Premier retour au kibboutz Kfar Aza pour un survivant de l’attaque du Hamas
"Les gens qui ont fait ça ne sont pas humains, ce sont des animaux, ils ont tué sans problème, comme pour s'amuser", déplore Amnon Tal

Amnon Tal a accepté la mission « parce qu’il a la chance d’être encore en vie » : revenir le premier, pour récupérer des affaires, dans les ruines de son kibboutz, ciblé par l’attaque sanglante des terroristes palestiniens du Hamas.
« Nous allons chez la famille Fakter, j’ai des trucs à récupérer, je vais les appeler », explique-t-il en roulant à toute vitesse au milieu du verre brisé et des débris noircis laissés par ce que les Israéliens appellent désormais le « samedi noir ».
Le 7 octobre au petit matin, le village communautaire Kfar Aza, situé à 1,5 km de la bande de Gaza, a été attaqué par une horde de plusieurs milliers de terroristes du Hamas venus du territoire palestinien sous leur contrôle mais aussi par des civils. Ils sont passés de maison en maison pour exécuter les habitants, dont beaucoup d’enfants et de bébés.
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Pendant les quelques heures qu’a duré l’attaque, au moins 100 des 700 habitants du kibboutz, parmi lesquels des enfants, ont été tués.
« Nous sommes les survivants », réalise en même temps qu’il le dit, Amnon Tal, 55 ans. « Celui qui revient ici en fait, c’est celui qui est encore en vie ».
Au téléphone avec sa voisine, il passe au milieu d’un salon dévasté par des combats à la grenade, jette un œil dans la chambre d’enfants et récupère dans une commode des cartes de vœux et un peu d’argent en espèces pour les lui ramener.

Dans le coffre de sa voiture, il y a déjà un portrait encadré d’un voisin, décroché de son salon pour être mis sur son cercueil.
Les clés confiées par les voisins, accrochées à un cordon dans sa voiture, ne servent plus à rien. A Kfar Aza, plus aucune maison n’a de porte ou de fenêtre.
« Les gens qui ont fait ça ne sont pas humains, ce sont des animaux, ils ont tué sans problème, comme pour s’amuser », déplore le survivant, qui va de funérailles en funérailles de ses amis et voisins.
Devant sa maison, le panneau « Famille Tal » est renversé sur le gazon. Amnon, le père de famille, un Israélien d’origine indienne qui travaille à l’usine de plastique locale, montre la pierre du jardin qui a servi aux deux attaquants du Hamas pour exploser la vitre de sa porte et envahir la maison.
« Là, regardez ils ont tiré de la fenêtre à la kalachnikov », dit-il en désignant dans la cuisine son frigidaire perforé.

La chambre de son fils est criblée d’impacts de balles, jusque dans l’écran de la console de jeu. Les douilles dorées des fusils des islamistes du Hamas recouvrent le matelas de l’ado de 16 ans.
Tout le temps de l’attaque, Amnon était réfugié avec son fils et sa femme dans l’abri anti-roquette de sa maison. Une pièce renforcée avec une porte blindée qui s’ouvre, malheureusement, aussi bien de l’extérieur que de l’intérieur.
Dès les premiers coups de feu, le père, muni pour seule arme d’un couteau de boucher de 30 cm, a eu la présence d’esprit d’ôter la poignée extérieure de la porte.
« Je suis resté comme ça, le couteau à la main pendant quatre heures », mime-t-il, collé à la porte, revivant la scène les yeux exorbités.
Amnon Tal ne veut pas entendre parler de soutien psychologique. Il assure qu’il est « assez fort » et préfère se rendre utile pour sa communauté traumatisée.
Sa famille a été mise à l’abri avec les autres survivants dans un kibboutz du centre du pays.
« On ne reviendra pas tant qu’on en a pas fini » avec le Hamas, dit-il.
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