Les missiles iraniens obligent les musées à mettre leurs objets de valeur en lieu sûr
Les institutions ont transféré leurs œuvres et artefacts vers des sites sécurisés, à l'instar des précautions prises après le 7 octobre 2023 et lors de précédentes attaques iraniennes
Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

Suite à l’annonce de l’attaque initiale d’Israël contre l’Iran, tôt dans la nuit de jeudi à vendredi, plusieurs musées israéliens ont pris des précautions, mettant à l’abri leurs œuvres d’art et artefacts de grande valeur.
« Nous sommes habitués à cette procédure », a déclaré Suzanne Landau, directrice du Musée d’Israël à Jérusalem, lors d’une interview accordée à la radio Kan.
« La dernière fois, c’était le 7 octobre [2023] », a-t-elle ajouté, faisant référence au pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas le 7 octobre 2023 qui a déclenché la guerre actuelle.
En août, les musées avaient déjà pris des mesures similaires, alors qu’Israël se préparait à une riposte de l’Iran après l’élimination du chef de la branche politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, à Téhéran.
Cette fois-ci, a déclaré Landau, le personnel du musée a réagi immédiatement après l’appel lancé par le gouvernement vendredi à 3 heures du matin.
À 4 h 30, le personnel du musée a commencé à transporter les œuvres des trois principales collections d’art, d’archéologie et d’art judaïque vers l’espace protégé du musée, ainsi que toutes les pièces prêtées par d’autres musées et collections.

« Tout le monde sait ce qu’il doit faire. La liste et le protocole sont clairement définis », a-t-elle ajouté.
La décision de déplacer les artefacts et les œuvres d’art a été prise après l’accueil par le musée de quelque 7 000 personnes à l’occasion de « One Night », le premier événement marquant le début des célébrations de son 60ᵉ anniversaire, avec des installations artistiques et musicales dans toutes les galeries du musée.
« Les manuscrits de la mer Morte ont été les premiers », a déclaré Landau, faisant référence aux sept manuscrits découverts à Qumran en 1947 et conservés dans le Sanctuaire du Livre, le bâtiment unique au dôme blanc situé sur le campus du Musée d’Israël.
« À 9 h 30, tout était terminé. »

Les rouleaux, qui sont placés dans des boîtes, seront également les derniers artefacts à être ramenés dans leur demeure au dôme blanc, selon Landau.
Landau a fait remarquer que le musée n’avait pas reçu autant de prêts au cours des vingt derniers mois, les institutions artistiques du monde entier évitant ou gardant leurs distances avec Israël en raison de la guerre contre le Hamas à Gaza.
« Nous sommes actuellement isolés du monde de l’art », a-t-elle déploré lors de l’interview accordée à Kan.
« Les institutions artistiques ne prêtent pas facilement leurs œuvres à un pays en guerre. »

Le Musée d’Israël n’était pas la seule institution artistique à s’être mobilisée très tôt vendredi.
Au Musée d’art de Tel Aviv, le protocole de guerre a été immédiatement activé tôt vendredi matin, a déclaré un porte-parole du musée. Toutes les œuvres d’art du musée ont été retirées des galeries et transférées dans des coffres-forts et des entrepôts souterrains sécurisés. Toutes les œuvres exposées ont été déplacées vers une zone sécurisée.
Le musée a également ouvert ses coffres et ses entrepôts aux autres musées de la ville qui avaient besoin d’un lieu sûr pour stocker leurs œuvres d’art, a indiqué Tania Coen-Uzzielli, directrice du Musée d’art de Tel Aviv, afin de soutenir et de préserver les trésors culturels de la ville et du pays.
Non loin de là, sur le campus de l’université de Tel Aviv, le personnel du Musée du peuple juif de l’ANU a transféré le Codex Sasson, la plus ancienne Bible hébraïque presque complète au monde, dans un endroit sûr du bâtiment.

Cette Bible de renom avait été officiellement inaugurée et replacée dans son emplacement permanent au musée quelques semaines auparavant, avant la fête de Shavouot le mois dernier.
Ce manuscrit unique, vieux de plus de 1 000 ans, devait être exposé en permanence quelques jours plus tard, le 11 octobre. Mais le pogrom perpétré par le groupe terroriste palestinien du Hamas, le 7 octobre 2023 – des milliers de terroristes avaient envahi le sud d’Israël, massacrant plus de 1 200 personnes et kidnappant 251 personnes qui avaient été prises en otage à Gaza – avait placé les responsables dans l’obligation de reporter l’exposition.