Pékin ferait pression sur Téhéran pour freiner les attaques des Houthis contre les navires
De récentes réunions sino-iraniennes auraient permis à la Chine, important partenaire commercial de l'Iran, de le mettre en garde contre les actions des Houthis
DUBAÏ, Émirats arabes unis – Les autorités chinoises ont demandé à leurs homologues iraniens de faire leur possible pour freiner les attaques des Houthis – soutenus par l’Iran – contre les navires en mer Rouge, qui nuisent aux relations commerciales avec Pékin, ont déclaré jeudi quatre sources iraniennes et un diplomate proche du dossier.
De source iranienne, ces récentes discussions sur les attaques et le commerce entre la Chine et l’Iran ont eu lieu lors de plusieurs réunions à Pékin et Téhéran, sans plus de détails sur la date à laquelle elles ont eu lieu ou les personnes impliquées.
« En gros, la Chine a dit : ‘Si nos intérêts sont lésés d’une manière ou d’une autre, cela aura un impact sur nos affaires avec Téhéran. Dites donc aux Houthis de faire preuve de retenue’ », a déclaré un responsable iranien au fait de ces pourparlers, qui s’est confié à Reuters sous couvert d’anonymat.
Selon les quatre sources iraniennes, les autorités chinoises n’ont pas fait davantage de commentaires ni proféré de menaces précises quant à la manière dont les relations commerciales entre Pékin et l’Iran pourraient être affectées si ses intérêts étaient lésés par les attaques houthies.
La Chine est le principal partenaire commercial de l’Iran depuis une dizaine d’années, mais leurs relations commerciales sont déséquilibrées.
Selon les données pétrolières de l’institut d’analyse commerciale Kplern, les industries chinoises de raffinage de pétrole ont acheté plus de 90 % des exportations de brut iranien en 2023, profitant des sanctions américaines qui ont éloigné nombre de clients et leur ont permis de bénéficier de remises importantes.
Le pétrole iranien ne représente toutefois que 10 % des importations de brut de la Chine et Pékin dispose de nombreux autres fournisseurs à même de combler les pénuries.
De source iranienne, Pékin a clairement fait savoir qu’il serait très déçu de Téhéran si des navires liés à la Chine étaient touchés ou si leurs intérêts étaient affectés de quelque manière que ce soit.
Selon l’une des sources iraniennes, la Chine est certes importante pour l’Iran, mais Téhéran a des mandataires à Gaza, au Liban, en Syrie ou en Irak, sans oublier les Houthis du Yémen, et ses alliances, comme ses priorités régionales, jouent un rôle majeur dans sa prise de décision.