Terrorisme: Des élus Likud soutiennent la loi sur les droits des proches de victimes
Plusieurs députés de droite ont été expulsés de la Knesset suite à des échanges houleux avec le vice-président Ahmed Tibi; Gideon Saar dément tout pourparlers avec Netanyahu
La Knesset a adopté un projet de loi, mercredi, visant à officialiser le statut des frères et des sœurs des victimes décédées pendant un acte de terrorisme ou des Israéliens des forces de sécurité tués dans l’exercice dans leur devoir. Cette législation garantira aussi que leurs droits seront respectés. Des députés de l’opposition ont également soutenu la législation malgré une promesse faite de toujours s’opposer aux projets de loi du gouvernement, quels qu’ils soient.
Le texte, qui a été présenté par Michal Shir, parlementaire de la coalition, a été adopté en lecture préliminaire avec 72 votes « pour » et zéro « contre », dans un cadre d’informations laissant entendre que le parti Tikva Hadasha de Shir serait actuellement en négociations avec le parti du Likud du chef de l’opposition Benjamin Netanyahu concernant la formation d’un éventuel nouveau gouvernement. Ce que le ministre Gideon Saar, leader du parti, a nié avec force mercredi.
Pendant ce vote houleux en séance plénière, le président-adjoint de la Knesset, Ahmad Tibi, a fait sortir plusieurs députés de droite de la salle après que l’un d’entre eux a accusé les députés arabes de soutenir les terroristes.
S’adressant à Shir depuis la tribune, la députée Orit Strock, de la formation Sionisme religieux d’extrême-droite, l’a interpellé : « Combien de nouveaux frères et sœurs en deuil y a-t-il maintenant après ce nombre toujours croissant d’attentats, tout ça à cause de la présence de vos amis au sein de la coalition? » . La parlementaire faisait alors référence à la présence du parti islamiste Raam au sein de l’alliance au pouvoir dans le pays.
Tibi a répondu en lui demandant si elle était en train d’accuser les députés arabes de commettre des actes de terrorisme, ce qu’elle a confirmé.
« Je ne peux pas accepter cette accusation de meurtre lancée à l’encontre de membres arabes de la Knesset », a riposté Tibi qui appartient à la Liste arabe unie, une faction à majorité arabe.
« Ce sont des propos très graves, vous accusez les députés arabes d’être responsables de meurtres, de morts et vous en attribuez la responsabilité aux députés qui siègent dans ce Parlement », a-t-il ajouté, notant que le temps de parole de Strock s’était écoulé. Il a demandé à ce qu’elle soit sortie de la salle.
Dans le tollé qui a suivi, un certain nombre de députés de l’opposition sont venus défendre Strock, interpellant Tibi avec fureur. Ce dernier a alors ordonné l’expulsion de la salle des députés du parti Sionisme religieux Bezalel Smotrich et Simcha Rotman, ainsi que celle du parlementaire Itamar Ben Gvir de la formation d’extrême-droite Otzma Yehudit.
Smotrich a déclaré ultérieurement que la présence de Tibi au poste de vice-président du parlement « foule aux pieds ce qui reste d’honneur à la Knesset ».
Rotman a qualifié de « scandale » le fait que Tibi supervise un débat sur les droits des familles en deuil, l’accusant de rendre « un hommage royal » aux terroristes.
Quand Shir a pris la parole, les membres de l’opposition, et notamment le Likud, l’ont chahutée en raison de la présence de Raam au sein de la coalition. Shir, une ancienne membre du Likud, a déclaré que « je suis heureuse de vous avoir abandonnés, les gars, ordures que vous êtes ».
Le projet de loi qui a été voté mercredi cherche à garantir que les frères et sœurs des victimes décédées du terrorisme seront officiellement notifiées de la mort de leurs proches qui servaient dans les forces de sécurité ou qui ont été tués dans des attentats terroristes, qu’ils seront bien informés de leurs droits et qu’ils seront bien conviés lors des cérémonies annuelles de commémoration.
En présentant le projet de loi, Shir a noté que dans certains cas, les membres des familles apprenaient la mort de leurs proches par des tiers.
Le Premier ministre Naftali Bennett dirige une coalition diversifiée de huit partis issus de la gauche, du centre et de la droite, en association avec Raam. Suite à des défections de députés qui se sont ralliés à l’opposition, le gouvernement ne dispose dorénavant que de 60 sièges à la Knesset, forte de 120 membres – à égalité donc avec l’opposition.
Lundi, les partis d’opposition de droite et religieux ont indiqué qu’ils s’opposeraient à tous les projets de loi, bien déterminés à obtenir la chute du gouvernement.
Les chefs du Likud, du Shas, de Yahadout HaTorah et du parti Sionisme religieux – qui se désignent eux-mêmes sous le nom de « camp national » – ont déclaré que leur objectif était de former un gouvernement d’alternance qui serait dirigé par Netanyahu et qui serait constitué de membres siégeant d’ores et déjà dans la Knesset actuelle et qu’ils réclameraient, le cas échéant, de nouvelles élections.
Mercredi, les médias israéliens ont indiqué que Saar, qui est aussi un ancien membre du Likud qui a quitté la formation pour créer sa faction Tikva Hadasha, discutait secrètement avec le Likud sur la mise en place d’un gouvernement d’alternance. Des informations survenues alors que des tensions se sont accrues entre Saar et d’autres membres de la coalition concernant un projet de loi qui définit le statut légal des habitants d’implantations. Le leader de Tikva Hadasha a averti que si ce texte n’était pas adopté, le gouvernement ne pourrait pas continuer à exister.
Dans une série d’interviews qui ont été accordées aux médias, dans la soirée, Saar a nié être en pourparlers avec Netanyahu pour remplacer le nouveau gouvernement.
Alors que le journaliste lui rappelait qu’avant les élections de l’année dernière, il avait affirmé qu’il ne rejoindrait pas un gouvernement placé sous le contrôle de Netanyahu et qu’il lui demandait de répéter explicitement cette promesse, il a déclaré devant les caméras de la Douzième chaîne que « mon positionnement n’a pas changé ».