Israël en guerre - Jour 347

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Les soutiens juifs de Joe Biden imperturbables face aux critiques de ses détracteurs

Un ex-négociateur de paix a affirmé que le président américain "s'est laissé emporter par le moment" lorsqu'il a dit que les manifestants "avaient un argument à faire valoir"

Le président Joe Biden sue scène au premier jour de la Convention nationale démocrate au United Center de Chicago, le 19 août 2024. (Crédit : Robyn Beck/AFP)
Le président Joe Biden sue scène au premier jour de la Convention nationale démocrate au United Center de Chicago, le 19 août 2024. (Crédit : Robyn Beck/AFP)

JTA — Face aux critiques de la droite, qui a mis en cause Joe Biden qui a estimé, lors de son discours prononcé lors de la Convention nationale du parti démocrate, que les manifestants pro-palestiniens « avaient un argument à faire valoir », les partisans pro-israéliens de Joe Biden disent ne ressentir aucune inquiétude de leur côté.

Ces propos, tenus au milieu de l’allocution faite par le président américain dans la soirée de lundi, a entraîné des attaques contre le président. Un compte associé à l’équipe de campagne de Donald Trump, sur les réseaux sociaux, a partagé le clip. D’autres, sur X, ont publié les paroles prononcées par Biden au-dessus d’images montrant des manifestants déclarer leur soutien au Hamas ou appelant à la destruction d’Israël.

Biden a fait cette déclaration alors qu’il s’exprimait lors d’un long discours d’adieu sur les efforts livrés en faveur d’un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hamas. Il a déclaré que lui-même et le secrétaire d’État Antony Blinken s’efforçaient d’éviter une guerre qui s’abattrait sur toute la région ; qu’ils tentaient d’obtenir la remise en liberté des otages, de renforcer l’afflux des aides humanitaires à Gaza – « et d’obtenir enfin un cessez-le-feu et de mettre un terme à cette guerre », a-t-il ajouté.

Il a expliqué que « ces manifestants qui descendent dans les rues ont un argument à faire valoir. Beaucoup d’innocents sont tués et des deux côtés ».

En omettant de prononcer le nom d’Israël pendant tout son discours, en semblant reconnaître une légitimité aux manifestants pro-palestiniens qui se trouvaient à l’extérieur du bâtiment accueillant la Convention, Joe Biden s’est démarqué de ses discours antérieurs – où il faisait part de son soutien sans faille à Israël alors même qu’il cherchait à obtenir un accord de cessez-le-feu ouvrant la porte à la libération des otages détenus par le Hamas à Gaza. Depuis le 7 octobre, il a également rejeté les appels lancés par ceux qui lui demandaient de cesser de soutenir la campagne militaire israélienne menée contre le Hamas dans la bande.

David Makovsky, chercheur au sein du Washington Institute for Near East Policy, déclare avoir « immédiatement » remarqué cette absence de toute mention d’Israël dans le discours de Biden. Il a ajouté toutefois qu’il ne s’attendait pas à ce que l’allocution reflète la façon dont Biden approche les négociations portant sur un cessez-le-feu.

Makovsky indique à la la Jewish Telegraphic Agency que « Biden ne va pas avoir un réel impact sur les négociations dans ce contexte de réunion de campagne. C’est une question de fierté, pour lui, que les otages soient libérés. Il fera tout ce qui sera possible pour obtenir un accord. Il va faire des discours de campagne, comme il l’a fait hier soir – mais lorsqu’il est dans l’intimité du Bureau ovale, il se concentre sur l’obtention d’un accord ».

Des manifestants pro-palestiniens et anti-israéliens défilent vers la convention nationale du parti démocrate après un rassemblement à Union Park à Chicago, le 19 août. (Crédit : AP Photo/Julio Cortez)

Les Démocrates juifs ont écarté d’un revers de la main les inquiétudes entraînées par le discours, rejetant l’idée que Biden, qui n’a cessé de rappeler ses convictions pro-israéliennes depuis des décennies, puisse céder aujourd’hui du terrain aux adversaires d’Israël au point de vue rhétorique.

