de permis, les limitations non-nécessaires imposées sur ceux qui, en pratique, peuvent obtenir une autorisation, l’addition de permis de dernière minute, le manque de transparence autour de ceux qui peuvent en bénéficier – tout cela n’est pas à la hauteur des obligations d’Israël envers les résidents de la bande », poursuit-elle.