Tour d’horizon des fake-news sur l’attentat de Strasbourg
Une attaque annoncée en avance, un compte israélien révèle le nom du jihadiste avant tout le monde...

La préfecture et Emmanuel Macron annoncent l’attentat de Strasbourg avant même qu’il n’ait lieu ? Un compte israélien connaît l’identité du tueur avant tout le monde ? De nombreux comptes ont publié de fausses informations sur les réseaux sociaux mardi, après l’attentat de Strasbourg.
« Emmanuel Macron a bien laissé un message [mardi] à 16h55 [sur Twitter] alors qu’il n’y avait pas encore eu d’attentat. Honnêtement, là, ça commence à me donner des frissons », commente un internaute.
Sa vidéo, partagée plus de 30 000 fois sur Facebook en deux jours avant d’être supprimée jeudi après-midi, comporte une capture d’écran du compte Twitter présidentiel, relayant l’expression de la « solidarité de la Nation » du chef de l’État.
Cette capture d’écran montre bien un message publié à « 16h55 » le jour de l’attentat (qui a eu lieu peu avant 20h).
Les accusations de « manipulations de masse » fusent encore lorsqu’un tweet de la préfecture du Bas-Rhin sur l’attentat est montré à l’écran de BFMTV, avec l’horodatage « 11h47 ».
Mais si la surprise est légitime, l’explication est simple. Lorsque l’on créée un compte sur Twitter, le fuseau horaire est réglé par défaut sur celui de la côte ouest des États-Unis où se trouve le siège de l’entreprise.
Ainsi, au lieu de voir les deux tweets publiés respectivement à 01h55 et 20h47, des utilisateurs qui avaient mal ou pas réglé leurs comptes les ont vus à 16h55 et 11h47, la Californie ayant 9h de décalage avec la France à cette époque de l’année.
L’identité du tueur
« Comment se fait-il qu’#Israël soit au courant avant le peuple français? (…) Qui est derrière cette fusillade? #Israël encore dans le mouvement. Ça devient trop », écrit un(e) internaute, dans un post partagé plus de 1 500 fois.
Il ou elle apporte comme preuve supposée un tweet en hébreu, publié mardi à 23h24, affichant comme localisation Tel-Aviv, et attribuant l’attaque à « Chérif Chekatt ».
Mais de très nombreux tweets publiés avant celui-ci donnaient déjà le nom de « Chérif Chekatt », comme l’AFP a pu le constater. Certains ont été publiés plus d’une heure avant ce message en hébreu.
De nombreux internautes se sont en outre ouvertement interrogés sur la décision de la grande majorité des médias – dont l’AFP – de ne pas communiquer le nom ou la photo de Chérif Chekatt dès mardi soir. L’AFP a décidé de ne les diffuser qu’à partir du lancement de l’appel à témoins par les forces de l’ordre, pour ne pas risquer d’entraver le bon déroulement de l’enquête.
« Avec le niveau ‘urgence attentat’ de Vigipirate, les manifestations #giletsjaunes seront interdites sur le territoire. #AttentatStrasbourg », assure un tweet partagé plusieurs centaines de fois.
Mais si une mesure d’interdiction de manifester a bien été prise, celle-ci n’a en réalité concerné que Strasbourg, et non l’ensemble du territoire.
Les manifestations avaient été interdites mercredi, mais l’arrêté préfectoral a été abrogé jeudi. Elles ne sont donc plus interdites à Strasbourg, ni dans le reste de la France.