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Réfugiés syriens : la Jordanie atteint le point de rupture

Accueillant des centaines de milliers de réfugiés syriens, Amman compte sur la conférence des donateurs jeudi à Londres pour alléger un fardeau financier qui menace son économie croulant sous la dette

Photo d'illustration : Photo prise le 11 janvier 2015, montrant des réfugiés syriens debout à côté de tentes de l'ONU au camp de réfugiés de Zaatari, au nord est de la capitale jordanienne Amman. Plus d'1,1 million de Syriens ont  passé la frontière vers le Liban et environ 600 000 sont en Jordanie, selon le HCR, le 28 août 2015. Amman avance le chiffre de 1,4 million, soit 20 % de la population du royaume qui est pauvre en ressource. (Crédit : AFP PHOTO / KHALIL MAZRAAWI)
Photo d'illustration : Photo prise le 11 janvier 2015, montrant des réfugiés syriens debout à côté de tentes de l'ONU au camp de réfugiés de Zaatari, au nord est de la capitale jordanienne Amman. Plus d'1,1 million de Syriens ont passé la frontière vers le Liban et environ 600 000 sont en Jordanie, selon le HCR, le 28 août 2015. Amman avance le chiffre de 1,4 million, soit 20 % de la population du royaume qui est pauvre en ressource. (Crédit : AFP PHOTO / KHALIL MAZRAAWI)

Cette conférence est « une occasion en or » pour permettre à la communauté internationale de « rectifier le tir » et d’accroître « l’aide et le soutien » aux pays les plus touchés par la guerre syrienne, a déclaré le roi Abdallah II, qui sera présent à Londres.

« Pour la première fois (…) nous ne pouvons continuer ainsi » et « tôt ou tard, je pense que le barrage va céder », a par ailleurs prévenu le roi dans un entretien diffusé par la BBC à la suite de la visite lundi du ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond à Amman.

Sur les 4,6 millions de Syriens réfugiés à l’étranger, quelque 630.000 sont enregistrés auprès du Haut Commissariat des Réfugiés (HCR) en Jordanie, mais les autorités évaluent leur nombre à plus d’un million.

Cette présence pèse lourdement sur le petit royaume peuplé au total de 9,5 millions de personnes (avec les immigrés et les réfugiés), en bonne partie désertique, dépourvu de ressources naturelles et dépendant de l’aide internationale.

Amman évalue le coût des réfugiés à 2,7 milliards de dollars pour la seule année 2016.

Le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour, septembre 2013 (Crédit : Capture d’écran Youtube/BBCWorldNews)
Le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour, septembre 2013 (Crédit : Capture d’écran Youtube/BBCWorldNews)

« Nous demandons à la communauté internationale de nous aider avec cette somme afin que nous puissions continuer à remplir nos devoirs vis à-vis des réfugiés », a lancé ce week-end le Premier ministre Abdallah Nsour en visitant le camp de réfugiés d’al-Azraq.

« Sans un appui sur le long terme, la Jordanie ne pourra plus continuer à fournir de l’aide aux réfugiés », a averti pour sa part le ministre du Plan Imad al-Fakhouri lors d’une réunion avec des représentants des pays donateurs. Sinon le royaume sera « contraint de prendre des mesures douloureuses qui conduiraient à plus d’afflux de réfugiés vers l’Europe », a-t-il prévenu.

‘Grave crise économique’

La crise syrienne a coûté 6,6 milliards de dollars au pays depuis 2011, selon les autorités.

Celle-ci est la première responsable de la « grave crise économique » que traverse la Jordanie, souligne Mohamed Abou Romman, du Centre des études stratégiques à Amman.

Pour lui, la communauté internationale ne prend pas suffisamment en compte « l’ampleur de l’impact de l’afflux des réfugiés sur les services de bases comme l’enseignement, l’énergie ou la santé, outre ses effets indirects comme l’inflation ». S’y ajoutent les pressions sur le marché du travail.

Sur le plan des échanges, la fermeture des voies commerciales avec la Syrie « a engendré un manque à gagner assez important », accentué par l’impact de l’insécurité liée à la montée des groupes jihadistes, souligne Férid Belhaj, directeur de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient.

La Banque Mondiale fait partie des organisations mobilisées pour aider le royaume « à réduire sa vulnérabilité », notamment via des réformes de ses services publics et des mécanismes de financement à faible coût.

Mais la Jordanie ploie déjà sous une dette extérieure supérieure à 34,8 milliards de dollars, soit 90 % du PIB, « un niveau trop élevé » alors que « le taux de croissance recule dangereusement », selon Mohamed Awad, analyste économique. La croissance a baissé de 3,1 % en 2014 à 2,4 % en 2015.

Le Parlement a adopté en janvier un budget de près de 12 milliards de dollars pour 2016 avec un déficit de 1,27 milliard.

Dans de telles conditions, le royaume reste plus que jamais dépendant de l’aide étrangère qui lui est fournie notamment par les Etats-Unis et les pays du Golfe. Cette aide s’est élevée à plus de 2,5 milliards de dollars en 2015.

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