Sondage : les mouvements réformés et conservateurs ne fonctionnent pas en Israël
Alors que la plupart des Israéliens est en faveur de la séparation de l’Etat et de la religion, une majorité s’oppose à ce que des rabbins non orthodoxes célèbrent des mariages
Marissa Newman est la correspondante politique du Times of Israël
Les mouvements réformés et conservateurs n’ont pas une présence majeure en Israël, et une majorité d’Israéliens – bien que favorables à la séparation de l’Etat et de la religion – est également opposée à ce que des rabbins non orthodoxes célèbrent des mariages en Israël, selon un sondage du Centre de recherche Pew publié mardi.
L’étude a interrogé en personnes 5 601 adultes entre octobre 2014 et mai 2015. La marge d’erreur pour les répondants juifs est de ± 2,9 %.
La recherche a précisé que bien que le mouvement conservateur soit appelé en hébreu mouvement masorti, il ne devait pas être confondu avec les Israéliens masorti (traditionalistes) qui s’identifient très majoritairement comme soit orthodoxe (65 %) soit sans aucun courant particulier (27 %). Seulement 2 % s’identifient aux communautés juives conservatrices ou réformées.
Parallèlement, 5 % des juifs laïcs s’identifient comme réformés et 2 % comme conservateurs – mais 23 % s’alignent avec l’orthodoxie, et 64 % avec aucun courant en particulier. Au total, 50 % des juifs israéliens se sont identifiés à l’orthodoxie, et 41 % sans dénomination.
Les observations ont également été traduites politiquement. Une majorité des juifs israéliens (54 %) est opposée à laisser les rabbins réformés et conservateurs à célébrer des mariages en Israël (40 % en faveur). Les juifs laïcs soutiennent majoritairement la mesure (65 % en faveur, 28 % contre), mais 70 % des juifs traditionalistes (ainsi que la plupart des orthodoxes modernes et des ultra-orthodoxes) y sont opposés.
« Malgré le fait que les traditionalistes soient parfois comparés aux juifs conservateurs aux Etats-Unis (et que ‘masorti’ soit le nom hébraïque du mouvement conservateur en Israël), seulement 24 % des traditionalistes sont pour autoriser les rabbins conservateurs et réformés à célébrer des mariages en Israël », est-il écrit.
Les juifs israéliens étaient également divisés pour accorder aux femmes la permission de prier à voix haute au mur Occidental (l’étude a été menée avant que le cabinet israélien prenne début 2016 la décision de construire une zone mixte officielle sur le lieu saint). Quelque 47 % des juifs y étaient opposés et 45 % y étaient favorables. Une majorité des juifs laïcs le soutenaient (55 % pour, 35 % contre), alors que les traditionalistes étaient divisés (44 % pour, 48 % contre).
Les hommes traditionalistes ou orthodoxes modernes étaient bien plus nombreux que les femmes à être opposés aux « prières à voix haute » des femmes sur le site. (Il n’est pas précisé pourquoi l’étude a choisi de se renseigner sur la prière à vois haute plutôt qu’à la lecture d’un rouleau de Torah, qui est explicitement interdite dans la section féminine.) Quelque 76 % des hommes orthodoxes modernes ont exprimé leur opposition, contre 57 % des femmes orthodoxes modernes. Parmi les traditionalistes, 55 % des hommes et 41 % des femmes y étaient opposés.
Malgré leur sentiment sur ces sujets, six Israéliens sur dix affirment que la religion et l’Etat devraient être séparés, et la plupart (63 %) sont contre la fermeture des transports publics à Shabbat.
« Une majorité écrasante des laïcs (88 %) préfèrent que la religion et le gouvernement restent séparés. Mais une grande portion similaire des orthodoxes (82 %) et des orthodoxes modernes (80 %) disent que les politiques du gouvernement devraient promouvoir les valeurs et croyances religieuses. Les traditionalistes sont également divisés, avec des valeurs similaires pour chaque position, » est-il écrit.
Une majorité des juifs laïcs et traditionalistes (94 % et 52 %) sont contre l’absence de transport public à Shabbat, alors que la vaste majorité des juifs orthodoxes ont une position contraire (96 % pour les orthodoxes et 85 % pour les orthodoxes modernes).
Le sondage a également posé la question de savoir si les femmes et les hommes devraient avoir besoin du consentement de leur époux pour divorcer, adressant ainsi le problème de la agunah dans lequel les femmes juives doivent recevoir le consentement [acte de divorce religieux : guet] de leur mari pour divorcer et en son absence restent « enchaînées ». En Israël, le divorce est supervisé par le rabbinat, qui agit en accord avec la loi juive.
Une majorité des juifs israéliens (69 %) ont déclaré qu’une épouse devait avoir le droit de divorcer de son mari sans son consentement, mais parmi les ultra-orthodoxes, 59 % y sont opposés. Les juifs orthodoxes modernes sont divisés sur ce sujet (49 % pour, 43 % contre).
Le même nombre (69 %) a déclaré que les hommes juifs devaient pouvoir divorcer de leur femme sans son consentement, mais sur ce sujet, une majorité de tous les sous-groupes juifs est d’accord.
Quelque 86 % des ultra-orthodoxes et 69 % des orthodoxes modernes ont également déclaré que la loi juive devait être la loi de l’Etat en Israël. Le sujet est fortement contesté par les laïcs (90 %) et au total, 64 % des juifs israéliens y sont opposés.