Les manifestants accusent la mairie de Jérusalem d’avoir recours à la violence
Le parc de l’Indépendance a été évacué plusieurs fois et les militants ont dénoncé la violence des employés municipaux ; la ville a répliqué qu'ils sont une nuisance publique

Fin juillet, un groupe de jeunes manifestants a installé un nouveau campement dans le parc de l’Indépendance à Jérusalem, à proximité de la résidence officielle du Premier ministre Benjamin Netanyahu, où se déroulent la plupart des manifestations contre lui.
Contrairement à leurs aînés, qui campent sur le trottoir devant la résidence du Premier ministre dans l’espoir de précipiter son départ, ces jeunes adultes souhaitent imaginer l’après-Netanyahu et passent leurs journées à participer à des cercles de discussion, dormant la nuit tombée sur l’herbe dans des tentes et des sacs de couchage.
La municipalité de Jérusalem s’est opposée à leur présence dès le départ. Au cours de la semaine dernière, elle a évacué le site à plusieurs reprises, au motif que les manifestants campaient hors de la zone délimitée qui leur avait été attribuée par la ville.
« Depuis plus d’une semaine et demie, nous entretenons un dialogue intermittent avec la municipalité », a déclaré au Times of Israël Mitchell Akawie, 18 ans, un habitué du nouveau campement.
« Nous n’avons eu aucune discussion honnête avec la municipalité depuis probablement cinq jours », a-t-il ajouté. « La ville a fait des promesses qu’elle a immédiatement trahies. Ils ont refusé de mettre quoi que ce soit par écrit. » Akawie a ajouté que les manifestants avaient d’abord campé dans une autre partie du parc et s’étaient déplacés vers la zone désignée après une précédente série de pourparlers avec la municipalité.
Akawie et d’autres manifestants affirment que, bien s’ils soient restés dans la zone délimitée, ils ont été expulsés avec leurs affaires et leur équipement leur a été confisqué.

Si leur campement a été évacué à plusieurs reprises la semaine dernière, ce dimanche a été une journée particulièrement mouvementée. Des représentants de la ville sont venus trois fois au campement, et ils ont évacué la zone deux fois par la force, de façon violente, selon les militants.
Les manifestants racontent que la première action a eu lieu vers 7 heures du matin, lorsqu’un groupe de 30 personnes se présentant comme des représentants de la mairie a commencé à confisquer du matériel personnel.
Selon Sasha Ermakov, originaire de Bet Shemesh et âgé 27 ans, ils ont commencé par expulser un groupe de gens distincts n’appartenant pas au mouvement, qui avait installé des tentes en dehors de la zone désignée. Mais sans tarder, ils ont également saisi l’équipement des personnes à l’intérieur de la zone déterminée, sans s’identifier ni expliquer en quoi ils étaient en infraction.
« J’ai vu de mes propres yeux, juste là [près de] cet arbre, une mère avec son fils de trois ans dans une tente. Un homme sans badge à son nom, portant seulement une chemise du ‘Département des forces de l’ordre’ de Jérusalem, a violemment déchiré et emporté l’une des pointes et une partie du tissu de la tente », a déclaré Ermakov.
Il a raconté que l’enfant était « sous le choc à l’intérieur de la tente » après qu’il a « traîné la tente avec l’enfant et sa mère dedans ».
Après avoir vu leur équipement personnel placé dans un camion, les manifestants ont tenté d’empêcher le véhicule de partir. La police a arrêté une personne avec un couteau qui, selon les manifestants, tentait de crever les pneus du camion. Les manifestants ont déclaré au Times of Israël qu’ils ne soutenaient pas la casse ni le sabotage des biens de la police, et que l’individu était un radical et un nouveau venu au camp.
Les manifestants ont également déclaré que ceux qui avaient tenté de bloquer le camion avaient été traités avec violence.
« Nous avons bloqué leur camion pour qu’ils n’emportent pas nos effets personnels, qu’ils ne sont pas légalement autorisés à prendre », a déclaré Nicole Schwartz de Ramat Gan, 19 ans, qui a passé la nuit au campement.
Schwartz a affirmé avoir été traînée de la rue trois fois par des inspecteurs qui, selon la loi, ne sont pas autorisés à toucher les gens. « Comme s’ils ne savaient pas que c’était illégal », ajoute-t-elle.
À midi, des représentants de la mairie sont venus à nouveau. Il s’agissait cette fois de gens que les manifestants connaissaient. Les manifestants ont été invités à replier leurs tentes et ont obtempéré. Les représentants sont repartis sans qu’il n’y ait eu de confrontation.
Toutefois, quelques heures plus tard, les inspecteurs sont revenus en grand nombre. Selon des militants, qui insistent sur le fait qu’ils se trouvaient dans la zone désignée, les inspecteurs sont de nouveau venus sans badge à leur nom et sans expliquer la nature de l’infraction. Ils ont confisqué non seulement sacs de couchage et tentes, mais aussi des sacs contenant des téléphones portables, des portefeuilles, des cartes d’identité, des chargeurs et des ordinateurs portables.
Quelques manifestants, dont Ermakov et Akawie, ont tenté d’empêcher le camion des inspecteurs de partir en se couchant dessous. Ils ont été rejoints par Shay Erel, un vétéran de 62 ans, organisateur des manifestations de Balfour, appartenant au groupe Ein Matzav (« No Way »), l’une des principales organisations du mouvement.
« J’ai compris que ça se terminerait mal », a déclaré Erel. « J’ai agi en adulte responsable – idiot, mais responsable. Je me suis calé sous le véhicule de telle façon qu’il était impossible de m’en déloger. On aurait pu me rouler dessus ou me découper en morceaux. Aucun problème. J’ai refusé de bouger malgré les promesses et les menaces, jusqu’à ce qu’on m’ait promis que tout l’équipement personnel qui avait été saisi le matin et le soir serait restitué aux manifestants. »
Erel a désigné deux jeunes filles qui marchaient pieds nus sur le trottoir. « Il y a deux filles ici, 12 et 13 ans, qui n’ont pas de chaussures. Ils ont pris leurs chaussures », affirme-t-il.

