Trump critiqué pour ses propos sur les Juifs et l’argent, d’autres les défendent
S'adressant au Israeli-American Council, le président US a soutenu Israël et fait des références stéréotypées à la supposée richesse juive
JTA – Plusieurs organisations juives ont été mécontentes des propos tenus par le président américain Donald Trump lors de la conférence annuelle du Israeli-American Council, le week-end dernier.
Lors de l’événement organisé en Floride, le président a critiqué les Juifs qui « n’aiment pas assez Israël » et a laissé entendre que les Juifs ne voteraient pas pour la candidate démocrate Elizabeth Warren en raison de leur richesse.
« Vous avez des gens qui sont juifs, qui sont des gens formidables, qui n’aiment pas assez Israël », a déclaré Trump samedi.
Après avoir dit aux membres de l’auditoire que « beaucoup d’entre vous sont dans l’immobilier », le président a ajouté qu’ils « devaient » appuyer sa réélection parce qu’il n’y a pas d’autre choix.
« Vous n’avez pas le choix, vous n’allez pas voter pour Pocahontas, je peux vous le dire », a-t-il dit, utilisant un surnom péjoratif désignant Elisabeth Warren, qui prétend avoir des ancêtres amérindiens. « Vous n’allez pas voter pour l’impôt sur la fortune. »
L’une des initiatives stratégiques de Warren est un impôt sur les ménages dont le patrimoine net s’élève à 50 millions de dollars ou plus.
Le discours de Trump a été accueilli par de grands applaudissements ainsi que de vigoureux slogans : « quatre ans de plus ». Mais plusieurs organisations juives, dont l’American Jewish Committee (AJC) et l’Anti-Defamation League (ADL), ont eu recours à Twitter pour critiquer ses propos.
« Cher @POTUS [Président des États-Unis] – Bien que nous apprécions votre soutien indéfectible à Israël, il doit sûrement y avoir un meilleur moyen d’attirer les électeurs juifs américains, comme vous venez de le faire en Floride, que par des références financières qui alimentent des stéréotypes séculaires et laids. Ne nous aventurons pas sur ce terrain miné », a déploré l’AJJ dans un tweet dimanche.
« Bien qu’important, @POTUS a dénoncé le BDS et l’#antisémitisme, il se dessert avec ses propres trafics de tropes #antisémites : remettant en question la loyauté des Juifs américains envers Israël et affirmant que les électeurs juifs ne se soucient que de leur richesse », a écrit Jonathan Greenblatt, directeur général et directeur national de l’ADL.
While important @POTUS called out BDS and #antiSemitism, it's essentially undone by his own trafficking of #antiSemitic tropes: questioning American Jews’ loyalty to Israel and asserting that Jewish voters only care about their wealth. https://t.co/m14rh45C5b
— Jonathan Greenblatt (@JGreenblattADL) December 8, 2019
Mais pour certains, les condamnations n’étaient pas assez fortes.
La rabbin Jill Jacobs, directrice exécutive du groupe progressiste T’ruah : Rabbinic Call for Human Rights, a accusé l’AJC de ne pas être aussi sévère envers Trump qu’il l’avait été envers des gens de la gauche ayant fait des commentaires antisémites.
« Ce n’est pas exactement le ton de leurs condamnations de l’antisémitisme de la gauche, n’est-ce pas ? » a écrit Jill Jacobs en réponse au tweet de l’AJC. « Le président des États-Unis fait des remarques antisémites et fréquente des sympathisants nazis. Traitez cela comme le gros problème que c’est ».
Not exactly the tone of their condemnations of antisemitism from the left, is it?
The President of the United States is making antisemitic remarks & consorting with Nazi sympathizers. Treat that like the big deal it is. https://t.co/Xch64fV9Ws
— Rabbi Jill Jacobs (@rabbijilljacobs) December 8, 2019
Jacobs n’a pas précisé avec qui l’AJC était censée avoir été indulgente. Mais Rebecca Pierce, cinéaste et écrivaine juive noire, a relié la réaction de l’AJC à des propos de la représentante démocrate Ilhan Omar lorsqu’elle avait affirmé à tort plus tôt cette année que le lobby pro-Israël AIPAC paie des membres du Congrès pour qu’ils soutiennent l’État juif. L’AJC a déclaré que l’affirmation d’Omar était « manifestement fausse et étonnamment antisémite » et l’a exhortée à présenter des excuses.
AJC’s immediate condemnation of Ilhan Omar tweeting the word AIPAC vs groveling response to Trump blatantly associating all Jewish people with money speaks volumes pic.twitter.com/mKmqzfS76y
— Rebecca Pierce (@aptly_engineerd) December 8, 2019
Yonah Lieberman, co-fondateur d’IfNotNow, un groupe juif qui s’oppose à la présence israélienne dans les Territoires palestiniens, a critiqué Greenblatt pour avoir commencé sa déclaration en louant les propos du président.
Pendant ce temps, les groupes démocrates juifs ont été encore plus durs dans leurs condamnations du président. Halie Soifer, qui dirige le Jewish Democratic Council of America, a qualifié les commentaires de Trump de « vils et intolérants », tandis que le Democratic Majority for Israel sur Twitter les a qualifiés de « répugnants ».
Alexandria Ocasio-Cortez, la députée démocrate new-yorkaise qui s’est souvent querellée avec le président, a décrit, sur Twitter, ses paroles comme étant de « l’antisémitisme total et atroce ».
Trump avait aussi sa part de soutiens juifs.
Matt Brooks, le directeur exécutif de la Republican Jewish Coalition, répondant à un article sur la critique juive du président, a tweeté que « les groupes juifs pourraient avoir tort ».
Shmuley Boteach, l’éminent rabbin et auteur qui a lancé une candidature républicaine ratée au Congrès en 2012, a déclaré qu’il était « très trompeur » de se concentrer sur les remarques de Trump sur la richesse, qualifiant ce discours de « l’un des discours les plus pro-israéliens jamais prononcé par un président américain ».
Trump tells Jewish group they'll vote for him to protect their wealth – I was at the speech and live-streamed it. To sum this up as the headline is highly misleading. It was one of the most pro-Israel speeches ever delivered by an American President. https://t.co/Mk66W2aPpT
— Rabbi Shmuley (@RabbiShmuley) December 8, 2019
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