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Smotrich gèle des fonds alloués à l’intégration des Arabes dans le monde universitaire

Il s'agit du budget destiné au programme préparatoire pour les habitants de Jérusalem-Est ; "Il destine les jeunes à la pauvreté, à la criminalité et au terrorisme", déplore l'Université hébraïque

Le ministre des Finances Bezalal Smotrich lors d'une conférence de presse au ministère des Finances de Jérusalem, le 14 mai 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)
Le ministre des Finances Bezalal Smotrich lors d'une conférence de presse au ministère des Finances de Jérusalem, le 14 mai 2023. (Crédit : Noam Revkin Fenton/Flash90)

Dans sa dernière initiative visant à réduire l’injection de fonds destinés à la communauté arabe en Israël, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich (Hatzionout Hadatit), a annoncé lundi le gel d’un plan quinquennal de 2,5 milliards de shekels pour le développement de Jérusalem-Est, en raison de l’inclusion d’un programme préparatoire (me’hina) pour les étudiants arabes à l’Université hébraïque de Jérusalem.

Dans une longue publication Facebook, le ministre des Finances a expliqué que l’investissement quinquennal visait effectivement à renforcer le niveau d’instruction des habitants de Jérusalem-Est, et que le gouvernement « préférait que les étudiants arabes fréquentent les universités israéliennes plutôt que les universités palestiniennes ». Toutefois, a écrit Smotrich, il faut d’abord s’attaquer à « l’épine dans le pied » du monde universitaire israélien, à savoir « les cellules radicales islamiques dans les collèges et les universités israéliens », avant de débloquer les fonds.

Ces cellules présumées « s’identifient à l’ennemi » sous le prétexte de la « liberté académique » et « en période de tensions sécuritaires, rendent la vie des étudiants juifs insupportable », a écrit le ministre.

Un porte-parole de Smotrich, contacté par le Times of Israel, n’a pu fournir aucune preuve de l’existence de telles « cellules islamistes radicales » dans le monde universitaire israélien, et a affirmé que le ministre et d’autres membres de son parti faisaient référence à des groupes d’étudiants pro-palestiniens « nationalistes ».

Smotrich a déclaré que la somme serait affectée à la formation des Arabes de Jérusalem-Est à des professions à « haute productivité » au lieu d’encourager leur intégration dans le monde universitaire israélien.

Il a également affirmé que les étudiants arabes sont avantagés par rapport aux Juifs qui ont servi dans l’armée, et que le programme préparatoire d’un an, qui enseigne l’hébreu et d’autres matières fondamentales pour l’université, a été initialement conçu pour les nouveaux immigrants juifs et les soldats isolés, qui ne représentent aujourd’hui qu’une minorité des participants et dont les besoins ne sont toujours pas satisfaits.

Étudiants sur le campus Givat Ram de l’Université hébraïque de Jérusalem, le 27 octobre 2014. (Miriam Alster/FLASh90)

L’allocation de 200 millions de shekels pour le programme préparatoire universitaire a été approuvée pour la première fois dans le cadre du précédent plan quinquennal pour Jérusalem-Est, sous le gouvernement Netanyahu en 2018 par les ministres Zeev Elkin et Ayelet Shaked. Il a ensuite été reporté pendant le gouvernement Naftali Bennett-Yair Lapid en 2021-2022, toujours sous la supervision d’Ayelet Shaked, et a expiré en juin 2023.

Selon les experts, le plan a été conçu principalement pour établir et renforcer la gouvernance et la souveraineté israéliennes sur les parties arabes de Jérusalem, et n’a pas abordé le principal problème des résidents de la partie orientale de la ville, à savoir la grave pénurie de logements et l’absence de permis de construire. Il contenait toutefois quelques éléments positifs, dont l’un consistait à soutenir la formation des Palestiniens de Jérusalem, en finançant les écoles fonctionnant dans le cadre du système israélien, ainsi que le programme de préparation académique.

