Israël en guerre - Jour 371

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Les otages libérés, des détails émergent sur leur captivité

Même si la majorité des anciens captifs semble être dans un état physique stable, certains ont perdu du poids, sont sensibles à la lumière ou chuchotent instinctivement

Sharon Hertzman, libérée par le Hamas avec sa fille Noam, 12 ans,  à droite, étreint un proche lors de leurs retrouvailles à l'hôpital Sheba de Ramat Gan. (Crédit :  Haim Zach/GPO/Handout via AP)
Sharon Hertzman, libérée par le Hamas avec sa fille Noam, 12 ans, à droite, étreint un proche lors de leurs retrouvailles à l'hôpital Sheba de Ramat Gan. (Crédit : Haim Zach/GPO/Handout via AP)

Des chaises en plastique pour dormir. Des repas constitués de pain et de riz. Des heures d’attente pour pouvoir aller aux toilettes. Alors que les otages libérés par le Hamas reviennent en Israël après sept semaines passées dans les geôles du groupe terroriste, des informations sur les conditions de leur détention commencent à être rendues publiques.

Les 58 otages relâchés dans le cadre d’un accord de trêve, au cours des trois derniers jours, sont largement restés à l’abri des regards tandis qu’une majorité entre eux sont encore hospitalisés.

Presque deux mois après l’enlèvement, par les terroristes, d’au moins 240 personnes de tous les âges pendant une attaque transfrontalière meurtrière sur le sol israélien – qui a fait 1 200 morts au sein de l’État juif – la plus grande partie des otages paraît être dans un état de santé physique stable.

Les informations portant sur leurs conditions de détention sont très contrôlées – mais les membres des familles ont commencé à donner des détails sur ce qu’ont vécu leurs proches pendant ces longues semaines.

Merav Raviv – trois membres de sa famille ont été libérés par le Hamas, vendredi – a confié qu’ils mangeaient irrégulièrement, principalement du riz et du pain. Elle a ajouté que sa cousine et sa tante, Keren et Ruthie Munder, avaient perdu chacune sept kilos au cours de ces sept semaines de captivité.

Elle a indiqué que ses proches lui avaient raconté avoir dormi sur des rangées de chaises dans une pièce ressemblant à une salle d’attente. Il fallait parfois attendre des heures pour avoir l’autorisation d’aller aux toilettes.

Ruti Munder après sa libération de captivité du Hamas, le 24 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Adva Adar, petite-fille de Yaffa Adar, 85 ans, a noté que sa grand-mère avait, elle aussi, perdu du poids.

« Elle a compté ses journées passées en captivité », a-t-elle raconté. « Elle a dit lorsqu’elle est revenue : ‘Je sais que je suis restée là-bas pendant 50 jours’. »

Keren Munder, à gauche, avec sa cousine germaine, Merav Raviv, après sa libération de captivité à Gaza, le 24 novembre 2023. (Autorisation)

Adar a ajouté que sa grand-mère avait été enlevée en étant convaincue que les membres de sa famille étaient morts – n’apprenant qu’ils avaient survécu que lors de son retour en Israël. Une libération qui a toutefois eu un goût doux-amer : elle a aussi découvert que son habitation avait été ravagée par les terroristes.

« Quand on est une femme de 85 ans, on a d’habitude la maison où on a élevé ses enfants, on a ses souvenirs, ses albums de photos, ses vêtements – et elle n’a plus rien. A son âge avancé, elle doit repartir de zéro et elle dit c’est très dur pour elle ».

Le 7 octobre, plus de 3000 terroristes du Hamas avaient franchi la frontière séparant l’État juif de la bande de Gaza et ils avaient attaqué les communautés du sud d’Israël, tuant 1200 personnes, des civils en majorité. Des familles entières avaient été exécutées dans leurs habitations et 360 jeunes avaient été massacrés à une rave-party. Les victimes – les enfants et les bébés n’avaient pas été épargnés – avaient été violées, torturées, mutilées.

En riposte à ce bain de sang, Israël avait mobilisé l’armée et le pays a lancé une offensive aérienne et terrestre visant à détruire le Hamas et à l’écarter du pouvoir à Gaza, qu’il dirige depuis 2007. Le ministère de la Santé contrôlé par le Hamas a indiqué que la guerre, depuis le 7 octobre, avait tué plus de 14 500 Palestiniens et notamment 6000 enfants. Des chiffres qui ne peuvent pas être vérifiés de manière indépendante et qui ne font pas la différence entre les civils et les membres du groupe terroriste, et qui comptent aussi les victimes des roquettes défaillantes qui, lancées vers le territoire israélien, sont retombées dans la bande.

Dans l’accord de trêve de quatre jours qui a été conclu entre le groupe terroriste et Israël, le Hamas a accepté de libérer 50 otages au total en échange de la remise en liberté de 150 prisonniers palestiniens et d’une augmentation des aides humanitaires entrant au sein de l’enclave côtière.

Dix-huit ressortissants étrangers, des Thaïlandais en particulier, ont aussi été relâchés dans le cadre d’un accord distinct.

Onze otages supplémentaires devraient revenir lundi, dernière journée de la pause dans les combats, sur le sol israélien – cent otages resteront donc encore conservés en captivité dans la bande. Les autorités israéliennes ont déclaré être prêtes à prolonger la trêve de vingt-quatre heures pour chaque groupe supplémentaire de dix otages remis en liberté par le groupe terroriste.