Le Times of Israël a contacté la municipalité de Jérusalem pour demander pourquoi la deuxième évacuation du campement avait été ordonnée, et pour obtenir des éclaircissements sur les allégations des manifestants concernant le recours à la force par les inspecteurs et le refus de s’identifier.
« Pendant la journée, les manifestants au parc de l’Indépendance ont perturbé l’ordre public dans le centre-ville de Jérusalem et au parc de l’Indépendance », a déclaré la mairie dans un communiqué. « Pour cette raison, la police du district de Jérusalem et la municipalité ont été forcées de les disperser. »
« La présence [de manifestants] dans le centre-ville est devenue insupportable pour les habitants », poursuit le communiqué. « C’est leur maison et c’est leur quartier. Nous appelons les manifestants à respecter la loi, et en particulier à demeurer dans les limites de l’espace désigné au parc de l’Indépendance. Tout autre comportement entraînera la saisie du matériel et une expulsion des personnes. Toute atteinte à l’ordre public provoquera une réaction déterminée de la police du district et de la municipalité de Jérusalem. »
Laura Wharton, membre du conseil municipal appartenant au parti Meretz, est arrivée sur les lieux après l’expulsion de l’après-midi pour tenter de comprendre ce qui s’était passé. Elle a dit qu’elle était « très choquée » par les récits des manifestants, ajoutant qu’elle pensait que la municipalité avait « outrepassé les limites de la légalité ».
« Rien n’est encore clair, et les manifestants ne savent pas en quoi ils ont violé la loi », a-t-elle ajouté.
Les manifestants estiment que la municipalité tente d’étouffer leur mouvement.
« La ville est sous la pression politique du Premier ministre et [du ministre de la Sécurité publique] Amir Ohana… pour étouffer cette manifestation et nous réduire à néant », a déclaré Akawie. « Ils essaient de nous briser. »
Shwartz a ajouté : « Je ne veux pas abandonner, car je sais que c’est ce qu’ils veulent. »