République tchèque : Inauguration d’un mémorial rom sur un ex-camp nazi
327 Roms y sont morts, parmi lesquels 241 enfants de moins de 14 ans, et plus de 500 ont été déportés vers Auschwitz-Birkenau
Un mémorial rom a été inauguré mardi en République tchèque, à l’emplacement d’un ancien camp de concentration construit pendant la Seconde Guerre mondiale.
Il compte un centre d’accueil présentant l’histoire de la communauté des gens du voyage.
Le site comprend aussi un grand cercle de 160 mètres de diamètre où sur des plaques métalliques sont inscrits les noms des victimes et des survivants du camp.
Pris pour cible par les nazis, quelque 1 300 Roms furent emprisonnés dans le camp de Lety, au sud de Prague.
327 Roms y sont morts, parmi lesquels 241 enfants de moins de 14 ans, et plus de 500 ont été déportés vers le camp de la mort d’Auschwitz-Birkenau, dans le sud de la Pologne occupée par les nazis.
Sur les 9 500 Roms tchèques dénombrés avant la Seconde Guerre mondiale, moins de 600 ont survécu à la Shoah.
« Enfin ! Nous pouvons enfin rendre un hommage digne aux victimes de l’idéologie monstrueuse qui s’est emparée de l’Europe dans les années 1930 et 1940 », a déclaré le Premier ministre tchèque, Petr Fiala.
« Nous devons admettre ouvertement que cela nous a pris trop de temps », a-t-il ajouté lors de la cérémonie inaugurale.
Dans les années 1970, la République tchécoslovaque, pays du bloc communiste, a fait construire un élevage porcin sur l’ancien site du camp.
Après la chute du régime communiste en 1989, la Tchécoslovaquie a été divisée en deux États quatre ans plus tard.
Mais il aura fallu des décennies au gouvernement pour obtenir le démantèlement de l’élevage.
Les Roms, paupérisés, vivent pour leur part toujours en marge de la société tchèque.
« Nous nous acquittons d’une dette sociétale que nous devons depuis des décennies aux victimes de l’holocauste rom et à tous les survivants », a déclaré de son côté le président tchèque Pavel lors de la cérémonie.
« Avertissement »
En 1995, le président tchèque Vaclav Havel avait inauguré un mémorial près de la ferme, mais les autorités n’avaient pas touché à l’exploitation, qui appartenait à un gestionnaire privé.
Il aura fallu attendre 2018 pour que le gouvernement tchèque rachète le site et entreprenne la construction d’un mémorial, sous la pression de la minorité rom et d’instances internationales, dont les Nations unies et l’Union européenne (UE).
La République tchèque, pays membre de l’UE de 10,9 millions d’habitants, abrite une communauté rom estimée à environ 250 000 personnes.
Selon les historiens, les nazis ont exterminé plus de la moitié du million de Roms qui vivaient en Europe avant la Seconde Guerre mondiale.
« Aujourd’hui, il est nécessaire de se souvenir de cette période tragique de notre histoire et d’en tirer les leçons », a déclaré le président Pavel.
« C’est un avertissement qui montre jusqu’où l’humanité peut aller et ce que nous sommes capables de faire les uns aux autres », a-t-il ajouté.
L’Union européenne estime qu’entre 10 et 12 millions de gens du voyage vivent actuellement en Europe, dont environ six millions dans les pays de l’UE.