Les médias russes publient la photo de l’Israélienne Naama Issachar en prison
La randonneuse condamnée à 7,5 ans de prison pour quelque 10 grammes de marijuana prétend qu'elle est bien traitée ; sa famille affirme que l'interview semble mise en scène
Les médias russes ont publié mercredi une photo de Naama Issachar, une randonneuse américano-israélienne condamnée en Russie à sept ans et demi de prison au début du mois pour trafic de drogue, et publié une interview dans laquelle elle décrit ses conditions de détention.
Selon un reportage de la chaîne Russia Today alignée sur le Kremlin, Issachar a rencontré mardi des militants des droits de l’homme, qui ont déclaré que la jeune femme de 26 ans était en bonne santé, apprenait le russe et pratiquait le yoga avec ses codétenus.
Les représentants de la famille Issachar en Israël ont cependant critiqué l’interview, déclarant à la Douzième chaîne d’information israélienne qu’elle semblait avoir été mise en scène.
« Ils ont intérêt à faire en sorte qu’elle ait l’air d’être bien traitée », ont-ils déclaré à la chaîne de télévision israélienne.
Issachar a été arrêtée en avril après qu’une dizaine de grammes de marijuana ont été trouvés dans son sac lors d’une escale à Moscou. Elle effectuait un vol de l’Inde vers Israël, et à aucun moment elle ne devait sortir de l’aéroport en Russie.
Issachar a déclaré aux militants que les autorités pénitentiaires n’étaient pas en mesure de programmer la visite d’un rabbin et qu’elle avait demandé l’autorisation de recevoir des appels téléphoniques de chez elle, selon ce repoortage.
« Nous avons déposé une requête auprès du tribunal pour que je puisse appeler ma mère et ma sœur, mais elle n’a pas encore été examinée », aurait-elle déclaré.
Mais Issachar a dit qu’elle était bien traitée.
« Ils me nourrissent bien, ils me donnent les médicaments dont j’ai besoin. Même les vitamines sont distribuées », a-t-elle dit.
Issachar a dit qu’elle était reconnaissante pour tout le soutien du public et qu’elle espérait que cela l’aiderait à obtenir sa libération.
« Je veux vraiment rentrer chez moi. J’espère qu’une telle publicité sera utile », a-t-elle déclaré.
La visite a été organisée par la Commission d’observation du public, une organisation qui supervise les conditions de détention dans les prisons russes et était dirigée par le journaliste de RT Daniil Lomakin, qui a rejoint le groupe la semaine dernière.
Cette visite a eu lieu au lendemain de la discussion entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le Président russe Vladimir Poutine au sujet d’une éventuelle grâce pour Issachar.
L’appel téléphonique de lundi entre Netanyahu et Poutine a eu lieu à l’occasion du 70e anniversaire du Premier ministre.
Un communiqué officiel du Kremlin sur l’appel téléphonique ne mentionnait pas Issachar. Le communiqué affirmait que les deux dirigeants ont discuté de questions bilatérales et de la Syrie. Un conseiller de Poutine a cependant été cité par Interfax comme ayant confirmé que l’affaire d’Issachar avait été évoquée, et le bureau du Premier ministre a ensuite confirmé que le sujet avait été abordé lors de l’appel téléphonique.
La semaine dernière, Netanyahu a envoyé une demande officielle à Poutine lui demandant de gracier Issachar. Moscou a déclaré que le dirigeant russe allait examiner la requête.
La lourde peine, que les responsables israéliens ont dénoncée comme disproportionnée, est liée à l’extradition imminente d’Aleksey Burkov, qui a été arrêté en Israël en 2015 à la demande d’Interpol.
Burkov, un spécialiste en informatique, est recherché aux États-Unis pour détournement de fonds dans le cadre d’un vaste fraude à la carte de crédit dans laquelle il aurait volé des millions de dollars à des consommateurs américains.
La Russie demande également son extradition et a insisté à plusieurs reprises auprès d’Israël pour qu’il lui soit remis.
Israël aurait rejeté les demandes de libération de Burkov en Russie en échange d’Issachar, qui a également la citoyenneté américaine.
La famille de la jeune femme israélienne emprisonnée en Russie pour trafic de drogue a rencontré vendredi le ministre de la Justice Amir Ohana, lui demandant de ne pas extrader un pirate informatique russe dont la détention est considérée comme essentielle dans cette affaire.
« Notre demande à ce stade était modeste… de demander au ministre de s’abstenir pour le moment, par le pouvoir de l’autorité légale dont il dispose, de procéder à l’extradition vers les États-Unis », a déclaré Boaz Ben Zur, un avocat représentant Naama Issachar, aux journalistes après la rencontre.
Ben Zur a demandé à Ohana de retarder l’extradition de Burkov vers les Etats-Unis pour des raisons humanitaires.
« Il n’y a pas de cas humanitaire plus clair que celui d’une citoyenne qui a été plongée dans une situation où elle n’a commis aucun acte grave », a-t-il dit. « Elle se retrouve avec une sentence dont tout le monde reconnaît qu’elle vise d’autres objectifs, dans une procédure injuste. »
L’avocat a déclaré que Ohana avait accepté d’examiner la demande et que la famille ferait appel devant la Cour suprême qui, en août, a donné son feu vert à l’extradition, si nécessaire.
Lors d’une réunion vendredi à Jérusalem avec le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a évoqué le cas d’Issachar et de l’extradition de Burkov, selon les médias israéliens.
Un responsable du ministère des Affaires étrangères a déclaré vendredi sur le site d’informations Ynet qu’Israël espère qu’Issachar sera libérée avant la visite prévue de Poutine à Jérusalem au début de l’année prochaine.
Des rassemblements ont été organisés à Tel Aviv et à New York samedi pour appeler à la libération d’Issachar.
La famille d’Issachar a exprimé l’espoir que les liens étroits entre Netanyahu et Poutine, qui se sont rencontrés à de nombreuses reprises ces dernières années, pourraient aider à obtenir la libération d’Issachar « dans les prochains jours, après qu’elle ait été inculpée pour un crime qu’elle n’a pas commis ».