Pour des députés travaillistes, rejoindre la coalition pourrait détruire le parti
Tout en critiquant la position radoucie de Herzog, Eitan Cabel pense cependant que le parti pourrait reconsidérer sa position si la situation changeait
Les politiciens de l’Union sioniste ont continué dimanche à empiler les critiques sur les revirements du dirigeant de leur parti, Isaac Herzog, pour rejoindre la coalition.
« Je n’ai jamais vu une porte claquée se rouvrir », a déclaré le député Eitan Cabel à la radio militaire dimanche, faisant référence aux anciennes déclarations de Herzog disant que la porte des négociations avait été « fermée » et même « claquée ».
En dépit d’avoir été rejeté par Netanyahu qui lui a préféré Avigdor Liberman et son parti de droite Yisrael Beytenu dans les négociations de coalition ce dernier mois, Herzog a déclaré samedi qu’il y avait toujours une chance que son parti de centre gauche rejoigne le gouvernement, – si le parti HaBayit HaYehudi en était évincé.
« Netanyahu sait précisément quelles sont les conditions, a affirmé Cabel. S’il y a une nouvelle situation dans laquelle tout le monde en Israël regardait et disait ‘Vous n’avez pas le choix, vous devez prendre une action importante’ », alors le parti l’envisagerait, a-t-il suggéré. « Mais nous n’en sommes pas là », a ajouté Cabel.
Le ministre de la Sécurité intérieure Gilad Erdan (Likud) a déclaré dimanche qu’il était peu probable que l’Union sioniste rejoigne la coalition.
« Il est bon d’étendre le gouvernement en ce moment, parce que nous affrontons des défis régionaux et internationaux important, a déclaré Erdan à la radio militaire. Mais sur la base de ce que j’ai vu au Parti travailliste, mon évaluation prudente est que cela n’arrivera pas. »
La position radoucit du dirigeant de l’Union sioniste Isaac Herzog sur la perspective d’entrer dans la coalition s’est heurtée à des députés travaillistes samedi, avertissant que le Parti travailliste – qui compose avec le parti de Tzipi Livni, Hatnua, l’Union sioniste – risquait de ne plus être pertinent s’il continuait à chercher à rejoindre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu plutôt que de chercher à le remplacer.
« A cette vitesse, le Parti travailliste passera d’une alternative au Likud à une alternative à Aleh Yarok [‘Feuille verte’, un petit parti non représenté à la Knesset qui fait campagne pour la légalisation du cannabis], a déclaré le député travailliste Erel Margalit, à la fois sur la taille et sur le fantasme dans lequel nous vivons. »
« Netanyahu a mis en place le gouvernement le plus extrémiste de l’histoire de la nation et au lieu de l’abattre, nous attendons dehors sous la pluie qu’il nous laisse entrer, en échange d’avoir jeté quelques mots sur la paix et les initiatives régionales », s’est plaint Margalit.
Le député travailliste Miki Rosenthal a également exprimé son extrême scepticisme d’une quelconque initiative de paix avancée sérieusement par Netanyahu.
« Le Premier ministre n’a aucune intention de céder sur quoi que ce soit, a-t-il écrit sur Facebook. Netanyahu n’est pas capable d’une action historique importante. Il veut seulement faire entrer l’Union sioniste dans le gouvernement pour servir de feuille de vigne, en anticipation du tsunami diplomatique auquel Israël fera face. »
Rosenthal a prévenu que les ouvertures de paix de Netanyahu « créent des attentes dans le monde arabe, des attentes qui engendreront des déceptions, qui mèneront tristement à des crises et des escalades [de violence]. »
La députée Shelly Yachimovich, numéro deux du parti travailliste, a prévenu que le « roucoulement des colombes de paix » accompagnant les récentes déclarations de Netanyahu et Liberman serait bientôt remplacé par la vision des deux hommes « décapitant ces oiseaux et les cuisant au four, fourré de ce qu’il restera du Parti travailliste, que Dieu l’empêche, s’il les rejoignait. »
Elle a ajouté que le parti soutiendrait une initiative de paix si Netanyahu montrait une volonté réelle de poursuivre une telle avancée. « Si Netanyahu et Liberman menaient un réel processus [de paix], nos mains seront là [pour les votes nécessaires à la Knesset] ; nous serons une opposition constructive », a déclaré Yachimovich.
Mais elle a souligné que c’était « loin de l’état des choses à ce moment ».
« S’il rejette [le parti] HaBayit HaYehudi de la coalition alors nous nous réunirons et considèrerons le sujet », a déclaré Herzog à Modiin, en faisant référence au parti nationaliste religieux de droite qui s’oppose catégoriquement à un état palestinien.
Naftali Bennett, ministre de l’Education et président de HaBayit HaYehudi, a promis de renverser le gouvernement mené par le Likud si nécessaire pour empêcher la mise en place d’un état palestinien.
« Netanyahu a choisi d’aller avec les extrémistes, je ne vois pas un scénario où il se séparera d’eux, a déclaré Herzog. Netanyahu est prisonnier d’un gouvernement de droite radicale. J’ai été avec Netanyahu pendant un long moment, mais au final il a choisi l’extrême droite. »
Le chef de l’opposition a déclaré que les récents discours de Netanyahu et Liberman en faveur d’une solution à deux états au conflit israélo-palestinien étaient positifs, « mais pas suffisants ».
Lundi, Netanyahu avait en partie soutenu pour la première fois officiellement l’Initiative de paix arabe de 2002. Jeudi soir, Netanyahu aurait déclaré au secrétaire d’Etat américain John Kerry qu’il disait « oui » aux efforts régionaux pour faire avancer la paix.
« Les Arabes ne croient pas Liberman et Netanyahu. Ils veulent voir des actes », a déclaré Herzog.
Dans la semaine, Netanyahu et Liberman avaient promis de rechercher un accord de paix avec les Palestiniens, ce à quoi Bennett avait répondu qu’il « se tiendrait comme un mur fortifié contre des erreurs historiques ».