Israël en guerre - Jour 502

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Pourquoi avoir des cofondateurs juifs et arabes est-il bon pour une affaire ?

Forsan Hussein et Ami Dror ont fondé Zaitoun Ventures il y a un an et demi pour soutenir les start-ups judéo-arabes. Les investisseurs n’en ont pas assez.

Simona Weinglass est journaliste d'investigation au Times of Israël

Les cofondateurs de Zaitoun Ventures, Forsan Hussein (à gauche) and Ami Dror (autorisation)
Les cofondateurs de Zaitoun Ventures, Forsan Hussein (à gauche) and Ami Dror (autorisation)

Le secteur high-tech israélien est le point positif de l’économie du pays, mais il n’est pas très varié. Dans beaucoup de start-ups prometteuses, vous aurez du mal à trouver un employé orthodoxe, ou quelqu’un de plus de 40 ans, ou un arabe citoyen israélien. Les femmes aussi sont une minorité distincte, tout comme les Israéliens qui n’ont pas grandi avec les avantages de la classe moyenne.

Selon Forsan Hussein et Amir Dror, les cofondateurs de Zaitoun Ventures, une firme d’investissement hybride d’un an et demi, le manque de diversité est en fait un inconvénient net, parce qu’il mène à une pensée de groupe homogène.

« Les études entrepreneuriales montrent que la diversité est bénéfique à la compagnie, explique Hussein. Nous savons tous qu’Israël est l’un des pays les plus variés du monde, et pourtant notre diversité n’a pas été transformée en avantage compétitif – elle n’a été qu’une source de suspicion et de division. »

C’est pour cela qu’Hussein et Dror, des Israéliens musulman et juif, ont construit et investi dans des compagnies soit cofondées par des juifs et des arabes, soit où le capital humain est aussi diversifié que possible.

Ils favorisent également les compagnies qui rendent service au monde d’une manière ou d’une autre. Zaitoun Ventures a investi près de 19 millions de dollars pendant sa première année d’existence, et devrait investir environ 100 millions en 2016. Le duo décrit leurs investisseurs comme un « club de milliardaires » européens, américains et chinois aux noms très connus.

« Pour chaque compagnie dans laquelle nous investissons, explique Dror, nous demandons au président de mener un processus de diversification. Dans les trois années suivant notre investissement, nous voulons qu’il soit arrivé à 30 % de diversité du capital humain. Cela signifie embaucher des arabes, des orthodoxes, des Ethiopiens, mais aussi des femmes. »

Ce n’est pas que Zaitoun Ventures soit une organisation non lucrative. « La première chose que nos investisseurs veulent est faire un bon investissement et en retirer autant d’argent que possible, déclare Dror. Chaque jour quand nous nous réveillons, c’est ce que nous voulons aussi. »

Le portefeuille de Zaitoun

Les compagnies dans lesquelles Zaitoun a soit investi soit incubé comprennent :

Myndlift : une application qui utilise une interface cerveau-ordinateur pour aider les personnes souffrant d’hyperactivité et de troubles de la concentration à se concentrer. Elle a été fondée par deux amis arabes israéliens de Baqa al-Gharbiya quand ils avaient à peine 19 ans.

Sidis Labs : une compagnie qui a développé un outil portable pour atténuer le mal des transports.

Ninispeech : une application qui aide les personnes qui bégaient.

Comedy Break : une start-up dont les copropriétaires sont Omri Marcus – un ancien auteur de l’émission israélienne comique « Eretz Nehederet » – et une compagnie palestinienne de logicielle à Ramallah. Elle utilise la reconnaissance faciale pour déterminer votre goût en comédie et vous proposez plus de ce que vous aimez.

Teramount : une compagnie de fibre optique utilisant les nanotechnologies cofondée par deux diplômés de l’université hébraïque – l’un musulman, l’autre juif.

Galaprompter : une application qui vous permet de regarder un opéra ou une représentation en direct dans la langue de votre choix.

IceCure : un dispositif médical approuvé par l’administration américaine qui tue les tumeurs mammaires en les congelant.

La connexion chinoise

Hussein et Dror annoncent qu’environ la moitié de leurs investisseurs sont européens et américains, et que l’autre moitié est chinoise. Mais en termes de montants, leurs investissements sont à 90 % chinois.

« Nous rencontrons des douzaines de millionnaires et milliardaires chinois qui nous demandent de bien vouloir les aider à investir en Israël », déclare Hussein.

