Manifestations limitées à cause du front nord en faveur de la libération des otages
Le rassemblement hebdomadaire de Tel Aviv a été limité à 2 000 par le Commandement du Front intérieur, en raison de l'opération terrestre au Liban et de la riposte à l'attaque de l'Iran
Des milliers d’Israéliens sont de nouveau descendus dans la rue samedi soir pour demander un accord garantissant la libération des otages captifs du Hamas à Gaza – bien qu’en nombre nettement plus faible cette semaine conformément aux instructions du Commandement du Front intérieur qui a limité les rassemblements en raison de la guerre.
Ce sont donc près de 2 000 manifestants qui se sont rassemblés devant la porte Begin de la base militaire Kirya, à Tel Aviv, après la conférence de presse hebdomadaire de proches d’otages, qui ont dit leur colère envers le Premier ministre Benjamin Netanyahu qu’ils ont accusé d’avoir « torpillé » à plusieurs reprises les chances de libération des otages tout au long de l’année.
De son côté, le Premier ministre assure faire tout son possible pour faire libérer les otages et accuse le Hamas d’avoir rejeté de nombreuses propositions d’accord.
Ce samedi était le 365ème jour de captivité des otages, dont le calvaire a commencé lorsque des milliers de terroristes du Hamas ont envahi le sud d’Israël le 7 octobre 2023, ce qui a déclenché la guerre en cours.
« Si Netanyahu se maintient au pouvoir alors leur captivité durera trois ans, si tant est qu’ils vivent aussi longtemps », a accusé Omri Lifschitz, dont le père Oded, 84 ans, est otage à Gaza en faisant allusion au temps qui sépare Israël de ses prochaines élections.
Danny Elgarat, dont le frère Itzik, 70 ans, est lui aussi otage à Gaza, a déclaré : « Au fil de l’année, les victimes des enlèvements sont devenus des otages de la guerre que livre Netanyahu pour sa survie politique. Tout au long de cette année, Netanyahu n’a pas arrêté de torpiller les projets d’accord. »
« Une année entière au cours de laquelle il a ignoré et abandonné 101 de ses concitoyens, qui sont toujours détenus dans les tunnels de la mort. Non seulement Netanyahu n’assume pas ses responsabilités, mais il a sciemment pris la décision de les abandonner et de tenter de nous les faire oublier », a poursuivi Elgarat.
Lifschitz a accusé Netanyahu de « manœuvres criminelles » pour avoir saboté les négociations en vue de la libération des otages, et notamment ce qu’il a qualifié de « manipulation mensongère » sur la question du corridor de Philadelphie, le long de la frontière entre Gaza et l’Égypte, en insistant pour y maintenir une présence militaire, fût-ce au détriment d’un accord.
Le raisonnement du Premier ministre sur le corridor « a été réfuté à maintes reprises par les milieux de la sécurité », a affirmé Lifschitz.
Einav Zangauker, dont le fils Matan, 25 ans, est otage, a noté : « C’est le 365ème jour de captivité de nos proches, en enfer, à Gaza. » Elle a ajouté : « Et pourquoi sont-ils toujours là ? À cause de Netanyahu ! »
Le Premier ministre « sacrifie les otages pour rester au pouvoir », a poursuivi Zangauker, l’une des personnalités les plus en vue des militants favorables à un accord pour la libération des otages.
A Tel Aviv, la manifestation était bien plus limitée que les précédents rassemblements, qui avaient réuni ces dernières semaines des centaines de milliers de personnes. Ont par ailleurs eu lieu des manifestations plus modestes dans tout le pays.
Cette semaine, la grande manifestation prévue a été annulée conformément aux instructions du Commandement du front intérieur limitant les rassemblements à 2 000 personnes dans la région de Tel Aviv, ainsi que dans le nord, certaines parties de la Cisjordanie et certaines communautés frontalières de Gaza.
Ces limitations s’expliquent par l’intensification des combats contre le groupe terroriste du Hezbollah au Liban, et notamment l’opération terrestre dans le sud-Liban lancée ce lundi, mais aussi par l’attaque iranienne de mardi, au cours de laquelle la République islamique a tiré 181 missiles balistiques sur Israël. Le gouvernement a fait savoir qu’Israël riposterait à l’attaque iranienne, sans préciser quand ou comment.
Certains proches d’otages se sont dits consternés que l’armée israélienne ait envoyé des soldats au sol dans le sud-Liban, la semaine dernière, avec le risque, selon eux, de moindres chances de conclusion d’un accord avec le Hamas à court terme.
