Toulouse/prêche controversé: la mosquée de Paris condamne des « propos incongrus »
L'imam faisait référence à un texte religieux sur "la fin des temps" provoquée par une guerre juifs-musulmans et a déclaré "qu'il fallait tout faire pour ne pas en arriver là"

Le recteur de la Grande mosquée de Paris (GMP) Dalil Boubakeur a condamné et regretté « vivement les propos totalement incongrus » de l’imam de Toulouse Mohamed Tataï, mercredi, en réponse à un courrier du maire de la ville rose qui lui reprochait d’avoir laissé planer « une gênante impression de non-dit ».
« Il va de soi, en ce qui nous concerne, que nous condamnons et regrettons vivement les propos totalement incongrus de cet imam », a répondu le recteur de la GMP.
« Pourriez-vous me confirmer que l’imam en question a bel et bien cité un propos à caractère antisémite? Face à de telles paroles, pourriez-vous m’indiquer la position de la Grande mosquée de Paris? », interroge le maire Jean-Luc Moudenc dans un courrier daté du 3 juillet.
Rappelant « l’émotion suscitée par les propos » que M. Tataï aurait tenus en décembre 2017, l’édile LR reproche au recteur de la GMP de ne pas avoir pris « position clairement » dans son communiqué publié après avoir reçu l’imam de Toulouse.
« En votre qualité d’autorité religieuse reconnue, je vous demande de me livrer l’exégèse complète de ce hadith qui, s’il faisait partie du corpus de la doctrine enseignée dans les mosquées et repris par l’imam en question, mettrait en péril notre vivre ensemble », interpelle encore le maire, qui ne peut se satisfaire de cette « ambiguïté ».

M. Tataï « cite un texte (hadith) de Abou Houray un traditionniste musulman du 7e siècle dans un prêche de décembre 2017 », précise Dalil Boubabeur, dans sa réponse rapide à M. Moudenc.
« Devant nous, il lui en a été fait reproche. L’imam a reconnu son erreur et les conséquences aussi néfastes que toxiques de cette citation », a ajouté le recteur, qui lundi avait invité l’imam toulousain à poursuivre sa mission « dans la paix, le dialogue et la sérénité ».
« Comment penser que nous puissions continuer à dialoguer avec quelqu’un qui souhaite notre mort? », a dénoncé Franck Touboul, président du CRIF Midi-Pyrénées, mercredi dans un communiqué, « nous ne pouvons nous satisfaire d’une simple condamnation de ces propos ».
Dans un entretien à France 3 Occitanie, Mohamed Tataï s’est dit « vraiment désolé » et a dit « comprendre l’inquiétude de la famille juive » mais a invoqué une « traduction pas fidèle » qui « n’est pas le vrai sens du hadith ».
L’imam toulousain ajoute, dans La Dépêche du Midi, que le prêche incriminé faisait référence à un texte religieux sur « la fin des temps », que provoquerait une guerre entre juifs et musulmans « et qu’il fallait tout faire pour ne pas en arriver là ». Précisant avoir « reçu des menaces », il réitère ses « excuses à tous ceux qui ont pu se sentir offensés ».
Le parquet de Toulouse, saisi par le préfet de Haute-Garonne, a ouvert une enquête pour « des faits susceptibles de constituer une incitation à la haine ». La GMP a ajouté qu’elle prendrait « toutes les dispositions nécessaires » en cas de procédure judiciaire contre M. Tataï.
L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) et la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) avait déposé plainte pour « incitation à la haine raciale ».
Dans la vidéo incriminée, où apparaît le logo de la chaîne Memri TV, on voit l’imam prêcher en langue arabe. Il déclare notamment, selon le texte sous-titré: « (Le prophète Muhammad) nous a parlé de la bataille finale et décisive : le jugement dernier ne viendra pas jusqu’à ce que les Musulmans combattent les Juifs ».