Rubio : Les meurtres des employés de la mission israélienne, un rappel du « plus jamais ça »
Des délégués de 40 pays participent à la conférence sur l'antisémitisme organisée par le ministère des Affaires étrangères à Jérusalem - premier événement majeur de l'année de présidence israélienne de l'IHRA

Les meurtres, la semaine dernière, de Yaron Lischinsky et de Sarah Milgrim, qui étaient des membres du personnel de l’ambassade d’Israël à Washington, ont rappelé l’importance de la phrase « Plus jamais ça », a dit dans la journée de mercredi le secrétaire d’État américain, Marco Rubio, aux participants d’une conférence internationale consacrée à la lutte contre l’antisémitisme qui est organisée à Jérusalem.
« Au début de l’année, je me suis tenu aux côtés du ministre des Affaires étrangères [Gideon] Saar au mémorial de Yad Vashem [Shoah] et je me suis souvenu des millions de Juifs qui avaient été massacrés, et j’ai réfléchi à la signification des mots ‘Plus jamais ça’, » a expliqué Rubio, faisant référence au slogan qui est associé à la commémoration du génocide juif survenu pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’il s’exprimait dans le cadre d’un message vidéo enregistré à l’intention des ministres, des délégués et autres responsables juifs présents dans la ville sainte, qui viennent de 40 pays.
« L’importance de ces mots a été rappelée à tous les Américains, la semaine dernière », a-t-il fait remarquer.
Rubio a ajouté que les Américains ne devaient jamais oublier que le meurtrier présumé, Elias Rodriguez, âgé de 31 ans, avait hurlé « Palestine libre, Palestine libre » lors de son arrestation.
« Ces mots servent maintenant de cri de guerre pour la mort des Juifs, pour la destruction d’Israël et pour commettre des horreurs que nous ne devons plus jamais permettre », a-t-il affirmé.
La conférence – un sommet de deux jours qui a été organisé par Saar et par le ministère des Affaires étrangères – avait été planifiée il y a plusieurs mois et présentée comme le premier grand événement public de l’année de la présidence israélienne de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA).
Cet événement a eu lieu le jour même où un rapport établi par l’initiative Voix du Peuple, une initiative lancée par Isaac Herzog, dont l’objectif est de renforcer les liens entre tous les Juifs du monde, a révélé que la montée de l’antisémitisme était devenue l’inquiétude la plus urgente des membres de la communauté, partout sur la planète.
Israël a pris la présidence de l’IHRA au mois de mars – un rôle que le pays va tenir pendant une année dans le cadre d’un système de rotation avec d’autres pays. Shuli Davidovich, le chef du bureau des Affaires juives et des religions mondiales au sein du ministère des Affaires étrangères, a annoncé que dans le cadre de cette présidence, Israël organisera une réunion internationale à Jérusalem au mois de juin et une autre à Haïfa au mois de décembre, en plus de plusieurs autres événements de moindre envergure.

L’IHRA est une instance internationale qui compte des dizaines d’États membres. Son objectif est de lutter contre l’antisémitisme et de commémorer la Shoah. Sa définition de travail de l’antisémitisme est devenue un critère accepté pour définir l’antisémitisme dans 40 pays et dans 1 200 institutions culturelles et universitaires. Elle a également été adoptée par des autorités locales et régionales.
Cette conférence est sans lien avec le sommet international qui avait été organisé par le ministère de la Diaspora sur la lutte contre l’antisémitisme et qui avait eu lieu au mois de mars à Jérusalem, a indiqué Davidovich. L’événement avait suscité une forte controverse en raison de la présence de politiciens européens d’extrême droite dans la salle, et elle avait été boycottée par de nombreux responsables communautaires juifs.
Alors que le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah est célébré cette année, la présidence israélienne de l’IHRA s’est concentrée sur un thème, « le carrefour des générations » – une référence au fait que les derniers survivants de la Shoah et les témoins du génocide auront bientôt disparus et qu’ils ne pourront plus enseigner ce qu’ils ont vécu aux générations futures.
« Au moment où nous nous trouvons à ce ‘carrefour’, nous devons traduire en actes notre vœu sacré du ‘Plus jamais ça’ et nous devons utiliser tous les outils placés à notre disposition pour lutter en faveur de la sécurité de nos communautés et de l’intégrité de notre société humaine », a dit Herzog lors de la conférence de mercredi.
« Je le répèterai toujours : cela commence par les Juifs, mais cela ne se termine jamais avec eux. L’Histoire nous a appris que lorsqu’un régime fanatique appelle au génocide contre les Juifs, il faut le prendre au sérieux », a-t-il ajouté.

La conférence a débuté, mardi dans la soirée, par un dîner auquel ont participé le Premier ministre Benjamin Netanyahu, Saar et Tal Shoham, un ex-captif du Hamas.
« Ce qu’Israël est en train de combattre n’est pas simplement une guerre sur sept fronts. C’est une guerre de la civilisation contre la barbarie », a déclaré Netanyahu. « Les nazis ont essayé de cacher leurs crimes. Le Hamas [a attaqué] avec des caméras GoPro et il l’a fait savoir au monde entier. Ils étaient très fiers de ce qu’ils faisaient ».
Se référant aux meurtres de Lischinsky et Milgrim, Saar a déclaré que le jeune couple, qui était sur le point de se fiancer, venait s’ajouter à la longue liste des victimes de l’antisémitisme.
« Les fondateurs du sionisme pensaient qu’un État juif sur la Terre d’Israël résoudrait le problème de l’antisémitisme », a déclaré Saar. « Cela ne s’est pas produit. Le nouvel antisémitisme cible l’État d’Israël ».
Au cours de la conférence, Saar a tenu des réunions visant à améliorer les relations bilatérales avec plusieurs représentants diplomatiques, dont le ministre albanais de l’Europe et des Affaires étrangères, Igli Hasani, et le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères de Moldavie, Mihail Popșoi.

Mercredi matin, Saar et Dani Dayan, président de l’institution, ont fait visiter à des dignitaires Yad Vashem, le musée et mémorial national de la Shoah, avant d’organiser une cérémonie.
« Les appels à la destruction de l’État d’Israël proviennent non seulement des cercles du pouvoir à Téhéran, mais aussi des pelouses de l’université Columbia à New York et d’autres endroits dans le monde », a expliqué Dayan, qui assurera la présidence de l’IHRA jusqu’au mois de février 2026. « Il s’agit d’une période de test non seulement pour nous, le peuple juif, mais aussi pour vous, les dirigeants du monde. Il faut agir pour éradiquer l’antisémitisme avant qu’il ne soit trop tard ».