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« Premiers lésés », les dirigeants arabes israéliens contre la réforme judiciaire

Un appel, signé par 200 personnalités, invite les Arabes à manifester : "Nous serons les premières victimes de ce coup d’État. Il est de notre devoir de nous y opposer"

Illustration : Des Israéliens arabes manifestent contre la violence, la criminalité et les récents meurtres dans leur communauté, dans la ville arabe d’Umm al-Fahm, le 22 octobre 2021. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)
Illustration : Des Israéliens arabes manifestent contre la violence, la criminalité et les récents meurtres dans leur communauté, dans la ville arabe d’Umm al-Fahm, le 22 octobre 2021. (Crédit : Jamal Awad/Flash90)

Quelque 200 dirigeants arabes israéliens ont signé, samedi, une pétition contre la réforme judiciaire et ont invité leur communauté à se joindre aux manifestations de grande ampleur qui sont organisées.

Ces dirigeants arabes – maires, ex-députés, artistes, enseignants – disent dans leur pétition que la disparition des contrepouvoirs aura très vraisemblablement des répercussions sur la communauté minoritaire, qui sera sans doute la première lésée.

« Un changement de régime est en cours – un changement qui aura des conséquences sur la vie de tous, à titre personnel mais pas uniquement et la population arabe en sera la première victime », est-il écrit dans la pétition.

« Le gouvernement a l’intention de porter atteinte au système judiciaire. Même si les tribunaux n’ont pas su protéger nos droits nationaux et civils, leur présence nous a protégés contre d’autres violations de la part du gouvernement », a-t-il déclaré.

La pétition dit estimer que la réforme ouvrira la voie à un affaiblissement de la représentation arabe dans les instances publiques, et « en particulier à la Knesset ».

Les députés de Hadash-Taal, Ayman Odeh (à gauche), et Ahmad Tibi lors d’un vote à la Knesset à Jérusalem, le 15 février 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Elle s’inquiète également du risque d’affaiblissement des droits des Palestiniens vivant sous le régime militaire israélien en Cisjordanie, sans recours possible à la protection des tribunaux.

« Par conséquent, nous appelons notre peuple et les institutions qui nous représentent à faire entendre leur voix, à participer aux manifestations et à organiser des activités locales. Nous serons les premières et principales victimes de ce coup d’État. Il est de notre devoir de nous y opposer », ont-ils déclaré.

Jusqu’à présent, les Arabes israéliens ont plutôt été en marge des manifestations anti-réforme.

Lundi dernier, le chef du parti islamiste Raam, Mansour Abbas, n’a pas pris part à une conférence de presse conjointe des leaders de l’opposition contre la réforme, bien qu’il ait exprimé son opposition au projet de réforme judiciaire.

« Nous sommes tous unis contre le projet du gouvernement, ce projet visant à supprimer l’état de droit et la justice, pour contrôler le système judiciaire », a déclaré Abbas dans un communiqué publié par Raam.

Le parti à majorité arabe Hadash Taal n’avait pas été convié à la conférence de presse.

Lors des précédentes manifestations, les organisateurs ont demandé aux participants de ne pas arborer le drapeau palestinien, de crainte que cela ne polarise l’assistance et que cela ne nuise au soutien des Israéliens juifs.

Les manifestations de grande ampleur contre la réforme judiciaire ont repris samedi soir, pour le septième week-end consécutif, à Tel Aviv, Jérusalem, Haïfa, Beer Sheva et ailleurs.

Des Israéliens protestant contre le gouvernement actuel et son projet de refonte du système judiciaire, à Tel Aviv, le 18 février 2023. (Crédit : Avshalom Sassoni/Flash90)

Le principal événement a eu lieu, comme d’habitude, à Tel Aviv, avec de nombreuses rues barrées.

À Jérusalem, les manifestants se sont rassemblés devant la résidence du président.

Lundi doit avoir lieu à la Knesset la première lecture du projet de loi donnant au gouvernement la haute-main sur la nomination des juges et de celui visant à mettre les lois fondamentales à l’abri de toute forme de contrôle judiciaire.

L’examen se poursuivra sur d’autres pans du projet de réforme au sein de la Commission de la Constitution, du Droit et de la Justice de la Knesset.

Les organisateurs des manifestations ont lancé un mot d’ordre pour faire de demain, lundi, une « journée nationale de lutte », avec une grande manifestation prévue devant la Knesset, des défilés dans plusieurs villes et la fermeture de certaines entreprises.

Autorités judiciaires, dirigeants du secteur de la finance et du commerce et figures bien connues des forces de l’ordre ont été nombreux à faire part de leurs mises en garde contre les projets du gouvernement, affirmant qu’ils auraient pour effet de saper les fondements de la démocratie, de l’économie et de la sécurité du pays.

Lundi dernier, des dizaines – sinon des centaines – de milliers de personnes se sont rassemblées devant la Knesset pour manifester contre la poursuite des votes sur le projet de réforme.

Des Israéliens vêtus de costumes inspirés de « La Servante écarlate » participent à une manifestation contre les projets du gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de réformer le système judiciaire, devant la Knesset à Jérusalem, le 13 février 2023. (Crédit : AP Photo/Ohad Zwigenberg)

Œuvre du ministre de la Justice Yariv Levin, soutenue par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, la réforme judiciaire aurait pour effet de donner au gouvernement un contrôle total sur la nomination des juges, dont ceux de la Cour Suprême, de grandement affaiblir la capacité de cette Cour à invalider des lois et de permettre à la Knesset de légiférer de nouveau sur des lois précédemment invalidées avec une courte majorité de 61 voix.

Les critiques de cette réforme assurent qu’avec l’adoption de cette loi – et d’autres – les réformes radicales qu’elles mettront en place saperont les fondements-mêmes de la démocratie israélienne, bouleversant son système de contrepouvoirs et concentrant la quasi-totalité du pouvoir entre les mains de l’exécutif, sans aucune protection des droits individuels ou des minorités.

Netanyahu et d’autres membres de la coalition ont écarté ces critiques, affirmant que les changements auront au contraire pour effet de renforcer la démocratie, en rendant au peuple un pouvoir qui, disent-ils, lui a été dérobé par un système judiciaire qui serait « élitiste » et « déconnecté des réalités ».

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