Le prochain plan quinquennal, qui prévoit une légère augmentation du financement par rapport au précédent (2,5 milliards de shekels contre 2,2 milliards de shekels, sans tenir compte de l’inflation), a été temporairement interrompu pendant deux mois dans l’attente d’une décision de Smotrich sur la manière de réaffecter les 200 millions de shekels qui ont été détournés du programme préparatoire.

« Je ne m’excuse pas de promouvoir mes valeurs et mes politiques. C’est pour cela que j’ai été élu. Je ne suis pas un tampon [pour les décisions prises par les gouvernements précédents] », a écrit Smotrich.

Un porte-parole du ministre a déclaré qu’une équipe interministérielle serait mise en place pour évaluer les options permettant de favoriser les « emplois à haute productivité » pour les habitants de Jérusalem-Est, tout en « empêchant l’extrémisme nationaliste » parmi les jeunes Arabes dans les universités.

Le ministre des Finances avait déjà provoqué un tollé dimanche en annonçant une réduction de 200 millions de shekels des subventions destinées aux municipalités arabes qui avaient été approuvées par le gouvernement précédent, malgré l’avertissement du ministre de l’Intérieur Moshe Arbel (Shas) selon lequel le gel pourrait entraîner « des dommages importants pour l’équilibre budgétaire des autorités locales ».

Selon la chaîne publique Kan, le chef du Conseil national de sécurité, Tzachi Hanegbi, a donné lundi à Smotrich une « recommandation de sécurité sans équivoque » visant à encourager l’enseignement supérieur à Jérusalem comme outil pour réduire la menace terroriste.

Selon l’Université hébraïque de Jérusalem, le chef du Shin Bet, Ronen Bar, a aussi averti Smotrich lors d’un appel téléphonique, affirmant que « la révocation de ce financement augmenterait la motivation pour des actes nationalistes violents ».

Le cabinet socio-économique du gouvernement devait discuter du plan quinquennal mardi, mais le point a été reporté en raison des critiques formulées par des fonctionnaires et des experts à l’encontre de la décision de Smotrich.

Dans une déclaration au Times of Israel, le chef du parti Raam, le député Mansour Abbas, a déclaré que « les fonds alloués aux communautés arabes, y compris à Jérusalem-Est, leur reviennent de droit et ne sont pas une grâce accordée par qui que ce soit ».

Le chef du parti Raam, Mansour Abbas, dirigeant la réunion de sa faction à la Knesset, le 12 juin 2023. (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

« Leur objectif est de réduire les écarts, de résoudre les problèmes et de faire progresser la société [arabe] », a ajouté Abbas. « Smotrich a un programme raciste et tente de torpiller toute décision en faveur des citoyens et résidents arabes sur la base d’affirmations erronées, portant ainsi atteinte à leurs droits fondamentaux. »

L’Université hébraïque a publié une réponse officielle critiquant vivement la suppression des fonds. Dans une lettre adressée au Premier ministre Benjamin Netanyahu, l’université s’est déclarée « choquée » par cette annonce et a affirmé que cette décision allait « destiner des centaines de jeunes à une vie d’ignorance, de pauvreté, de criminalité et de terrorisme ».

« Au cours de la dernière décennie, des milliers d’étudiants de Jérusalem-Est ont été inscrits dans des programmes préparatoires dans la capitale : à l’Université hébraïque, à l’Académie des arts et du design Bezalel, au Collège Azrieli et au Collège Hadassah. La plupart de ces étudiants prospèrent aujourd’hui sur le marché du travail et s’intègrent à la vie israélienne. La décision déroutante du ministre des Finances condamnerait les jeunes de Jérusalem-Est à un destin d’indolence, sans promesse d’emploi et sans capacité à vivre dans une société partagée », peut-on lire dans la lettre.

« La signification de cette décision n’est rien de moins qu’une atteinte à la société et à l’économie israéliennes, et nous paierons tous pour cette atteinte pendant les décennies à venir », a écrit l’université.

L’établissement universitaire a également souligné le rôle de l’intégration pour « briser les barrières des préjugés et des stéréotypes » et « permettre aux Juifs et aux Arabes d’établir des relations basées sur la confiance », et a averti que l’abrogation du programme « augmenterait l’hostilité, l’inimitié et la violence entre les deux communautés ».

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