L’oncle d’un otage apprend le lobbying et la loi pour tenter de faire libérer son neveu
Almog Meir Jan a été pris en otage par le Hamas le 7 octobre ; son oncle, Aviram Meir, passe dorénavant deux jours par semaine à la Knesset
Dans les presque huit mois qui se sont écoulés depuis qu’Almog Meir Jan, âgé de 22 ans, a été pris en otage, son oncle Aviram Meir a été d’abord obligé de se reconvertir en diplomate amateur avant de se métamorphoser en lobbyiste au parlement israélien.
Au-delà de la lutte quotidienne qu’ils mènent avec l’espoir de garantir la remise en liberté des otages qui sont actuellement aux mains du groupe terroriste du Hamas et de leurs complices civils à Gaza, les membres des familles des captifs prennent conscience de manière croissante des fardeaux énormes – psychologique, physique et financier – qu’il leur est demandé de porter.
Les parents et proches des captifs, au sein du Forum des familles d’otages et de portés-disparus, exercent des pressions en faveur de l’adoption, cette semaine, d’un nouveau projet de loi qui offrirait un soutien financier à tous les otages libérés – qu’il s’agisse de ceux qui avaient été remis en liberté au cours de la trêve d’une semaine qu’il y avait eu au mois de novembre ou de ceux qui seront relâchés dans le cadre d’un éventuel futur accord.
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La loi qui, Meir l’espère, passera mercredi accorderait à tous les otages libérés un statut de personne partiellement en situation de handicap – ce qui permettrait à ces Israéliens traumatisés de bénéficier d’une allocation mensuelle en plus d’un paiement unique, de profiter d’aides financières lors de l’achat d’une voiture, d’avoir droit à des aides pour payer d’éventuelles études et un logement – avec aussi la prise en charge de leurs soins médicaux.
« Nous nous insurgeons face à la mesquinerie du gouvernement », s’exclame Meir. « La proposition de loi ne va pas assez loin ; elle est modeste – mais elle a le mérite d’exister. »
Il n’y a pas de fonds alloués aux familles, dit Meir, même s’il est évident que ce seront les familles qui viendront en aide aux otages dans les mois et dans les années qui suivront leur traumatisante expérience et qui aura indéniablement des conséquences aux niveaux physique et psychologique.
Meir fait partie d’une équipe de familles d’otages qui est chargée d’exercer des pressions sur les membres de la Knesset et sur les ministres – son équipe s’occupe des contacts avec le ministre des Finances Bezalel Smotrich et avec le ministre des Affaires étrangères en particulier – et il est en contact quotidiennement avec leurs assistants, s’assurant qu’ils prêtent suffisamment d’attention aux dernières Unes consacrées aux captifs.
La semaine dernière, quand le Forum a diffusé les images montrant la capture de cinq jeunes soldates de Tsahal par les terroristes du Hamas, le 7 octobre, Meir raconte qu’il a téléphoné au Bureau du ministre de la Défense Yoav Gallant pour demander de quelle sorte d’aide gouvernementale ces soldates bénéficieraient à leur libération.
« Elles méritent la désignation de handicap la plus élevée et nous continuerons notre campagne dans cet objectif jusqu’à ce qu’une loi soit adoptée », déclare Meir. « C’est énormément de travail, c’est un travail pour les avocats, pour les équipes des ministres, pour les organisations représentant les victimes du terrorisme, pour l’Institut d’Assurance national [bituah leumi], pour le ministère de la Défense et pour le ministère des Finances, et nous tentons de le faire avancer. »
Deux législations ont été présentées et elles sont en cours d’examen au sein de la Commission du Travail et des Affaires sociales, à la Knesset – un texte a été introduit par le gouvernement et l’autre a été soumis à titre privé à l’initiative des députés Yitzhak Kroizer, Gilad Kariv et Vladimir Beliak.
Les deux projets de loi prévoient d’augmenter les allocations versées aux otages qui ont recouvré la liberté, avec la reconnaissance automatique, chez eux, d’un trouble de stress post-traumatique. La législation présentée par le gouvernement propose des allocations mensuelles aux ex-captifs qui passeront de 1 395 shekels à 2 600 shekels. Ils seront reconnus par l’Institut d’assurance national comme ayant un niveau de handicap psychologique à hauteur de 50 %.
La législation qui a été proposée par les députés est actuellement préparée en vue de son passage en première lecture – celle du gouvernement a déjà franchi cette étape, pour sa part, et elle va être soumise en deuxième lecture au parlement. Selon la base de données de la Knesset, les deux textes devraient être fusionnés.
