Tirs iraniens : La raffinerie de pétrole de Haïfa et l’Institut Weizman de Rehovot endommagés
L'opérateur du complexe pétrolier de Bazan a déclaré à la Bourse de Tel Aviv que les activités de raffinage se poursuivaient, même si d'autres installations du site ont été fermées
Sue Surkes est la journaliste spécialisée dans l'environnement du Times of Israel.

Des salves de missiles qui ont été tirées depuis l’Iran dans la nuit de samedi à dimanche ont endommagé une importante raffinerie de pétrole à Haïfa, ainsi que le campus de l’Institut Weizmann des sciences, qui se trouve à Rehovot.
Aucun blessé n’a été signalé lors de ces deux attaques qui se sont produites alors que Téhéran a lancé plusieurs salves de dizaines de missiles balistiques en réponse à l’action militaire qui est actuellement menée par Israël contre le programme nucléaire iranien.
La raffinerie de pétrole de Bazan – qui est depuis longtemps une cible privilégiée des ennemis d’Israël – a essuyé des dégâts. Des pipelines et des lignes de transport reliant les différentes installations de cet immense complexe à Haïfa ont été endommagés, a fait savoir la société dans un communiqué qui a été transmis à la Bourse de Tel Aviv.
« À l’heure actuelle, les installations de raffinage continuent de fonctionner mais d’autres installations du complexe ont été fermées », a annoncé l’entreprise.
Elle a ajouté qu’elle examinait l’impact que pourra avoir la frappe sur ses activités au sein de la plus grande raffinerie du pays, ainsi que les éventuelles conséquences financières de l’attaque. Il est difficile de dire quand les installations touchées seront en mesure de reprendre leurs activités.
Suite à cette annonce, l’action de Bazan a chuté de 2,8 % à la Bourse de Tel Aviv.
Une vidéo partagée sur les réseaux sociaux après l’attaque a paru montrer deux grands incendies qui s’étaient déclenchés sur le site industriel.

Les installations, qui abritent une tour de refroidissement caractéristique qui domine la baie de Haïfa, est menacée d’attaques par les adversaires d’Israël – notamment par le Hezbollah, proxy de l’Iran – depuis de longues années.
Elle n’avait jamais été directement touchée par le passé.
Au mois d’octobre, le Hezbollah avait diffusé une vidéo montrant l’un de ses drones en train de survoler le complexe de la raffinerie et d’autres structures sensibles de la région.
Les habitants, les défenseurs de l’écologie et d’autres acteurs militent depuis longtemps pour la fermeture et le déménagement de l’usine de Bazan, en raison de la forte pollution qu’elle génère dans la région et des conséquences potentiellement désastreuses que pourrait avoir une attaque qui prendrait pour cible la raffinerie.
Le communiqué qui a été émis par la société n’a pas mentionné un possible impact environnemental pour les habitants de Haïfa.

En 2022, le gouvernement avait voté en faveur de la délocalisation des installations à l’horizon 2030. Les travaux de démantèlement d’une série de grands réservoirs de pétrole adjacents au site devaient commencer cette année.
Dans le passé, Elad Hochman, membre du groupe de défense de l’environnement Green Course, avait estimé que la raffinerie était « une catastrophe en attente d’exploser… au cœur d’une métropole où vivent des centaines de milliers de personnes, à proximité de leurs habitations, des hôpitaux et des établissements scolaires. C’est un site stratégique à tous les égards… elle doit donc être déplacée immédiatement ».
À Rehovot, l’Institut Weizmann a fait savoir dimanche que certains bâtiments de son campus avaient été endommagés après avoir été touchés par une attaque au missile.
Une vidéo et d’autres images auxquelles le Times of Israel a eu accès – à condition qu’elles ne soient pas rendues publiques – montrent des dégâts importants sur un bâtiment du campus universitaire, où un incendie a continué de brûler plusieurs heures après la frappe.

L’un des bâtiments endommagés abritait des laboratoires, a noté le New York Times.
Selon l’université, il n’y a pas eu de blessés lorsque le missile s’est abattu aux environs de 3 heures du matin.
« L’institut est en contact avec les autorités chargées de la sécurité et des urgences compétentes et il prend toutes les mesures nécessaires pour garantir le bien-être de ses employés et du campus », a annoncé l’établissement.
Israël avait interdit les activités éducatives et tous les autres types de rassemblements dans la matinée de vendredi par mesure de précaution, alors que l’État juif lançait ses premières frappes en Iran.
L’institut Weizmann, qui abrite un campus de 80 hectares qui est situé au nord de cette ville du centre d’Israël, est considéré comme l’un des instituts de recherche les plus prestigieux au monde, avec des annonces régulières d’études marquantes dans les secteurs des sciences de la vie, de l’astrophysique et autres.
Au moins 42 personnes ont par ailleurs été blessées à Rehovot lorsqu’un missile a frappé une zone résidentielle, détruisant au moins un immeuble d’habitation, selon les services de secours du Magen David Adom. Un homme a survécu pendant plusieurs heures sous les décombres jusqu’à ce que les sauveteurs parviennent à l’en extraire. Les premiers intervenants ont déclaré que son état de santé était satisfaisant.

Sur le site de l’impact, Golan Levy, un médecin appartenant aux services de secours de la United Hatzalah, a déclaré au site d’information Walla qu’un bébé d’un an et demi et sa mère figuraient parmi les blessés.
« Il y avait des blessés qui perdaient du sang et qui souffraient de fractures. Tout le monde était paniqué, tout le monde criait. Les maisons du quartier, qui sont dans leur majorité dépourvues d’abris antiaériens dans la mesure où il s’agit d’un quartier ancien, ont été endommagées par l’impact. Les habitants étaient allongés sur le sol devant le marché municipal et ils attendaient les secours. Certains ont été secourus dans un abri antiaérien qui était situé à proximité », a-t-il raconté.
Selon les dernières estimations faites par l’armée, les attaques nocturnes qui ont été menées par l’Iran à l’encontre d’Israël ont impliqué un total de 70 missiles balistiques et des dizaines de drones.

Au cours de l’attaque qui a visé Haïfa, un projectile a frappé une maison dans la ville de Tamra, tuant une mère, ses deux filles et une autre femme. Un autre a frappé Bat Yam, une localité située au sud de Tel Aviv, tuant au moins sept civils. Des centaines de personnes ont été blessées dans ces attaques.
Malgré les dégâts considérables et des impacts qui ont également fait trois morts dans le centre d’Israël aux premières heures de la matinée de samedi, Tsahal a affirmé que les attaques iraniennes étaient plus limitées que ce que l’armée israélienne avait prévu. Les militaires avaient anticipé un nombre de victimes et une ampleur des dégâts bien plus importantes.
L’Iran serait toujours en possession de milliers de missiles balistiques.