Israël en guerre - Jour 366

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Les violences à Gaza divisent l’extrême droite française

Le positionnement de Marine Le Pen, qui cherche à purger le parti de son passé antisémite, "ne fait pas du tout l'unanimité" au sein du parti et au-delà, relève Jean-Yves Camus

La présidente du parti d'extrême-droite français  Marine Le Pen lors du congrès de son parti à Lille, dans le nord de la France, après sa réélection à la tête du parti pour la troisième fois, le 11 mars 2018 (Crédit :  AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN)
La présidente du parti d'extrême-droite français Marine Le Pen lors du congrès de son parti à Lille, dans le nord de la France, après sa réélection à la tête du parti pour la troisième fois, le 11 mars 2018 (Crédit : AFP PHOTO / PHILIPPE HUGUEN)

Les violences dans la bande de Gaza ont réveillé des dissensions au sein de l’extrême droite française et du Front national, historiquement soutien des nationalismes arabes, mais dont la présidente cherche à exonérer le parti de tout antisémitisme.

Pour Marine Le Pen, Israël, qui a tiré lundi contre les Palestiniens, faisant près de 59 morts dont au moins 50 terroristes, a envoyé un « message clair » sur la « sécurité de ses frontières », même si « certains » pourront juger la réponse de l’Etat hébreu « peut-être inutilement brutale ».

Elle accuse les Palestiniens d’utiliser une « méthode » qui consiste à emmener « des femmes et des enfants » dans des manifestations violentes.

La députée du Pas-de-Calais juge aussi insuffisamment « équilibrée » la réaction du président Emmanuel Macron quand il condamne « les violences des forces armées israéliennes ».

Son compagnon Louis Aliot, député des Pyrénées-Orientales, justifie cette position par l’insécurité, qui touche la France – comme l’Etat hébreu selon lui – : « Nous commençons à subir, dans nos rues et dans nos villes, les mêmes modes opératoires de terrorisme que les Israéliens subissent depuis déjà longtemps sur leur territoire ».

‘Masque d’antisémitisme’

Mais cette prise de position de Marine Le Pen, qui cherche depuis son arrivée à la tête du FN en 2011 à purger le parti de son passé antisémite, « ne fait pas du tout l’unanimité » au sein du parti et au-delà, relève le politologue Jean-Yves Camus.

A commencer par le cofondateur du FN Jean-Marie Le Pen, exclu par sa fille en 2015 pour des propos polémiques répétés sur la Shoah. Pour lui les Palestiniens ont été victimes d’un « massacre ».

Le tournant pro-arabe, pour celui qui a présidé le FN près de 40 ans, fut la guerre du Golfe en août 1990. Jean-Marie Le Pen se prononce alors en faveur d’une « solution exclusivement arabe », suscitant des incompréhensions au FN, notamment chez les pieds-noirs, rappelle l’historienne Valérie Igounet.

Jusqu’alors, M. Le Pen soutenait Israël, un « modèle » pour les Français d’Algérie en termes « d’implantation occidentale », selon un ancien cadre du FN Franck Timmermans, cité par Mme Igounet dans son histoire du FN, parue au Seuil en 2014.

Avant lui, l’idéologue du FN et négationniste François Duprat avait pris en 1967 la défense des Palestiniens, affichant « un pro-arabisme masque d’antisémitisme », ajoute cette spécialiste du négationnisme.

Dès 2011, Marine Le Pen exclut les cadres de l’antisémite Oeuvre française et tente – en vain – de se rendre en Israël. En 2014 elle défend, au nom de la sécurité, la radicale Ligue de défense juive (LDJ) et participe fin mars à une marche blanche contre l’antisémitisme.

Car l’antisémitisme ne serait plus le fait de l’extrême droite, il est « d’origine islamique », assure Louis Aliot.

‘Digne du Crif’

Les heurts à Gaza ont nourri un vif échange sur Twitter entre le délégué national du FN chargé des études Jean Messiha et un proche de Marine Le Pen, artisan de plusieurs de ses campagnes, Frédéric Chatillon.

Frédéric Chatillon, proche de Marine Le Pen. (Crédit : capture d’écran Facebook/Frédéric Chatillon)

M. Messiha a dénoncé le « cynisme criminel » des « islamistes » du Hamas.

« Un tweet digne du Crif », le Conseil représentatif des institutions juives de France, lui a répondu M. Chatillon, pour qui les responsables de l’escalade sont le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Donald Trump, qui a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël.

M. Chatillon, grand soutien du régime syrien, a retweeté l’ancien allié de Mme Le Pen à la présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan, qui a exprimé son « désaccord » avec la présidente du FN, jugeant « monstrueuse » la réponse de l’Etat hébreu.

L’eurodéputé FN Nicolas Bay s’est discrètement rendu en Israël début 2017 et défend une solution à deux Etats comme Mme Le Pen, mais il insiste sur la « brutalité » de la réponse israélienne, qui risque de « fournir des arguments » aux Palestiniens.

Au-delà du FN, le très radical Steven Bissuel, président de l’organisation d’extrême droite Bastion social, qui ne veut aider que les seuls Français, soutient les Palestiniens face à la « colonisation » israélienne.

« On ne peut pas à la fois cautionner l’agression du colon israélien et dénoncer la colonisation de peuplement que nous subissons en Europe. Comme nous, les Palestiniens veulent vivre libres et maîtres sur leur terre », a-t-il tweeté mercredi.

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