« Le président a établi très clairement – non seulement au cours des trois dernières années et plus mais aussi au cours des 50 dernières années – son positionnement sur la question d’Israël », affirme à la JTA Halie Soifer, directrice générale du Jewish Democratic Council of America. « Nous n’avons aucun doute non seulement sur le positionnement qui est le sien, mais aussi sur celui de la vice-présidente qui est fermement attachée à Israël. Sa référence aux manifestants s’explique clairement par le fait qu’il doit y avoir un cessez-le-feu – quelque chose que notre administration réclame mais pas seulement : il veut un cessez-le-feu qui garantisse la libération de tous les otages ».

L’un des détracteurs de Biden indique que l’idée que les propos tenus par Biden puissent refléter plus largement l’état d’esprit des démocrates est très inquiétant. Rich Goldberg, qui a travaillé au Conseil de sécurité nationale sous l’administration Trump, qualifie les paroles du président de « coup de poing pour les Juifs américains ».

Goldberg, conseiller au sein de la Fondation pour la défense des démocraties, explique à JTA que la déclaration faite par Biden a eu pour effet « d’offrir une légitimité aux émeutiers qui soutiennent le Hamas et qui appellent au génocide des Juifs. Non, les gens qui disent soutenir le 7 octobre n’ont pas raison – et le fait que Biden ait eu besoin de tenir ces propos en dit long sur ce que la base du parti veut entendre ».

Au moins un représentant démocrate juif – qui n’a pas directement critiqué Biden ou fait référence à son discours – a fustigé les manifestants anti-israéliens, au lendemain de l’intervention du président, dans son discours et il a demandé qu’ils soient condamnés. Brad Schneider, représentant d’un district de la banlieue de Chicago, a déclaré en réponse à une question portant sur « l’aliénation d’Israël » dans les rangs du parti démocrate que des manifestants s’étaient rassemblés devant son domicile privé.

« Ils crient et ils hurlent », a raconté Schneider lors d’un événement organisé par l’American Jewish Committee qui avait été organisé en marge de la convention. « Ils réclament la fin de l’aide à Israël. Ce qu’ils demandent vraiment, c’est l’élimination d’Israël et l’exclusion du peuple juif du corps politique américain. Ils sont une minorité. Ils ont tort et nous devons les dénoncer en tant que tels », a-t-il affirmé.

Des manifestants pro-palestiniens et anti-israéliens défilent vers la convention nationale du parti démocrate après un rassemblement à Union Park à Chicago, le 19 août. (Crédit : AP Photo/Alex Brandon)

Les critiques, au sein des progressistes, de la politique de Joe Biden sur la question israélienne ont également ressenti de la méfiance après ses propos sur le conflit, estimant que ses actions entraient en contradiction avec ses paroles. Simone Zimmerman, fondatrice du groupe juif IfNotNow – une organisation qui critique âprement Israël – a estimé que ses propos au sujet des manifestants étaient « absolument inadmissibles et enrageants », son gouvernement continuant à apporter une aide militaire à l’État juif.

Matt Duss, ancien conseiller en politique étrangère du sénateur Bernie Sanders, a partagé le même point de vue.

« C’est une bonne chose que le président reconnaisse que les manifestants ont raison en ce qui concerne le grand nombre de civils tués, mais cela ne suffit pas », a-t-il déclaré à la JTA. « Il doit cesser de faire parvenir les bombes qui les tuent ».

Aaron David Miller, ancien négociateur de paix ayant travaillé sur la question du conflit israélo-palestinien au département d’État, indique qu’il ne voit aucun changement idéologique dans les paroles du président américain.

Tenues dans le cadre d’une soirée dont l’objectif était de refléter l’unité au sein du parti démocrate, il les explique par les sentiments de l’ensemble des membres de la formation, qui, selon lui, sont impatients de voir la guerre se terminer. Il ajoute que ce public ne serait sans doute pas réceptif « aux éléments de langage sur l’amour d’Israël » que Biden serait susceptible d’utiliser.

Miller, qui travaille dorénavant au sein de l’institut Carnegie Endowment for International Peace, a confié à la JTA que « pour un homme qui se décrit comme un sioniste, comme un chrétien, qui dit que s’il n’y avait pas d’Israël, il faudrait créer le pays, et qui a soutenu Israël au cours des onze derniers mois, on peut peut-être lui pardonner de s’être laissé emporter par le moment politique devant un parti démocrate dont un grand nombre de membres veulent un cessez-le-feu et qui sont consternés face aux tactiques militaires israéliennes et face au nombre de morts parmi les Palestiniens à Gaza – comme c’est aussi le cas des manifestants ».

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