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Obama lève le gel sur les livraisons d’armes lourdes à l’Egypte

Le gel était imposé depuis octobre 2013 en raison de la sévère répression suite au renversement de Morsi

Abdul Fatah Al-Sissi, le 26 mars 2014 (Crédit : capture d'écran Al-MasriyaTV/AFP)
Abdul Fatah Al-Sissi, le 26 mars 2014 (Crédit : capture d'écran Al-MasriyaTV/AFP)

Soucieux de maintenir des liens étroits avec un vieil allié dans une région traversée par de profondes secousses, Barack Obama a annoncé mardi la reprise des livraisons d’armes lourdes à l’Egypte, gelées après la répression sanglante contre les partisans du président Morsi.

Washington avait initialement conditionné la reprise de son aide militaire, suspendue en octobre 2013, à des réformes démocratiques dans le pays.

Mais le rôle incontournable de l’Egypte, le plus peuplé et le mieux armé des pays arabes, qui se pose désormais en fer de lance régional dans la lutte contre les djihadistes l’EI, a poussé la Maison Blanche à infléchir sa position.

Lors d’une conversation téléphonique, le président américain a annoncé à son homologue égyptien Abdel Fattah al-Sissi la levée du gel sur la livraisons de 12 avions de chasse F-16, 20 missiles Harpoon ainsi que de pièces pour chars Abrams M1A1.

Ces décisions doivent permettre de répondre aux intérêts communs des deux pays « dans une région instable », a souligné l’exécutif américain.

Impliquée dans la lutte contre les djihadistes du groupe Etat islamique (EI) en Libye, l’Egypte participe par ailleurs à la coalition arabe, dirigée par l’Arabie saoudite, qui mène une intervention militaire au Yémen pour contrer l’avancée des rebelles chiites Houthis.

Au moment où le groupe EI, qui multiplie les atrocités en Irak et en Syrie, étend son influence dans le Sinaï égyptien, la puissante armée égyptienne pourrait constituer l’épine dorsale d’une force arabe dont les contours et le fonctionnement restent cependant à définir.

Lors de cette conversation téléphonique, Obama a aussi indiqué au président égyptien qu’il continuerait à demander une aide annuelle de 1,3 milliard de dollars pour l’Egypte au titre de l’assistance militaire.

Les Etats-Unis allouent chaque année 1,5 milliard de dollars d’aide à l’Egypte, dont 1,3 milliard dans le domaine militaire. Une partie de celle-ci avait été gelée après la répression sanglante contre les partisans du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l’armée le 3 juillet 2013.

L’annonce américaine intervient moins de deux mois après la signature d’un accord entre Paris et Le Caire portant sur l’exportation de 24 exemplaires de l’avion de combat français Rafale, preuve de la volonté de l’Egypte de diversifier ses sources d’armements.

Discussions ‘franches et directes’

Les Etats-Unis, qui ont fourni des milliards de dollars d’aide à l’Egypte depuis que le pays a signé en 1979 un accord de paix avec Israël, n’ont jamais qualifié le renversement de M. Morsi de « coup d’Etat », ce qui les aurait légalement contraints à mettre fin à leur aide. Ils avaient cependant évoqué alors un nécessaire « recalibrage ».

La Maison Blanche a précisé que, lors de son échange avec M. Sissi, M. Obama a réitéré les inquiétudes américaines concernant l’emprisonnement d’activistes non-violents ainsi que les procès de masse. Il a appelé au respect de « la liberté d’expression et de rassemblement ».

Depuis la destitution de M. Morsi, les condamnations extrêmement lourdes se sont multipliées. En un an et demi, plus de 1.400 manifestants pro-Morsi ont été tués, plus de 15.000 de ses partisans emprisonnés. Des centaines de personnes ont été condamnées à mort dans des procès de masse expéditifs qui ont suscité un tollé international.

De nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme accusent M. Sissi d’avoir mis en place un régime plus répressif encore que celui de Hosni Moubarak, contraint de quitter le pouvoir en février 2011 à l’issue d’une révolte populaire.

Bernadette Meehan, porte-parole du Conseil de sécurité nationale (NSC), a assuré mardi que les Etats-Unis continueraient à échanger « de manière franche et directe » avec l’Egypte sur sa trajectoire politique et à évoquer les questions des droits de l’homme « au plus haut niveau ».

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