Samedi, Zangauker a réagi aux informations selon lesquelles le gouvernement aurait dit à certaines familles d’otages qu’après la fin des combats de haute intensité au Liban, il y aurait une chance de parvenir à un accord pour obtenir la libération des otages.
« Nous ne croyons rien de ce que dit ce gouvernement », a-t-elle ajouté, « L’échec [du 7 octobre] remonte désormais à un an et aujourd’hui, il est clair que Netanyahu n’a pas l’intention de faire libérer les otages. Même si la guerre dans le nord se termine, Netanyahu veut que la guerre dans le sud continue. »
Ayala Metzger, dont le beau-père Yoram, 80 ans, a été assassiné en captivité par le Hamas, a fait écho aux propos de Zangauker en disant : « Nous voyons bien ce qui se passe depuis quelques semaines, avec l’intensification des combats dans le nord. »
« Combien de Conseils des ministres y a-t-il eu, ces dernières semaines, au sujet des otages ? Combien de contre-propositions ont-ils remis aux intermédiaires [dans les négociations avec le Hamas] ?
Quelques heures plus tard, les manifestants ont marché depuis la Porte Begin et bloqué l’autoroute Ayalon en allumant un petit feu dans la rue.
Des manifestations ont également eu lieu ailleurs en Israël, notamment à Jérusalem, Haïfa, Césarée, Kiryat Gat, Beer Sheva, Rehovot, Ness Ziona, Rishon Lezion, Kfar Saba, Hadera, Raanana, Hod Hasharon et Eilat.
À Jérusalem, les manifestants ont défilé entre la place Sion et la place de Paris, derrière une banderole représentant l’otage assassiné Hersh Goldberg-Polin, américano-israélien de 23 ans enlevé au festival de musique Supernova et qui a survécu à onze mois de captivité jusqu’à ce que cinq de ses compagnons d’infortune et lui-même soient exécutés par leurs ravisseurs lorsque l’armée israélienne s’est rapprochée de leur lieu de détention, dans un tunnel de Rafah, dans le sud de Gaza.
« Que sa mémoire devienne un accord », pouvait-on lire sur la banderole, en référence à l’expression hébraïque traditionnelle utilisée à la mort de quelqu’un – « Que sa mémoire soit une bénédiction » – et à la déclaration du père de Goldberg-Polin selon laquelle la mémoire de son fils devait permettre « de tout changer ».
Sur une autre banderole vue à Jérusalem, on pouvait lire : « Il n’y aura pas d’expiation possible pour une année entière d’abandon », dans des termes qui évoquent les Grandes Fêtes du moment, et particulièrement celle de Yom Kippour, toute proche.
À Césarée, les manifestants ont également manifesté à proximité de l’une des résidences personnelles de Netanyahu, comme ils le font chaque semaine depuis des mois. Une délégation d’anciens combattants de la guerre du Kippour a défilé sous une banderole disant : « Vous êtes le chef, vous êtes coupable ».
Dan Halutz, ex-chef d’État-major de Tsahal expulsé d’une manifestation similaire il y a de cela deux semaines, s’est adressé à la foule, vêtu d’un t-shirt sur lequel on pouvait lire « Des élections immédiatement ». L’ex-chef d’État-major de Tsahal, Moshe Yaalon, a lui aussi pris part à cette manifestation : en compagnie de son homologue et des autres manifestants, ils ont bloqué une route.
Dans une vidéo de la manifestation diffusée sur les réseaux sociaux, on entend l’un de ces dirigeants dire que le corps d’Eden Yerushalmi, 24 ans, assassinée en même temps que Goldberg-Polin et quatre autres otages fin août, ne pesait plus que 36 kilos lorsqu’on l’a retrouvée, quelques jours après l’exécution.
קיסריה המפגינים וביניהם דן חלוץ, בוגי, יעלון עמירם לוין ואמיר השכל מתארגנים לישיבה ממושכת בכניסה לישוב pic.twitter.com/dQHxud4nPk
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À Kiryat Gat, où ont été évacués les habitants du kibboutz Nir Oz, communauté dévastée par l’attaque du 7 octobre, une manifestation a eu lieu, avec leur concours.
À Beer Sheva, des manifestants ont bloqué un important carrefour sur le boulevard Rager de la ville.
On pense que 97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre sont toujours à Gaza, y compris les corps d’au moins 33 morts confirmés par Tsahal.
Le Hamas a libéré 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine à la fin novembre, et quatre otages ont été libérés avant cela. Huit otages vivants ont été secourus par des soldats, et les corps de 37 otages ont également été retrouvés, dont trois tués par erreur par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens qui sont entrés dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps de deux soldats de Tsahal tués en 2014.