Selon Jared Kushner, les dirigeants israéliens comme palestiniens « font réellement confiance » à Trump
Un accord de paix israélo-palestinien est nécessaire – et "réalisable" – pour la stabilité régionale, d’après le haut conseiller américain
Jared Kushner, haut conseiller du président des États-Unis, est intervenu ce dimanche à l’occasion du « Saban Forum » organisé chaque année par le Brookings Institute à Washington.
Kushner, 36 ans, a été chargé par son beau-père Donald Trump de diriger les efforts de la Maison Blanche afin d’établir un accord dans le processus de paix israélo-palestinien.
Interrogé par Haim Saban, magnat des médias israélo-américain, il s’est notamment penché sur la politique de l’administration américaine au Moyen-Orient, où les « dynamiques régionales sont actuellement très intéressantes ».
Il a ainsi estimé qu’un accord de paix israélo-palestinien était nécessaire – et « réalisable » – pour la stabilité régionale. « Si nous essayions de créer plus de stabilité dans l’ensemble de la région, il faut résoudre ce problème », a-t-il déclaré.
« Nous ne considérons pas que signer l’accord de paix sera équivalent à signer un simple bout de papier en espérant que tout se passera bien », a-t-il expliqué, soulignant les plans économiques qui seraient mis en place à long terme pour les Palestiniens.
Selon le responsable, les populations israélienne et palestinienne se « font confiance » mutuellement, ce qui n’est pas le cas de leurs dirigeants.
En revanche, les deux parties, dirigeants israéliens comme palestiniens, « font réellement confiance au président » Trump.
Trump a « de bonnes intentions, une certaine créativité, et un désir certain de voir [le processus de paix] se réaliser », a-t-il dit.
Selon lui, l’équipe américaine en charge du processus de paix, « composée de trois juifs orthodoxes et d’un Égyptien copte », s’est concentrée sur les attentes des deux côtés.
Citant l’Iran et l’extrémisme islamique comme facteurs ayant contribué à cette évolution, il estime que les États arabes considèrent Israël comme un « allié beaucoup plus naturel » qu’il y a 20 ans, ajoutant tout de même qu’un réel rapprochement ne sera possible que quand Israël sera parvenu à la paix avec les Palestiniens – une paix qui est d’une « grande priorité » pour les Saoudiens, mais aussi pour les Égyptiens et les Qataris, unis dans un front arabe unifié et dirigé par Trump contre l’Iran. Néanmoins, Doha reste assez proche de la République islamique chiite.
Sans élaborer, il est également revenu sur l’éventuel transfert de l’ambassade américaine en Israël de Tel Aviv à Jérusalem – une décision qui devrait être annoncée cette semaine.
« Le président va prendre une décision mais considère toujours de nombreux faits », a affirmé Kushner. Le président américain « analyse encore de nombreux faits et quand il aura pris sa décision c’est lui qui voudra l’annoncer. Et il fera en sorte de l’annoncer au bon moment », a-t-il ajouté.
Théoriquement, selon le département d’Etat américain, le président doit décider d’ici lundi s’il renouvelle, comme l’ont fait tous ses prédécesseurs et lui-même une première fois en juin, une clause dérogatoire à la loi qui impose, depuis 1995, d’installer l’ambassade à Jérusalem. Ou alors s’il donne son feu vert à ce déménagement, comme il l’a promis durant sa campagne.
Mais selon plusieurs médias américains, Donald Trump pourrait attendre mercredi pour prononcer un discours sur le sujet — une échéance qui n’a pas été démentie par Jared Kushner.
Des informations contradictoires ont circulé ces dernières semaines, mais plusieurs observateurs s’attendent à ce qu’il déclare Jérusalem capitale d’Israël, sans forcément aller jusqu’à y transférer immédiatement la mission diplomatique américaine.
Une décision symbolique, mais explosive: selon le porte-parole du président palestinien Mahmoud Abbas, elle « détruirait le processus de paix » que Donald Trump se dit pourtant déterminé à relancer — tâche colossale confiée à Jared Kushner.
Les Etats-Unis risquent de se « disqualifier » en tant que médiateurs, a prévenu le secrétaire général de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) Saëb Erekat, tandis que les islamistes du Hamas ont menacé d’une « nouvelle Intifada ».
Mahmoud Abbas a tenté dimanche de mobiliser la communauté internationale pour peser sur la décision américaine. Il s’est entretenu notamment avec ses homologues français Emmanuel Macron et turc Recep Tayyip Erdogan, « pour leur expliquer les dangers que comporterait toute décision de transférer l’ambassade » ou « reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.
Donald Trump a récemment expliqué vouloir « donner sa chance » à la paix « avant de penser à déménager l’ambassade à Jérusalem ». Mais son vice-président Mike Pence, attendu mi-décembre à Jérusalem, vient de réaffirmer que le transfert était « sérieusement envisagé ».
La décision présidentielle va-t-elle donc handicaper Jared Kushner? Le mari d’Ivanka Trump, âgé de 36 ans et dont la parole publique est rare, a pris soin dimanche d’en dire le moins possible sur sa stratégie pour réussir là où toutes les administrations américaines ont échoué: la paix entre Israéliens et Palestiniens.
« Nous pensons qu’on peut y arriver », a-t-il seulement assuré, vantant une équipe soudée qui parvient à imposer le silence radio sur ses intentions, alors que le président Trump s’est même gardé pour l’instant de soutenir la solution à deux Etats, c’est-à-dire la reconnaissance d’un Etat palestinien coexistant avec Israël.
Il n’a pas davantage précisé quand un plan de paix serait présenté.
Celui qui a noué des relations étroites avec le prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a toutefois laissé entendre qu’il entendait s’appuyer sur les autres acteurs arabes de la région.
« La dynamique régionale a un rôle important qui recèle des opportunités », car « de nombreux pays veulent la même chose, des opportunités économiques et la paix pour leur peuple », a-t-il expliqué. « Ils regardent les menaces régionales et je pense qu’ils voient qu’Israël, leur ennemi traditionnel, est en fait devenu un allié naturel pour eux », a-t-il ajouté, évoquant un front commun contre l’Iran chiite ou la menace jihadiste.
Comme en écho au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui, dans un message vidéo au « Saban Forum », avait choisi de citer le prince héritier saoudien pour comparer le régime iranien à l’Allemagne nazie.