Israël en guerre - Jour 347

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Les otages libérés apprennent la mort de leurs proches, la destruction de leurs maisons

Il y a la joie de la réunion - mais il y a aussi des nouvelles dures pour les otages qui auront un long chemin à parcourir avant de s'extraire du cauchemar qu'ils ont vécu

Jessica Steinberg est responsable notre rubrique « Culture & Art de vivre »

  • Yaffa Adar, au centre,  à son retour en Israël, le 24 novembre 2023. (Autorisation)
    Yaffa Adar, au centre, à son retour en Israël, le 24 novembre 2023. (Autorisation)
  • Ruthie Munder, au centre, à son retour en Israël avec sa fille, Keren Munder, derrière elle, le 24 novembre 2023. (Autorisation)
    Ruthie Munder, au centre, à son retour en Israël avec sa fille, Keren Munder, derrière elle, le 24 novembre 2023. (Autorisation)
  • Yaffa Adar, à gauche, retrouve sa famille après avoir été libérée de Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)
    Yaffa Adar, à gauche, retrouve sa famille après avoir été libérée de Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)

Alors que les familles du premier groupe de treize otages ont enfin retrouvé leurs proches, libérés des geôles du Hamas, deux parents des anciens captifs ont raconté leurs retrouvailles avec leurs êtres chers et la nécessité de rattraper 50 jours de rupture totale de communication au cours d’une conférence de presse, dimanche, qui a eu lieu en visioconférence.

L’une des petites-filles de Yaffa Adar, 85 ans, et cousine germaine de Keren Munder — qui avait été enlevée avec sa mère, Ruti Munder et avec son fils de 9 ans, Ohad Munder-Zichri — ont parlé de l’émotion de ces retrouvailles après de longues journées d’angoisse et de nuits hantées par les cauchemars, ne partageant que peu de détail sur leur capture et sur ce qui est arrivé le 7 octobre, journée funeste où les terroristes du Hamas avaient pris le contrôle des habitations et des communautés situées dans le sud d’Israël, commettant des atrocités.

« J’avais eu la chance de la serrer encore une fois dans mes bras deux jours auparavant », a dit Adva Adar dont la grand-mère, Yaffa, avait été filmée dans une voiturette de golf, aux côtés des terroristes qui l’emmenaient dans la bande de Gaza, le visage stoïque, enveloppée dans une couverture à fleurs roses – une vidéo qui avait été diffusée par le Hamas.

Yaffa est « une femme étonnante, forte », a expliqué Adar. « Son âme et son corps tentent de se réadapter – elle s’est montrée forte et elle comprendra les choses au fil du temps ».

Et c’est la même chose pour trois générations de la famille Munder.

Avec le retour de leurs proches à l’issue de leur détention, les familles ont pu découvrir ce qui était arrivé aux otages et ces derniers ont commencé à comprendre ce qui s’était réellement produit chez eux.

Keren Munder, à gauche, avec sa cousine germaine, Merav Raviv, après sa libération de captivité à Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)

Keren Munder a confié à sa cousine, Merav Raviv, qu’elle pensait rester entre les mains du Hamas pendant beaucoup plus longtemps. Elle ignorait tout de la guerre ; elle ignorait aussi que tout le pays s’était mobilisé pour sa remise en liberté et que les visages des otages avaient été collés partout sur le territoire israélien et dans le reste du monde.

« Ils ne savaient rien de ce qui arrivait, ici, sur la question des otages », dit Raviv. « Ils ignoraient tout. Ils ignoraient qu’ils étaient devenus célèbres ».

A un niveau plus personnel, la famille pensait que Ruti, Keren et Ohad étaient retenus en captivité avec le mari de Ruti, Avraham Munder.

Mais c’est à leur retour que les otages ont appris qu’Avraham, qui marche avec une canne et qui voit peu, avait survécu à l’attaque terroriste dans leur habitation du kibboutz Nir Oz au moment où son épouse, sa fille et son petit-fils étaient enlevés.

Ils étaient certains qu’il avait été tué, mais Avraham a été enlevé séparément.

« Jusqu’à hier, ils pensaient qu’il avait été assassiné », a dit Merav Raviv.

