Les services sociaux israéliens ne parleront plus français
Le ministère israélien des Affaires sociales annonce la fermeture des services d'aide en langue française au mois de janvier
Alors que 5 000 Français ont émigré en Israël en 2016, et qu’un nombre important d’entre eux ne parle pas encore l’hébreu, le ministère du Travail, des Affaires sociales et des Services sociaux annonce que, dès janvier, plus aucune aide ne sera fourni en français dans ses services.
En janvier 2015, rappelle Haaretz, afin d’encourager l’alyah, le cabinet du Premier ministre avait décidé d’élargir les services sociaux aux immigrants français.
Ainsi, les villes qui accueillent traditionnellement le plus de Français, Netanyah, Jérusalem, Ashdod, Tel Aviv et Hadera, s’étaient vues allouées un budget spécial pour embaucher du personnel francophone dédié à l’accueil des olim de France.
Cette aide devrait prendre fin en décembre 2017. Ariel Kandel, directeur de Qualità, association d’aide à l’alyah pour les Français, regrette cette décision, qui avait permis à des francophones de se tourner pour la première fois vers des services sociaux, qui jusque là leur étaient étrangers.
Ces aides permettent encore actuellement de venir en aide à des populations fragilisées, tels les adolescents pour qui l’alyah est parfois une réelle épreuve.
« La décision des autorités va toucher 3 000 personnes telles que les retraités, des mères célibataires, des enfants ayant des besoins spéciaux, des femmes battues, des adolescents en difficulté », a dit à l’AFP Kandel.
« Il y a actuellement 100 000 francophones en Israël, et nombre d’entre eux ne maîtrisent pas encore l’hébreu. Cette suppression va rendre la vie des plus vulnérables encore plus difficile. »
Selon Kandel, « une vingtaine de travailleurs sociaux francophones qui officient dans cinq mairies ont reçu une lettre leur annonçant que les services d’accompagnement qu’ils assuraient vont être supprimés à la fin de l’année. »
Parmi les raisons avancées, Kandel a évoqué la baisse prévue cette année de 25 % du nombre d’immigrants français, qui devrait être limité à 3 500, soit deux fois moins qu’il y a trois ans.
Il estime à 10 à 12 % le nombre d’immigrants qui repartent en France. Il note aussi l’apparition de « l’alya Boeing », un terme utilisé pour les nouveaux Israéliens qui continuent à travailler en France durant la semaine et viennent en Israël rejoindre leur famille le week-end.
De leur côté, les ministères des Affaires sociales, de l’Intégration et des Finances se renvoient la responsabilité de cette coupe budgétaire.
Interrogé par l’AFP, le ministère des Affaires sociales a indiqué que la suppression des services en français n’était pas encore un fait acquis. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu s’est dit favorable au maintien du programme et le ministre des Affaires sociales « Haïm Katz s’est engagé à demander une enveloppe budgétaire auprès du ministère des Finances en faveur des immigrants de France et d’Ukraine », a dit un porte-parole.