Pour Netanyahu, l’armée israélienne peut « gérer elle-même les menaces »
Le cabinet s'est réuni dans un centre de commandement souterrain pour une évaluation de la situation simulée pendant un exercice militaire consacré à l'Iran et à la frontière nord
Emanuel Fabian est le correspondant militaire du Times of Israël.
Le cabinet de sécurité de haut-rang s’est réuni, dimanche soir, dans le principal centre de commandement des opérations souterrain de l’armée, à Tel Aviv, pour simuler les décisions politiques pendant une guerre multi-front.
Le 29 mai, l’armée israélienne a lancé un exercice de grande envergure de deux semaines dans tout le pays – qui a été appelé « Main Ferme » – impliquant les soldats en exercice et les réservistes de presque tout le pays.
A l’occasion de cet entraînement, l’armée de l’air est notamment amenée à simuler des « frappes stratégiques » dans les profondeurs du territoire ennemi dans le cadre d’un scénario de guerre totale et la marine, de son côté, met à l’épreuve ses actions offensives et défensives, a fait savoir une source militaire.
Dimanche, les membres du cabinet de sécurité se sont rencontrés au siège de Tsahal, à Tel Aviv, pour prendre part à une simulation d’évaluation de la situation dans le cadre de cet exercice.
Dans des propos tenus au début de la réunion, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a dit que « nous sommes convaincus que nous pouvons gérer seuls les menaces », une référence apparente aux efforts livrés par les États-Unis pour trouver une solution diplomatique avec l’Iran concernant son programme nucléaire.
« La réalité change rapidement dans notre région. Nous ne stagnons pas. Nous adaptons notre doctrine de guerre et nos options de passage à l’acte conformément à ces changements, conformément à nos objectifs qui, eux, ne changent pas », a ajouté le Premier ministre.
Alors que l’entraînement et la rencontre du cabinet étaient programmés au préalable, ils ont eu lieu pendant une nouvelle escalade des tensions entraînée par le programme nucléaire de la république islamique et dans le cadre d’avertissements lancés par Israël, qui a fait savoir qu’un conflit plus large pourrait survenir dans ce contexte.
Téhéran a renforcé ses avancées nucléaires depuis 2018 – année où les États-Unis s’étaient unilatéralement retirés de l’accord signé en 2015, qui limitait les activités d’enrichissement de l’uranium de l’Iran en échange d’un allègement des sanctions imposées au pays.
Les négociations visant à relancer l’accord, le JCPOA (Plan d’action global commun) ont cessé l’année dernière – mais des informations récentes ont laissé entendre que des démarches avaient pu être entreprises pour reprendre l’initiative diplomatique, entraînant l’inquiétude, pour Israël, de ce qu’un nouvel accord puisse accorder une nouvelle légitimité aux activités nucléaires de l’Iran et éroder le soutien international apporté à une potentielle action militaire.
Israël exerce des pressions sur les États-Unis afin qu’ils se préparent à la possibilité d’une action militaire dans le but d’empêcher l’Iran de se doter d’une arme atomique. Le président américain Joe Biden a indiqué qu’il était prêt à utiliser la force militaire si nécessaire mais qu’il préférait épuiser d’abord toutes les voies diplomatiques.
Israël s’était encore prononcé, la semaine dernière, en défaveur d’un tel accord, Netanyahu, le ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef d’état-major de Tsahal, Herzi Halevi, durcissant à nouveau le ton.
De même, pendant la réunion de dimanche, Netanyahu a déclaré qu’Israël « s’engage à passer à l’acte contre le programme nucléaire iranien, contre les attaques aux missiles perpétrées contre l’État d’Israël et contre une possibilité d’une convergence des lignes de front – ce que nous appelons une campagne à multiples fronts ».
« Ce qui nécessite de notre part de réfléchir – si nous pouvons le faire au préalable – à certaines des décisions que le cabinet et que le gouvernement de l’État d’Israël devront prendre en coordination avec l’establishment de la Défense… C’est là l’objectif de l’exercice », a-t-il dit.
« Nous sommes sûrs et nous avons la conviction que nous serons en mesure de prendre en charge seuls toutes les menaces, avec d’autres moyens également », a-t-il continué.
Lors de la rencontre, les responsables de Tsahal ont informé les membres du cabinet de sécurité du scénario de leur simulation de guerre, qui se concentre tout particulièrement sur les frontières du nord qu’Israël partage avec le Liban et la Syrie, ainsi que sur l’Iran.
L’armée a indiqué que pendant l’exercice, les soldats « devront gérer des difficultés et des événements soudains simultanément, sur de multiples fronts ».
L’armée a averti que les forces de sécurité et les avions survolant le territoire seraient bien plus nombreux que d’habitude pendant toute la durée de l’entraînement.
L’année dernière, Tsahal avait organisé son exercice le plus important depuis des décennies. Les « Chariots de feu » – c’est le nom qui avait été donné à cet entraînement exceptionnel – s’étaient focalisés sur des événements soudains éclatant sur de multiples fronts au même moment tout en mettant tout particulièrement en exergue des combats contre le Hezbollah au Liban, le groupe terroriste soutenu par l’Iran.
Au vu de l’absence de progrès concernant une réintégration de l’Iran dans l’accord nucléaire de 2015 qui avait été conclu avec les puissances mondiales, l’armée a néanmoins accru ses efforts, depuis deux ans, visant à mettre en place une menace militaire crédible contre les sites nucléaires de l’Iran.
Pendant l’exercice des « Chariots de feu », l’année dernière, des dizaines d’avions de chasse israéliens avaient fait des manœuvres en mer Méditerranée, simulant des frappes contre les structures nucléaires du régime de Téhéran.