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L’Irak en contact avec Washington au sujet des impayés de gaz iranien

Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour ses centrales électriques

Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei (à droite), rencontre le président irakien Abdul Latif Rashid (au centre) et le président iranien Ebrahim Raisi, à Téhéran (Iran), le 29 avril 2023. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)
Le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei (à droite), rencontre le président irakien Abdul Latif Rashid (au centre) et le président iranien Ebrahim Raisi, à Téhéran (Iran), le 29 avril 2023. (Crédit : Bureau du guide suprême iranien via AP)

L’Irak est en contact avec les Etats-Unis pour régler à l’Iran des impayés d’une valeur de 9,2 milliards d’euros, que Bagdad doit à Téhéran en contrepartie d’anciennes importations de gaz, a annoncé mardi soir le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani.

En raison des sanctions américaines contre l’Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz. Jusqu’à très récemment l’argent était déposé sur un compte bancaire irakien, qui ne permettait à l’Iran d’acheter que des produits spécifiques dans les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique.

Le processus était toujours très ardu et marqué par des retards. Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz, essentiels pour les centrales électriques irakiennes puisqu’ils couvrent un tiers des besoins du pays.

Critiquant un mécanisme complexe en raison des sanctions américaines, le Premier ministre irakien avait annoncé le 11 juillet que Bagdad allait désormais payer ses importations de gaz en fournissant en échange du pétrole à Téhéran.

« Parallèlement, le travail se poursuit avec la partie américaine concernant les impayés, qui ont baissé à 9,2 milliards » d’euros, a indiqué mardi soir en conférence de presse M. Soudani, rappelant que son pays avait réglé ces derniers mois environ 1,8 milliard d’euros à Téhéran.

Le Premier ministre a assuré qu’une délégation de la banque centrale irakienne et de la Trade Bank of Iraq (TBI) avait été dépêchée mardi à Oman « pour convenir d’une formule de transfert de ces fonds vers le Sultanat, en accord avec le Trésor américain ».

Le 24 juillet, un porte-parole du département d’Etat américain avait évoqué le transfert d’une partie de ces fonds vers Oman. « Nous pensons qu’il était important de sortir cet argent d’Irak, car c’est un levier utilisé par l’Iran contre son voisin », avait indiqué Matthew Miller.

Car le dossier de l’électricité est ultra-sensible en Irak, pays de 43 millions d’habitants aux immenses richesses en hydrocarbures, où la population vit avec des délestages quotidiens qui empirent l’été et sont parfois à l’origine de manifestations.

M. Miller avait aussi assuré qu’au Sultanat d’Oman, ces sommes seront soumises « aux mêmes restrictions » qu’en Irak : l’usage de ces fonds par Téhéran pour certains achats devra « être approuvé à l’avance par le Trésor américain ».

Spéculateurs

Mardi soir, le Premier ministre irakien a évoqué le combat des autorités pour stabiliser le taux de change, la monnaie nationale s’étant affaissée face au dollar ces derniers jours.

Si le taux de change officiel est de 1.310 dinars pour un dollar, au marché parallèle un dollar s’achète mardi à plus de 1.510 dinars à Bagdad.

M. Soudani a dénoncé des réseaux de « spéculateurs », qui amassent les billets verts pour les envoyer vers le Kurdistan autonome dans le nord de l’Irak puis vers l’étranger – sans nommer de destination précise.

Dans un communiqué, la Sûreté nationale a ensuite confirmé le démantèlement d’un « réseau de trafiquants » qui, via des « entreprises fictives, a envoyé illégalement des devises à l’étranger, sous le couvert d’opérations commerciales ».

A Bagdad, les forces de sécurité ont arrêté 11 suspects et découvert des coffres où ont été retrouvés plus de 14 millions de dollars, d’après le communiqué.

Tout comme 12 personnes ont été arrêtées dans trois provinces du centre et du sud du pays pour des accusations similaires, selon la même source.

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