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Port de la kippa : le président israélien choqué par l’avertissement allemand

Felix Klein avait déjà évoqué l'an dernier auprès du Times of Israel une "prudence" de mise avec le port de la kippa en Allemagne

Le président Reuven Rivlin rencontre des représentants des partis à la résidence du président de Jérusalem, le 16 avril 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le président Reuven Rivlin rencontre des représentants des partis à la résidence du président de Jérusalem, le 16 avril 2019 (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

La mise en garde par l’Allemagne contre le port de la kippa dans le pays est une « capitulation face à l’antisémitisme » et montre que les juifs n’y sont pas en sécurité, a jugé dimanche le président israélien Reuven Rivlin.

« Je ne peux pas conseiller aux juifs de porter la kippa partout tout le temps en Allemagne », en raison de la montée des attaques les visant, avait déclaré la veille le commissaire du gouvernement allemand en charge de l’antisémitisme Felix Klein dans une interview. Klein avait évoqué l’an dernier auprès du Times of Israël une « prudence » de mise avec le port de la kippa en Allemagne.

« L’internet et les médias sociaux y ont fortement contribué, mais aussi les attaques perpétuelles contre notre culture de la mémoire », s’inquiète-t-il, proposant aussi de mieux former les forces de l’ordre parfois indécises sur la nature antisémite ou non des délits.

Le conseil central des Juifs d’Allemagne a déjà plus d’une fois mis en garde contre le port de cette calotte. « Je dois déconseiller à des personnes seules de se montrer dans le centre des grandes villes d’Allemagne avec une kippa », avait déclaré à la radio RBB son président Josef Schuster il y a un an.

Josef Schuster, président du Conseil central des Juifs d’Allemagne, s’exprimant à la synagogue Westend à Francfort-sur-le-Main, en Allemagne le 26 septembre 2016.
(Hannelore Foerster/Getty Images via JTA)

Un cas avait particulièrement choqué à Berlin l’an passé, quand un Israélien portant la kippa avait été frappé à coups de ceinture par un Syrien dans le quartier huppé de Prenzlauer Berg. La victime avait pu filmer une partie de la scène et l’avait postée sur internet.

Les pouvoirs politiques allemands se sont ouvertement inquiétés d’un antisémitisme importé par des migrants venus de pays hostiles à Israël, comme les Syriens, Irakiens ou Afghans arrivés en masse dans le pays en 2015 et 2016.

Les délinquants d’origine arabe sont avant tout des personnes qui vivent depuis assez longtemps en Allemagne, estime M. Klein. « Beaucoup regardent seulement des chaînes arabes qui transmettent une image funeste d’Israël et des Juifs » selon lui.

Interrogé par le journal Handelsblatt, la ministre de Justice social-démocrate Katarina Barley a jugé l’augmentation des délits contre les juifs « honteuse pour notre pays », estimant néanmoins que police et justice étaient « vigilants » dans leur lutte contre le phénomène.

Claudia Vanoni (Crédit : Strafverfolgungsbehörden
Generalstaatsanwaltschaft Berlin)

Dans un entretien avec l’AFP fin mars, la procureure générale de Berlin Claudia Vanoni s’était inquiétée elle aussi d’une résurgence d’un antisémitisme semblant être « profondément enraciné » dans la société.

La procureure avait mis en cause un recul des inhibitions, jugeant que l’entrée de l’extrême droite au Bundestag en 2017, dont certains responsables ont tenu des propos discriminatoires, y avait contribué.

M. Rivlin s’est dit « choqué » par les propos de M. Klein. Tout en appréciant « l’engagement du gouvernement allemand auprès de la communauté juive », le président israélien a accusé M. Klein de plier devant les personnes ciblant les juifs en Allemagne.

« Les craintes concernant la sécurité des juifs allemands sont une capitulation face à l’antisémitisme et admettent encore une fois que les juifs ne sont pas en sécurité sur le sol allemand », a poursuivi le président, cité dans un communiqué.

Les actes criminels à caractère antisémite ont augmenté de quelque 20 % en Allemagne l’an passé, et sont attribués dans 90 % des cas à des personnes issues de milieux d’extrême-droite par le ministère de l’Intérieur allemand.

M. Klein, dont le poste au sein du gouvernement d’Angela Merkel a été créé début 2018, a également mis en cause « des chaînes arabes qui transmettent une image funeste d’Israël et des juifs » et influencent selon lui les délinquants.

Malgré des décennies de repentance pour la Shoah, qui a tué six millions de juifs, l’Allemagne ne fait pas exception en Europe, où un regain des violences antisémites est observé.

Les participants à la manifestation « Berlin porte la kippa », plus de 2 000 juifs et non-juifs portant la calotte traditionnelle en signe de solidarité avec les juifs, le 25 avril 2018 à Berlin, après que l’Allemagne a été secouée par une série d’incidents antisémites. (Crédit : AFP / Tobias SCHWARZ)

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