Meir, 59 ans, travaillait dans l’événementiel avant l’attaque du 7 octobre, quand les terroristes, placés sous l’autorité du Hamas, avaient franchi la frontière et qu’ils avaient tué près de 1 200 personnes dans le sud d’Israël, prenant en otage 252 personnes – dont son neveu. Meir Jan était apparu pour la dernière fois dans une vidéo du Hamas, le 7 octobre à midi et demi.
Le 6 octobre, avant le départ de Meir Jan à la rave-party à laquelle il était allé avec des amis, il avait aidé son grand-père, qui avait été tout juste opéré du dos, à se doucher et à se préparer pour dormir.
Meir explique que la question de la santé de son père de 87 ans a été totalement repoussée à la marge depuis le 7 octobre.
« Toute l’attention de la famille, jusqu’au 7 octobre, se portait sur mon père et sur son intervention chirurgicale et en l’espace de seulement une journée, tout a changé », déclare-t-il.
Meir et sa sœur, Orit Meir – c’est la mère d’Almog Meir Jan – sont au bord de l’épuisement, sollicités de toute part, faisant tout ce qui est humainement possible pour permettre à Meir Jan et aux autres d’enfin quitter Gaza.
Meir vit de ses économies, avec une aide de sa sœur qui a déjà reçu quelques subventions et avec l’aide de ses parents âgés.
« C’est un travail sans fin. Je travaille sur les otages comme je le ferais dans un emploi à plein-temps. C’est toute la journée et toute la nuit », soupire-t-il.
En plus des législations en cours d’examen et des contacts constants avec les ministres, à la Knesset, Meir et sa sœur exercent régulièrement des pressions sur les partisans du Likud pour que ces derniers interpellent eux-mêmes les membres de la Knesset sur la question des otages ; ils écrivent des lettres aux maires pour qu’ils interviennent auprès du gouvernement et ils s’entretiennent avec des groupes très variés.
Il y a eu aussi la campagne que la famille a lancée en collaboration avec l’entreprise de prêt-à-porter Renuar à l’occasion du 22e anniversaire de Meir Jan, avec la création d’un tee-shirt qui s’inspirait du tatouage du jeune homme ; les événements hebdomadaires qui sont régulièrement organisés aux abords de la maison de ses grand-parents et le mur géant à son effigie qui a été peint à la bombe par des artistes de rue dans sa ville natale d’Or Yehuda.
« Nous ne savons jamais ce qui va réellement aider », indique Meir, qui avait d’abord été nommé au sein de l’équipe diplomatique du Forum, rencontrant des ambassadeurs et partant à l’étranger – une mission qu’il a abandonnée, ayant le sentiment que ce travail n’était pas réellement efficace.
Et il reste dorénavant sur le sol israélien – passant notamment deux jours par semaine à la Knesset. Il dit aussi beaucoup débattre des questions d’unité nationale avec toutes sortes d’organisations.
Meir a récemment passé un après-midi de Shabbat avec les membres d’une implantation juive située à proximité d’Ariel, et il a évoqué cette perception répandue d’un manque d’implication du mouvement sioniste religieux dans les campagnes en faveur des otages.
Après deux heures et demie d’échanges, ajoute Meir, un résident lui a téléphoné pour lui dire que des habitants allaient venir en covoiturage lors du rassemblement du samedi soir à Tel Aviv – une première pour cette communauté.
« Nous, les familles d’otages, à mon grand chagrin, nous présentons une gravité très spécifique dans ce pays et qu’arrivera-t-il quand les otages seront libérés ? », s’interroge Meir. « Le sujet des captifs va rester en Une des journaux pendant les prochaines années et il faut anticiper – tout cela fait partie de notre travail. »
Un travail qui est totalement nouveau pour Meir, qui n’avait jamais été impliqué dans de quelconques activités politiques avant le 7 octobre.
« J’étais gamin la dernière fois que j’étais allé à la Knesset », se souvient-il. « Nous avons appris avec le temps que les solutions se trouvent en Israël et c’est en Israël que j’investis toute mon énergie. C’est d’Israël qu’émanera la solution – pas de la Maison Blanche, du Capitole ou du 10 Downing Street. C’est ce qui se passe ici qui apportera une solution. »
Les attentes des familles d’otages sont simples, note Meir. Les proches veulent un accord ou, tout du moins, que le gouvernement mette en place les conditions nécessaires pour la finalisation d’un accord.
« [Le leader du Hamas Yahya] Sinwar voit le monde exercer des pressions sur nous et il n’est nullement incité à conclure un accord. Il se dit qu’il a le temps », précise Meir. « Avec une présence militaire limitée à Gaza et avec la distribution des aides humanitaires, il n’y aura pas d’accord et Sinwar va continuer à nous crier dessus. Ou alors il s’agit de lui donner ce qu’il veut et là, il laissera sortir certains otages. C’est ce que nous voulons », affirme-t-il.
Sam Sokol a contribué à cet article.
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