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Liberté de culte: Une lettre du Saint-Sépulcre contredit les accusations de l’Église

L'architecte du lieu saint a appelé la police à limiter le nombre de fidèles pour des raisons de sécurité ; l'église grecque-orthodoxe avait dénoncé de "lourdes restrictions"

Lazar Berman est le correspondant diplomatique du Times of Israël

Des pèlerins chrétiens tiennent des bougies alors qu'ils se rassemblent pendant la cérémonie du feu sacré à l'église du Saint-Sépulcre, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 23 avril 2022. (Crédit : Maya Alleruzzo/AP Photo)
Des pèlerins chrétiens tiennent des bougies alors qu'ils se rassemblent pendant la cérémonie du feu sacré à l'église du Saint-Sépulcre, dans la Vieille Ville de Jérusalem, le 23 avril 2022. (Crédit : Maya Alleruzzo/AP Photo)

Contredisant les accusations lancées par les responsables de l’Église – qui avaient déclaré que la police israélienne restreignait sans nécessité la liberté de culte des chrétiens – au début de la semaine, un courrier examiné vendredi par le Times of Israel indique que les restrictions qui ont été imposées samedi lors de la cérémonie du Feu sacré avaient été décidées par un responsable grec-orthodoxe.

Ce courrier, écrit en date du 3 avril et qui avait été envoyé par l’architecte Teo Metropoulos, en charge du lieu saint, au commissariat de police situé aux abords de l’église, soulignait que le nombre maximum de visiteurs pour la cérémonie devait être de 1 800 à l’intérieur du bâtiment et de 200 dans la cour.

Il soulignait également que « la seule entrée de l’église présente une ouverture de trois mètres sans autre sortie [sic] dangereuse », demandant que les forces de l’ordre fassent en sorte que tous les couloirs intérieurs resteraient ouverts.

Le patriarcat grec-orthodoxe n’a pas répondu à nos demandes répétées de réaction. Le bureau de l’Architecte du bureau technique commun n’a pas répondu à nos tentatives de vérifier l’authenticité du document.

Mercredi, l’église grecque-orthodoxe avait affirmé que les limitations placées par Israël sur le nombre de fidèles autorisés à entrer dans la basilique étaient « excessives » et que les tentatives de négociation avaient échoué.

« Après de nombreuses tentatives de bonne foi où nous avons témoigné de notre réelle bonne volonté, nous n’avons pas été en mesure de nous coordonner avec les autorités israéliennes qui ont mis en place des restrictions déraisonnables sur l’accès au saint Sépulcre », avait commencé le patriarcat grec-orthodoxe de Jérusalem auprès des journalistes. Ces restrictions « limiteront l’accès aux chrétiens, à l’église du Saint sépulcre et à la cérémonie du Feu sacré ».

Une lettre de l’architecte du Bureau technique commun, l’église du Saint-sépulcre, adressée à la police israélienne et lui demandant de limiter le nombre de personnes assistant à la cérémonie du feu sacré. (Autorisation)

La police, pour sa part, avait répondu que les limitations placées sur l’affluence des fidèles étaient nécessaires pour assurer la sécurité pendant la fête qui a eu lieu samedi dans cette église du 12e siècle implantée sur le site où, selon de nombreux chrétiens, Jésus aurait été crucifié et enterré avant de ressusciter.

Dans un communiqué diffusé jeudi, les forces de l’ordre avaient expliqué que la limitation du nombre de fidèles n’avait pas été décidée par la police. Elles avaient noté que cette limitation était « une exigence nécessaire en matière de sécurité » qui avait été mise en place par un ingénieur, avec le souci d’éviter un mouvement de foule potentiellement meurtrier.

« La police israélienne va mettre en vigueur les instructions données par l’ingénieur et elle espère qu’il y aura une coopération avec les responsables de l’église et avec les organisateurs de la cérémonie », avait précisé un communiqué émis par la police.

Israël, qui avait imposé des restrictions similaires lors de la cérémonie du Feu sacré de l’année dernière, insiste sur la nécessité d’éviter une catastrophe après un mouvement de foule meurtrier qui était survenu lors d’un pèlerinage juif, un désastre qui avait fait 45 morts, dont 16 adolescents et enfants. De leur côté, les responsables chrétiens disent qu’il n’est pas nécessaire de changer le déroulé d’une cérémonie qui est organisée depuis des siècles.

La cérémonie de samedi est survenue pendant une période de recrudescence des violences dans la Vieille Ville avec des affrontements entre la police et les fidèles juifs sur le site le plus sensible de Jérusalem, le complexe du mont du Temple, qui accueille la mosquée Al-Aqsa. Les tensions ont grimpé en flèche entre Israël et le groupe terroriste palestinien du Hamas, entraînant une confrontation régionale. Il y a eu une attaque à la roquette émanant de la Syrie ; de nouveaux tirs de roquettes depuis le Liban ; d’autres tirs de roquettes en provenance de la bande de Gaza qui avaient été suivis de frappes israéliennes. Un drone présumé iranien avait aussi été lancé depuis le territoire syrien, la semaine dernière.

Ces derniers jours ont aussi été marqués par des attentats terroristes en Israël et en Cisjordanie. Une mère et ses deux filles, 15 ans et 20 ans, ont ainsi été tuées dans une attaque à l’arme à feu et un ressortissant italien est mort dans un attentat à la voiture-bélier à Tel Aviv.

Les chrétiens orthodoxes pensent que le samedi précédant Pâques, une flamme miraculeuse apparaît à l’intérieur de l’église du Saint-sépulcre. Le patriarche grec entre dans l’édicule, une chapelle construite sur le site traditionnel du tombeau de Jésus et il en ressort avec deux chandelles allumées. Il transmet alors la flamme aux milliers de fidèles qui tiennent une bougie à la main, illuminant petit à petit les murs de la basilique plongée dans l’obscurité. La flamme sera transférée aux communautés orthodoxes des autres pays, grâce à des vols spécialement affrétés. La source du Feu sacré est un secret conservé avec fougue depuis des siècles, avec un nombre fort de sceptiques.

Photo d’illustration – des Chrétiens orthodoxes réunis dans l’église du Saint Sépulcre à Jérusalem, le 7 avril 2017. (Crédit : Nati Shohat/Flash90)

Les responsables de la police ont reconnu qu’ils allaient renforcer la sécurité, qu’ils allaient bloquer certaines entrées dans la Vieille Ville et que l’affluence du public resterait limitée dans l’ancienne église et dans la cour. Mais lors d’une visioconférence avec les journalistes, les responsables ont déclaré que les limites imposées aux fidèles – mille ont été autorisés à entrer dans l’église, un nombre qui, selon les officiels de la communauté grecque-orthodoxe, est largement inférieur au chiffre autorisé dans le passé – avaient été déterminées au préalable par l’église, comme l’indique le courrier.

Yoram Segal, superintendant de la police de district de Jérusalem, a expliqué aux journalistes pendant une visioconférence que la priorité des forces de l’ordre était la sécurité au cours d’une journée où musulmans, chrétiens et Juifs célèbrent leurs fêtes dans la Vieille Ville.

« Nous allons réguler les mouvements de foule », a dit Segal, ajoutant que la cérémonie sera visible dans toute la ville sur des écrans vidéo et que des réunions avec l’église étaient en cours.

Depuis l’arrivée du gouvernement le plus à droite de toute l’Histoire d’Israël, les chrétiens déclarent que leur communauté en Terre sainte, vieille de 2 000 ans, est de plus en plus attaquée.

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