L’extrême-droite vise un nouveau succès en ex-RDA, dans un fief d’Olaf Scholz
Même si l'AfD sort victorieuse du scrutin dans le Brandebourg, il est très improbable qu'elle dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec elle
Trois semaines après deux succès historiques dans l’est de l’Allemagne, l’extrême-droite espère une nouvelle victoire électorale dimanche, cette fois dans un bastion social-démocrate, qui fragiliserait davantage le chancelier Olaf Scholz à un an des législatives.
Quelque 2,22 millions de personnes âgées de plus de 16 ans sont appelées aux urnes dans le Brandebourg, petit État régional qui entoure Berlin, où Tesla, le pionnier américain des voitures électriques, a ouvert en 2022 sa première usine européenne.
Dans ce Land d’ex-RDA, où le SPD de Scholz gouverne sans discontinuer depuis la réunification du pays en 1990, l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), parti fondé par des nazis et anti-migrants, est donnée avec une légère avance dans les intentions de vote.
Dans les derniers sondages, l’AfD arrive en tête avec entre 27 et 29 % des voix mais le SPD, qui partait de loin, a regagné du terrain, crédité désormais d’un score compris entre 25 et 26 %.
Le très populaire chef du gouvernement du Brandebourg, le social-démocrate Dietmar Woidke, a joué le tout pour le tout en annonçant qu’il se retirerait si son parti n’arrivait pas en tête dimanche. Les estimations sont attendues vers 18H00 locales (16H00 GMT).
Terreau fertile
Bien qu’il ait sa circonscription de député à Potsdam, la capitale du Brandebourg où il réside également, le chancelier Scholz s’est très peu impliqué dans ce scrutin.
Et Woidke, 62 ans, a tenté de se démarquer le plus possible du SPD, très impopulaire dans le pays, tout comme les deux autres partis au pouvoir à Berlin, les Verts et les Libéraux.
« Si le SPD ne sort pas vainqueur des élections, ce sera un coup très dur pour les sociaux-démocrates et Scholz », explique à l’AFP Benjamin Höhne, politologue à l’université technique de Chemnitz.
Car le Brandebourg est un bastion du parti de centre-gauche, contrairement à la Thuringe et la Saxe, deux autres États d’ex-Allemagne de l’Est où l’AfD a obtenu des scores historiques lors d’élections régionales, le 1er septembre.
En outre, le débat sur le meilleur candidat social-démocrate pour les prochaines législatives, en septembre 2025, « risque de s’accélérer », ajoute Höhne.
Scholz souffre d’un problème d’image et le nom de son ministre de la Défense, Boris Pistorius, très apprécié, revient régulièrement pour le remplacer dans la course à la chancellerie.
Dans l’opposition, les conservateurs, favoris des sondages au niveau fédéral, ont déjà leur candidat, ayant désigné cette semaine le chef de la CDU, Friedrich Merz.
Surfant sur le mécontentement des habitants d’ex-RDA, terreau particulièrement fertile en raison d’inégalités persistantes depuis la réunification, l’AfD est elle portée par le retour au premier plan des débats sur la sécurité et l’immigration.
BSW, faiseur de roi
Une série d’attaques à motif islamiste présumé choque l’Allemagne depuis fin août, dont un triple meurtre au couteau commis à Solingen (ouest) lors d’une fête populaire et pour lequel un Syrien de 26 ans a été arrêté.
Dans le Brandebourg, l’immigration est, selon un récent sondage, le premier sujet de préoccupation des électeurs.
« Les gens parlent d’intégration et disent qu’ils ne sont pas satisfaits de ce qui se passe », constate Edeltraud Wendland, 82 ans, interviewée par l’AFP dans la principale rue commerçante de Potsdam, à deux pas du Château de Sans-Souci de l’ancien roi de Prusse Frédéric II.
« Naturellement il faut aider les gens, mais nous ne pouvons pas en accueillir trop ici », ajoute la vieille dame aux lunettes fumées.
Même si l’AfD sort victorieuse du scrutin dans le Brandebourg, il est très improbable qu’elle dirige un gouvernement, les autres partis refusant toute coalition avec elle, comme c’est le cas en Saxe et en Thuringe. Dans ce dernier État, l’AfD est désormais la première force politique au Parlement régional.
Comme en Saxe et Thuringe, le nouveau parti BSW, fondé au début de l’année par Sahra Wagenknecht, une personnalité très populaire qui a claqué la porte de la gauche radicale, pourrait jouer le rôle décisif de faiseur de roi.
Très virulent contre l’immigration, ce parti qui veut stopper les livraisons d’armes à l’Ukraine, devrait engranger entre 13 et 14 %, selon les sondages.