Les déchets en plastique à l’origine de la prise en charge d’une tortue de mer sur 3
Dans une étude, toutes les tortues mortes qui ont été autopsiées avaient du plastique dans leur tube digestif, un phénomène "qui n'est pas moins qu'une urgence environnementale"
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.
La première analyse avancée en son genre à avoir été menée sur des tortues de mer de Méditerranée amenées au Centre de secours et de soins des tortues de mer, dans le centre d’Israël, souligne ce qui, à son sens, n’est « pas moins qu’une urgence environnementale »: Ainsi, un tiers des tortues étudiées ont été blessées ou tuées par des déchets en plastique.
Une sur cinq ne survit pas à ce type de blessure.
La recherche publiée dimanche, qui s’est penchée sur la période allant de l’année 1999 à l’année 2021, établit que sur les 1 473 tortues qui ont été amenées au Centre, 556 avaient des blessures liées au plastique (certaines sont mortes) – des blessures causées par des équipements de pêche, des sacs en polypropylène ou autres.
Après leur naissance sur terre, les petites tortues partent dans la mer où elles passent leurs premières années à s’alimenter à la surface de l’eau, se laissant transporter par les courants.
C’est à ce stade, selon la recherche, que les sacs en polypropylène présentent le plus grand danger. Les inscriptions figurant sur les sacs retrouvés indiquent qu’ils étaient utilisés pour nourrir le bétail sur les navires acheminant des veaux et des agneaux vivants dans la région, où ils sont ensuite engraissés et abattus.
D’un autre côté, les accidents impliquant des tortues piégées dans des équipements de pêche sont particulièrement notables entre les mois de juin à septembre, le long des rives israéliennes, selon la recherche.
Les autopsies qui ont été réalisées l’année dernière sur six tortues vertes (Chelonia mydas) et 15 caouannes (Caretta caretta) ont toutes révélé la présence de plastique dans leur tube digestif.
Avec une présence de plastique relativement plus importante chez les jeunes tortues, probablement en raison des lieux où elles se trouvaient à ce stade de leur développement, précisent les chercheurs.
Du fil de pêche a par ailleurs été retrouvé dans l’estomac de 8 % des animaux marins.
Les tortues de mer naissent sur la terre, elles passent de nombreuses années dans différentes parties de la mer où elles sont exposées à différents dangers et elles retournent sur la plage où elles sont nées pour pondre des œufs.
En plus du plastique, elles doivent affronter d’autres dangers : explosions contrôlées qui entrent dans le cadre de l’exploration pétrolière sous-marine, collisions avec des navires et autres.
La population de tortues marines est menacée en mer Méditerranée, surtout dans le bassin Levantin, note l’étude.
L’Union internationale pour la Conservation de la nature a inscrit les tortues vertes dans la catégorie des espèces en danger d’extinction.
L’Union a aussi classé les caouannes dans la catégorie des espèces vulnérables, même si elles ne font pas l’objet d’une grande attention en Méditerranée.
Les auteurs de l’étude présentent une liste de recommandations, demandant notamment d’améliorer la coopération internationale de manière à empêcher que les sacs en polypropylène ne pénètrent dans l’environnement marin, de cartographier les zones d’activités des tortues dans les eaux israéliennes, de restreindre les activités de pêche, de mieux sensibiliser le public aux dangers du plastique, d’enseigner la meilleure manière de venir au secours d’une tortue blessée, etc…
Ainsi, si une tortue est libérée d’un filet dans lequel elle s’est piégée de la mauvaise manière, elle est susceptible de développer une infection, ses tissus peuvent se nécroser et elle peut perdre un membre. Elle peut aussi cesser de s’alimenter et mourir.
Tamar Zandberg, ministre de la Protection environnementale, a indiqué que son bureau avait lancé un processus qui vise, à terme, à stopper l’utilisation par les Israéliens des emballages en plastique à usage unique, ajoutant que l’étude réalisée aura servi à souligner l’effet intolérable que le plastique peut avoir sur les tortues de mer.
Raya Shourky, directrice-générale de l’Autorité de la nature et des parcs, fait remarquer que ceux qui travaillent auprès des tortues de mer constatent, année après année, « les dégâts énormes et douloureux » causés par les déchets qui se retrouvent dans la mer et principalement par le plastique.
Shourky recommande, entre autres, un plus grand nombre de réserves natures côtières et marines ainsi qu’un contrôle plus étroit de tous les usagers de la mer, avec l’application de sanctions si nécessaire.