Pour le chef de l’AIEA, le temps presse pour relancer l’accord sur le nucléaire iranien
Trump n'a pas encore nommé de responsable pour le programme nucléaire iranien, qui s'est considérablement renforcé depuis que le président américain s'est retiré de l'accord durant son précédent mandat

MUNICH, Allemagne – Le temps presse pour parvenir à un accord sur le programme nucléaire iranien, alors que Téhéran continue d’accélérer ses activités d’enrichissement de l’uranium pour atteindre un niveau proche de l’usage militaire, a déclaré vendredi le chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi.
« Je pense que nous manquons de temps, mais cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas agir rapidement », a déclaré Grossi, chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique, lors d’une interview qui a été accordée en marge de la conférence de Munich actuellement consacrée à la sécurité.
« L’AIEA est présente et dispose de toutes les informations et de tous les éléments nécessaires – mais pour ce qui est de la politique, c’est aux pays de décider », a-t-il affirmé.
L’Iran a considérablement renforcé ses activités nucléaires depuis 2019, après que le président américain Donald Trump – qui en était alors à son premier mandat – a abandonné un accord qui avait été conclu en 2015 par l’administration de son prédécesseur Barack Obama.
La diplomatie étant dans l’impasse s’agissant du nucléaire, les projecteurs se sont tournés vers Trump et vers la manière dont il entend traiter le dossier.
Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de politique claire sur la question – et l’Iran a continué à faire avancer son programme nucléaire, accélérant ses travaux d’enrichissement de l’uranium jusqu’à un degré de pureté de 60 %, ce qui est proche des 90 % environ qui sont nécessaires pour assembler une ogive nucléaire.

Le chef de l’AIEA a ajouté que Téhéran disposerait probablement d’environ 250 kilogrammes d’uranium enrichi à 60 % d’ici la diffusion du prochain rapport de l’agence – un rapport qui sera publié dans les prochaines semaines.
Si ces activités d’enrichissement doivent continuer, alors la république islamique pourrait, en principe, fabriquer six bombes nucléaires, selon les critères de l’AIEA.
« C’est un signal qu’il faut prendre très au sérieux. C’est pourquoi je pense que nous ne devrions pas perdre plus de temps. J’espère que nous pourrons nous recentrer sur l’Iran », a-t-il dit.
La république islamique affirme que son programme nucléaire est exclusivement destiné à des fins civiles, mais les niveaux d’enrichissement atteints par l’Iran ne sont nécessaires qu’à des fins militaires. Depuis des décennies, Téhéran appelle à la destruction d’Israël et œuvre activement à la réalisation de cet objectif.
L’AIEA attend « avec impatience » la nomination de son envoyé
Soulignant les difficultés dans le dossier, Trump n’a pas encore nommé d’équipe ou d’envoyé pour traiter cette question iranienne – laissant ses alliés et notamment la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, qui font partie de l’accord de 2015, dans l’incertitude.
Les puissances européennes espéraient convaincre l’Iran de commencer à négocier de nouvelles restrictions sur ses activités nucléaires en vue de conclure un accord d’ici l’été prochain.
Ce qui donnerait suffisamment de temps pour mettre en œuvre de nouvelles limites au programme iranien et pour lever les sanctions avant l’expiration de l’accord de 2015 en octobre 2025.

« Nous attendons avec impatience la nomination d’un envoyé américain sur la question de l’Iran pour pouvoir commencer à échanger nos points de vue et pour voir quelles seront les prochaines étapes », a précisé Grossi. « Nous sommes en contact, mais nous n’avons pas été en mesure d’avoir une conversation politique avec une personnalité chargée de mettre en œuvre les politiques du président ».
À la demande des Européens, le Conseil des gouverneurs de l’AIEA, composé de 35 pays, a adopté au mois de novembre une résolution ordonnant à l’Iran d’améliorer d’urgence sa coopération avec l’agence et exigeant un rapport « complet » pour le printemps, avec pour objectif de pousser l’Iran à se relancer dans de nouveaux pourparlers.
Interrogé sur la possibilité que le rapport soit prêt pour la prochaine réunion du Conseil, qui aura lieu au mois de mars, Grossi a estimé qu’il y aurait « très peu de valeur ajoutée » à ce que l’agence a déjà signalé.
« Cela viendra. Cela pourrait être en mars, mais plus probablement un peu plus tard », a expliqué Grossi.
L’équipe du Times of Israel a contribué à cet article.