L’image la plus précise de la vie entre les mains du Hamas a, jusqu’à présent, été donnée par Yocheved Lifshitz, 85 ans, captive qui avait recouvré la liberté avant la pause actuelle dans les combats. Lifshitz avait expliqué qu’elle avait été détenue dans des tunnels qui s’étendent sous Gaza, « semblables à des toiles d’araignée », selon elle. Elle avait ajouté que ses geôliers « nous ont dit qu’ils croyaient dans le Coran et qu’ils ne nous feraient pas de mal ».

Lifshitz avait indiqué que les otages étaient bien traités et qu’ils avaient été soignés, que des médicaments leur avaient même été donnés. Les gardiens maintenaient la propreté des lieux et ils proposaient un repas par jour constitué de fromage, de concombre et de pita, avait-elle raconté, ajoutant qu’ils mangeaient, eux aussi, la même chose.

L’otage israélienne libérée Yocheved Lifshitz parle à la presse, avec sa fille à ses côtés, à l’hôpital Ichilov à Tel Aviv, le 24 octobre 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Les captifs qui ont été libérés, ces derniers jours, semblent également avoir été retenus en captivité sous terre. Eyal Nouri, le neveu d’Adina Moshe, 72 ans, qui a été relâchée vendredi, a dit que sa tante « a dû se réhabituer au soleil » parce qu’elle était restée dans le noir pendant des semaines.

« Elle était dans une obscurité totale », a dit Nouri. « Elle marchait les yeux regardant par terre parce qu’elle se trouvait dans un tunnel. Elle n’était plus habituée à la lumière du jour. Et pendant sa captivité, elle a été déconnectée… du monde extérieur tout entier ».

Nouri a ajouté que Moshe avait ignoré qu’elle allait être libérée jusqu’au dernier moment.

« Jusqu’à ce qu’elle aperçoive la Croix-Rouge, très exactement », a-t-il continué. « C’est le moment où elle a réalisé que ces sept semaines d’horreur étaient enfin terminées ».

Elle a appris à son retour que la famille de son fils avait miraculeusement survécu. Son mari, Said David Moshe, avait été assassiné par les terroristes devant ses yeux, le 7 octobre, alors qu’il tentait de défendre le couple.

L’otage Ohad Munder, neuf ans, prend place dans un hélicoptère de l’armée à son arrivée en Israël après avoir été libéré par le Hamas, le 24 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne via AP)

Les docteurs ont mis en garde contre les conséquences psychologiques de la captivité. Israël a mis à disposition des psychiatres et autres soutiens pour les personnes qui viennent d’être libérées.

Toutefois, la plus grande partie d’entre elles semblent être en bonne condition physique, et elles parviennent à marcher et à s’exprimer normalement.

Mais au moins deux anciens otages ont eu besoin de soins plus approfondis. Elma Abraham, une femme de 84 ans qui a été relâchée lundi, a été emmenée en toute hâte à l’hôpital Soroka dans la ville de Beer Sheva, dans le sud du pays, entre la vie et la mort. Le directeur de l’établissement hospitalier a indiqué qu’elle avait une maladie préexistante qui n’avait pas été correctement prise en charge pendant sa captivité.

Une autre jeune femme s’aidait de béquilles au moment où elle était remise en liberté, sur des images diffusées par le Hamas, samedi. Elle grimaçait à l’attention de ses geôliers au moment où elle entrait dans le véhicule de la Croix-Rouge qui devait l’emmener hors de l’enclave.

Yair Rotem, dont la nièce de 12 ans, Hila Rotem Shoshani, est revenue dimanche en Israël, a raconté devoir lui répéter qu’elle n’était pas dans l’obligation de chuchoter.

« Ils lui disaient en permanence de chuchoter, de rester tranquille alors je lui dis et je lui répète que maintenant, elle a le droit d’élever la voix », a-t-il déclaré. Il a ajouté que Hila, qui célèbrera lundi son 13e anniversaire, a bien dormi lors de sa première nuit passée au sein de l’État juif et que l’adolescente avait de l’appétit.

Hila Rotem, 13 ans, retrouvant son oncle, après sa libération des mains du Hamas, dans la nuit du 25 au 26 novembre 2023. (Crédit : Armée israélienne)

Ohad Munder-Zichri, le neveu de Raviv, a retrouvé ses amis peu après sa libération. Tous ont célébré le 9e anniversaire du petit garçon avec un mois de retard, dégustant des glaces et des pizzas au sein de l’unité où l’enfant est hospitalisé.

Un camarade d’Ohad, Eitan Vilchik, a déclaré que son ami se montrait « émotionnellement fort » et qu’il avait pu répondre à leurs questions sur ce qu’il avait mangé et sur ce qui lui était arrivé quand il était en captivité. Il a toutefois refusé de donner des détails – comme l’ont fait tous ses autres amis – en disant qu’il souhaitait respecter sa vie privée.

Vilchik a ajouté que ses professeurs avaient annulé les devoirs à la maison de Munder mais que ses camarades l’aideraient à rattraper son retard à l’école.

Il a fait remarquer qu’Ohad était encore capable de résoudre une énigme de Rubik’s cube en moins d’une minute.

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