Les émissions de combustibles fossiles en Israël sont « très sous-estimées » – OCDE
Dans son rapport, l'OCDE note que la production électrique en Israël utilise la plus grande part de combustibles fossiles de ses membres
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Le rapport bisannuel de l’OCDE sur les mesures prises par Israël pour réduire les gaz à effet de serre et s’adapter au changement climatique suggère le relèvement des taxes sur le carbone, en particulier sur le gaz naturel, un code de construction écologique plus strict et la possibilité de taxer les matériaux de construction émetteurs de carbone.
Notant que l’électricité produite en Israël utilisait le pourcentage le plus élevé de combustibles fossiles de tous les membres de l’OCDE, le rapport, publié mercredi, explique que les émissions de ce secteur sont « fortement sous-évaluées par rapport aux normes internationales ».
Selon les estimations de l’OCDE, seul un dixième de ces émissions de carbone en 2021 a été taxé à plus de 60 euros la tonne d’équivalent CO2 (tCO2e) – prix jugé nécessaire pour parvenir au zéro émission nette avant 2050 et référence intermédiaire des coûts actuels du carbone au sein de l’OCDE.
L’équivalent dioxyde de carbone est utilisé pour comparer à celles du CO2 les émissions de divers gaz à effet de serre, selon leur potentiel de réchauffement climatique. Au niveau zéro émission nette, il y a équilibre entre les gaz qui pénètrent dans l’atmosphère et ceux qui en sortent ou en sont retirés.
Le rapport salue l’apparition d’une nouvelle taxe sur le carbone en janvier dernier, mais estime que ses taux sont trop bas, en particulier en ce qui concerne le gaz naturel, pour lequel seule une augmentation progressive à 18 euros par tonne équivalent CO2 est prévue d’ici 2030.
« Le fait de taxer tous les combustibles en fonction de leur teneur en carbone pénalisera le charbon et le fioul, qui émettent beaucoup plus de CO2 par unité d’électricité produite que le gaz naturel, ce qui accélérera leur sortie du mix énergétique », explique le rapport.
« Taxer le gaz naturel à un taux cohérent avec d’autres sources de carbone évitera de surinvestir dans la production d’électricité à partir de gaz naturel », ajoute-t-il.

« L’application d’un taux de carbone suffisamment élevé encouragera le déploiement de technologies sans carbone telles que les énergies renouvelables ou le captage et le stockage du carbone (CSC), à condition que la taxe sur le carbone offre des allègements si le captage et le stockage du carbone sont utilisés. »
Selon ce même rapport, l’extension du réseau de gaz naturel de l’État à d’autres zones urbaines est « discutable » dans la mesure où le gaz devrait être progressivement éliminé dans les bâtiments.
Il est proposé d’abroger un règlement de sécurité imposant aux entreprises de construction de raccorder les nouveaux logements au réseau de gaz de pétrole liquéfié (utilisé pour la cuisson et dans les bonbonnes de gaz) en raison de ses émissions de carbone. Le rapport précise qu’avec le passage – nécessaire – du GPL à l’électricité, le règlement « deviendra obsolète et entraînera de facto des surcoûts inutiles ».
S’agissant des émissions générées par le secteur de la construction, le rapport accueille favorablement la création d’une base de données du ministère de la Protection de l’environnement capable de calculer l’impact environnemental des matériaux de construction : il estime qu’elle pourrait permettre de réglementer ou taxer l’utilisation de matériaux à haute teneur en carbone.

Le rapport déplore que les certificats de performance énergétique ne soient requis que pour les bâtiments neufs et propose en conséquence de les imposer en cas de vente de biens existants ainsi que pour toute nouvelle location.
Le rapport plaide enfin en faveur des normes de construction écologiques plus strictes afin de rendre les nouveaux bâtiments plus économes en énergie. Actuellement applicables aux immeubles résidentiels de plus de six unités, ils devraient également s’appliquer aux bâtiments plus petits, préconise le rapport.
Enfin, le rapport de l’OCDE se réjouit de la transition d’Israël vers des logements urbains à haute densité tout en suggérant de mieux prendre en compte les besoins en transports publics.
La dernière enquête de l’OCDE sur Israël datait d’avril 2023.