L’Israélien Ram Bergman se confie sur « un polar jamais vu auparavant »
L'important producteur d'Hollywood attribue ses succès au soutien sans failles de ses parents et à sa chutzpa innée de Sabra
LONDON JEWISH NEWS — Il n’y a rien que le producteur de « Star Wars », Ram Bergman, aime plus que de lire un bon roman d’Agatha Christie. D’abord, le meurtre est commis ; puis l’identité des suspects est révélée – tous dotés de la meilleure raison du monde d’avoir entraîné la mort du défunt – et un détective hors du commun s’efforce alors de découvrir le coupable avec, en général, des rebondissements brillamment imaginés à la fin de l’ouvrage.
Il est également un grand admirateur d’Alfred Hitchcock, le maître des thrillers psychologiques.
« Alors imaginez ce qu’il peut se passer si vous prenez Agatha Christie et que vous y ajoutez une pincée de Hitchock », s’amuse le producteur né en Israël qui s’est associé à son collaborateur de longue date et ami, Rian Johnson, pour leur dernier film, « A couteaux tirés ».
« Il se termine par quelque chose d’encore jamais vu auparavant », clame-t-il.
Et en effet, le scénariste et réalisateur Johnson – qui a travaillé aux côtés de Bergman sur tous ses projets depuis son tout premier film, « Brick », ainsi que sur « Looper » et « Star Wars : Les derniers Jedi » – a effectué un retour rapide et stylé vers les histoires de détective délicieusement old school de Christie, avec un soupçon du frisson captivant qui faisait le renom de Hitchcock.
Le film compte également un casting de choix et de premier plan, qui inclut Jamie Lee Curtis, Michael Shannon, Don Johnson, Chris Evans, Toni Collette, Ana De Armas, Christopher Plummer et Daniel Craig.
Le long-métrage est sorti le 27 novembre en France et a été applaudi par la critique.
L’intrigue, qui se déroule dans un manoir du vieux Boston, commence par la découverte du corps sans vie du célèbre auteur de romans policiers Harlan Thrombey (Plummer), juste après son 85e anniversaire.
Blessé à la nuque, un couteau à la main, le suicide semble être la seule explication possible – mais le détective débonnaire Benoît Blanc (interprété par Daniel Craig) ne voit pas les choses ainsi.
Il va donc passer au crible les mensonges intéressés et les diversions de l’entourage du défunt pour découvrir la vérité – tout le monde, autour de Thrombey, présentant un mobile justifiant d’avoir voulu la mort de l’écrivain.
« C’est essentiellement un polar de Rian Johnson », s’exclame le producteur de films à succès âgé de 49 ans. « Il a trouvé l’idée du synopsis il y a environ 10 ans mais nous n’avons commencé à travailler dessus qu’au mois de janvier 2018. On a travaillé vite, et tout a été terminé à Noël ».
« Daniel [Craig] est devenu tout à coup disponible parce que le prochain James Bond avait été reporté. Nous avons donc eu une ouverture, et on a commencé le casting ensemble. Il y avait beaucoup de gens qui voulaient en être, parce que le film est sympa, qu’il était stimulant et que ce n’est pas un type de long-métrage qu’on voit tous les jours », ajoute Ram Bergman.
Avec un budget fastueux de 40 millions de dollars, « A couteaux tirés » est une œuvre très différente du premier projet qui a rassemblé Rian Johnson et Ram Bergman, « Brick », qui n’avait coûté que 500 000 dollars en 2005.
Mais ces débuts humbles se sont transformés en un partenariat excessivement fructueux – les deux complices ont lancé récemment leur propre compagnie de production T-Street – et, me dit Ram Bergman, en une amitié de toute une vie.
De sa toute première rencontre avec Johnson, il se rappelle que « cela faisait sept ans que Rian essayait de faire ce film, depuis qu’il avait terminé ses études. Quand j’ai lu le script, j’ai réalisé que je n’avais jamais vu quelque chose de semblable ».
« Je lui ai dit qu’il se trompait dans la manière de faire le film – il se montrait trop ambitieux et personne ne voulait lui donner un million de dollars pour qu’il le réalise. Je lui ai suggéré que nous le fassions ensemble pour quelques centaines de milliers de dollars », raconte-t-il.
« Et nous avons fait le film. C’était une expérience formidable. J’ai su dès le premier jour du tournage que ce type savait parfaitement ce qu’il était en train de faire… C’est rare de rencontrer des gens dotés d’un tel talent et qui sont aussi, des personnalités authentiquement agréables », explique-t-il.
« On ne réfléchit pas, en se lançant dans le projet, à ce qui va se passer par ailleurs. On se concentre uniquement sur la réalisation du film mais aujourd’hui, nous sommes devenus des partenaires, et je pense que je serai l’homme le plus chanceux de la terre si je pouvais continuer à faire du cinéma avec lui pour tout le reste de ma vie », ajoute-t-il.
Ram Bergman a commencé à produire des films alors qu’il était âgé d’une vingtaine d’années, après s’être installé d’abord à New York, puis à Los Angeles, après avoir quitté sa ville natale de Rishon LeZion, en Israël, en 1991. Il n’avait aucune formation particulière – seulement une passion pour le milieu du cinéma et la volonté de s’y faire une place.
Il avait travaillé comme valet de chambre tout en « tentant de trouver le moyen de réaliser des films » et, dans l’année qui suivit, il se forma sur le tas.
Plus de deux décennies plus tard, Ram Bergman est devenu un formidable producteur de films, disposant de budgets de plusieurs millions de dollars et de la capacité de produire des cartons au box-office en série.
Ainsi, en 2017, « Star Wars : Les derniers Jedi » a engrangé la somme stupéfiante de 1,3 milliard de dollars dans le monde entier.
Son succès, Ram Bergman – qui a épousé la productrice israélienne Limor Diamant – en attribue le mérite à son père, qui est décédé il y a seize ans, et à sa mère, qui « n’a jamais dit non à rien et qui a toujours soutenu nos rêves. Ils ont été les meilleurs parents qu’il soit possible d’imaginer ».
De la même manière, il affirme que son enfance israélienne l’a aidé à réaliser ses rêves.
« Quand on arrive aux Etats-Unis – ou n’importe où ailleurs – en tant qu’immigrant, on a généralement davantage d’appétit que ceux qui sont nés ici, parce que qu’ils réussissent ou non, ils vont rester là », explique-t-il.
« En arrivant, on n’a pas la base, on n’a ni famille ni soutien – il faut simplement découvrir quel sera le meilleur moyen de poursuivre ses rêves. Je ne le ressens pas nécessairement au quotidien mais être Israélien a probablement aidé à former ce que je suis ».
Interrogé sur l’industrie naissante du film et de la télévision en Israël, qui a permis de voir des œuvres comme « Homeland », « Fauda », « When Heroes Fly », et « Shtisel » exportées dans le monde entier, il dit avoir été « époustouflé par leur talent » et se dit heureux de constater que « de plus en plus de gens reconnaissent Israël dans ce domaine ».
Producteur du film réalisé par Natalie Portman, « Une histoire d’amour et de ténèbres » – qui était basé sur le roman autobiographique d’Amos Oz – en 2015, Ram Bergman fait part de son désir de travailler encore avec des réalisateurs et des scénaristes israéliens. Des projets pointent déjà à l’horizon.
« Nous développons des choses et, avec un peu de chance, nous pourrons les réaliser un jour. C’est une période à 100 % excitante pour l’industrie israélienne du film », se réjouit-il.
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