La famille a dû aussi informer Ruti, Keren et Ohad que Roi Munder, le frère de Keren, avait été tué et que sa maison avait été complètement détruite dans un incendie.

« On n’a pas pu retrouver d’ADN pour identifier son corps », a expliqué Raviv. « Cela a été un moment vraiment difficile, bouleversant ».

Le 7 octobre, des milliers de terroristes de Gaza avaient franchi la frontière qui sépare Gaza d’Israël et il avaient semé la désolation dans les communautés israéliennes avoisinantes, se livrant à un carnage en massacrant 1200 personnes, des civils en majorité, et kidnappant au moins 240 personnes. Nir Oz avait été l’une des communautés les plus durement touchées.

Cela fait 60 ans que les Munder vivent à Nir Oz, a noté Raviv. C’est là qu’ils se sont mariés, qu’ils ont élevé Keren et Roi. Roi venait tout juste d’avoir 50 ans.

« On a dû dire à ma tante Ruti qu’elle ne pouvait pas encore retourner à Nir Oz, qu’il faudrait des années pour reconstruire le kibboutz », a précisé Raviv, qui a ajouté que Ruti Munder se préparait à rejoindre les autres évacués de la communauté à Kiryat Gat.

Merav Raviv, cousine germaine de Keren Munder avec le fils de sa cousine, Ohad Munder-Zichri, après sa libération de captivité à Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)

Ohad, qui a eu neuf ans alors qu’il était retenu en captivité à Gaza, est « un enfant très intelligent et sensible », a déclaré Raviv, qui a ajouté qu’il avait d’ores et déjà retrouvé certains de ses amis. Il a également la chance de pouvoir retourner chez lui, à Kfar Saba, ce qui ne sera pas le cas d’un grand nombre des autres enfants kidnappés par les terroristes du Hamas dans les communautés adjacentes de l’enclave côtière.

Keren Munder a raconté à sa cousine que les captifs avaient essentiellement mangé du riz et de la pita pendant leur captivité et qu’ils avaient dormi sur des sièges en plastique, semblables à ceux qu’il peut y avoir dans les salles d’attente. Lorsqu’ils avaient besoin d’aller aux toilettes, ils devaient frapper à la porte, devant parfois patienter une heure et demie.

« Ils mangeaient mais pas de manière régulière », a dit Raviv. « Certains jours, ils ne mangeaient que de la pita ».

Ils ont perdu du poids, ont fait savoir les proches des otages libérés.

« Il faudra beaucoup de temps pour qu’elle se rétablisse. Il faut qu’elle digère les choses », a indiqué Adva Adar en référence aux soins médicaux et psychologiques dont bénéficie actuellement Yaffa Adar. « Nous sommes à ses côtés pour la prendre dans nos bras, pour l’aider à se sentir en sécurité, pour l’aider à retrouver ce sentiment de sécurité. Elle obtient des informations de plus en plus nombreuses sur ce qui s’est passé ; elle rassemble les pièces du puzzle ».

Yaffa Adar avait déjà une idée des destructions qui s’étaient abattues sur son kibboutz, le 7 octobre, a expliqué sa petite-fille, mais elle ne savait pas que sa maison toute entière avait été réduite à néant.

« Elle a 80 ans et il faut qu’elle reparte de zéro », a commenté Adar. « D’habitude, à 80 ans, on a sa maison, ses souvenirs, ses albums de photos – et elle n’a rien. A son âge avancé, elle doit repartir de zéro et c’est très dur ».

Yaffa Adar, à gauche, retrouve sa famille après avoir été libérée de Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)

Yaffa Adar a aussi un petit-fils qui est toujours retenu en captivité au sein de l’enclave côtière – Tamir Adar, un autre résident de Nir Oz.

« Le combat n’est pas terminé », a dit Adva Adar. « Nous tentons de guérir en tant que famille, de l’aider à s’extraire de cet enfer et nous demandons encore le retour de tous les otages. Nous avons besoin de le faire ».

Mais la grande joie et l’énorme soulagement des familles qui ont retrouvé un proche sont bien là.

« Je suis si fière d’être sa petite-fille », dit Adar. « Je la regarde, j’observe la manière dont elle a survécu et la force dont elle fait preuve, avec cette façon qu’elle a toujours eu d’espérer être libérée ».

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