Quand on leur demande pourquoi cet intérêt pour Israël, Hussein répond : « Ils pensent qu’Israël possède une intelligence qu’aucun autre pays dans le monde n’a, particulièrement les Israéliens juifs. Ils pensent que les juifs sont les personnes les plus intelligentes du monde, et également les meilleurs gestionnaires financiers. »

Forsan Hussein (Facebook)
Forsan Hussein (Facebook)

Quand on lui demande s’il accepte cette affirmation, Hussein répond : « Je suis d’accord. Personne ne peut enlever l’innovation israélienne. La capacité à être si créatif et innovant est l’histoire d’Israël à bien des égards. »

Dror ajoute que les Chinois sont dans un processus de transformation de leur économie, d’une économie basée sur la fabrication à une basée sur l’innovation. Zaitoun forme aussi les entrepreneurs israéliens à entrer sur le marché chinois.

Mais même si les innovateurs chinois veulent gagner de l’argent, beaucoup sont intéressés par l’histoire israélo-palestinienne et la promotion de la coexistence.

« Nos investisseurs ont gagné beaucoup d’argent ces vingt dernières années. Ce n’est pas assez pour eux de simplement l’investir, ils veulent aussi faire le bien », dit Dror.

Des histoires de réussite israéliennes

Dror, 42 ans, et Hussein, 38 ans, sont tous deux des histoires israéliennes d’Horatio Alger, des garçons de familles pauvres dont le bon sens, le talent et le travail ont payé.

Alors qu’ils commandent avec assurance leurs boissons dans un café de Tel Aviv fréquenté par les gens en vue, vous ne devineriez jamais que Dror a grandi dans une famille avec peu de moyens à Ashkelon, fils d’un survivant de l’Holocauste, alors qu’Hussein a grandi pauvre dans le village arabe israélien de Shaab.

En 2005, Dror, qui a étudié l’ingénierie informatique, a cofondé XPAND 3D, devenue une compagnie multimilliardaire en dollars. Hussein travaillait dans la construction jusqu’à ce qu’il décroche une bourse scolaire pour Brandeis, qui était alors l’école John Hopkins pour les études internationales supérieures, puis pour l’école de commerce de Harvard, suivie par des performances en tant que consultant en investissement pour Capital Group, et président du YMCA Jérusalem et de la compagnie Three Arches.

Les deux hommes se sont rencontrés via un ami commun et passent maintenant tellement de temps ensemble qu’ils se décrivent humoristiquement comme « mariés ».

Ami Dror (Facebook)
Ami Dror (Facebook)

Dror dit que Zaitoun Ventures a suffisamment d’investisseurs, que la raison pour laquelle ils souhaitaient un entretien est de montrer que « dans cette mer de négativité que les gens voient autour d’eux, il y a aussi des graines de choses qui sont positives ».

Dror dit que Hussein et lui vont régulièrement dans lez zones contrôlées par les Palestiniens, où ils délocalisent beaucoup le développement de logiciel. Les codeurs palestiniens coûtent le même prix qu’en Inde, mais sont, selon Dror, en général meilleurs et s’interrogent plus sur leurs approches. Ils sont également dans le même fuseau horaire, et il est possible de les rencontrer en face à face quand cela est nécessaire.

« Quand des enfants palestiniens nous voient ensemble, ils nous demandent ‘Qu’est-ce que vous faites ?’, et ensuite, ils disent ‘OK, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu avant’. »

« Quelle histoire, si une compagnie arabe ou palestinienne faisait une sortie, ajoute Hussein. Au lieu que les enfants soient remplis de haine, de peur et d’ignorance et veuillent dédier leur vie au royaume des martyrs, que se passerait-il s’ils voulaient être des génies ? »

« Nous comprenons que cette région a besoin d’espoir, explique Dror. Nous faisons des bénéfices financiers, et nos compagnies font des bénéfices financiers. Mais les gens qui entendent parler de ce que nous faisons, font des bénéfices parce que nous avons créé de l’espoir. Nous aimerions voir plus de compagnies comme la nôtre. Nous aimerions voir des Coréens du Sud et du Nord créer des compagnies ensemble… Des sunnites et des chiites. »

Mais Dror souligne que Zaitoun Ventures n’est pas une compagnie pacifique. C’est une compagnie qui fait de bonnes affaires.

« Quand nous avons un groupe de Palestiniens travaillant avec un groupe d’Israéliens, cela me réchauffe le cœur, particulièrement parce que j’y gagne de l’argent. »

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