Un artiste de Beer Sheva à son public : qui pense que Zoabi est une salope ?
Certains ont entendu des applaudissements quand Ron Leshem a attaqué la députée arabe controversée ; le propriétaire exclut Leshem de la scène

Un membre d’un groupe en concert dans une discothèque de Beer Sheva a été exclu de la représentation vendredi soir pour avoir qualifié la controversée députée arabe Hanin Zoabi de « salope », avec une réponse apparemment ravie d’une partie du public.
« Qui ici pense que Hanin Zoabi est une salope ? », a demandé l’artiste, Ron Leshem, déclenchant des applaudissements et des réjouissances de certains membres du public au club Baraka, selon un enregistrement qui a fuité, diffusé par la radio militaire dimanche.
La controversée députée de la Liste arabe unie est une critique virulente d’Israël, et a été le sujet de précédentes enquêtes pour incitation [à la haine] et de nombreuses tentatives de députés qui ont échoué pour l’exclure de la Knesset en raison de son opposition à un État juif, de sa participation passée à la flottille turque pour Gaza en 2012, parmi d’autres positions.
Le membre du groupe a continué : « Je veux que vous chantiez avec moi. Mort ! Son père est mort ! » Certains membres du public peuvent apparemment être entendus chanter avec enthousiasme.
Zoabi a déclaré qu’elle n’était pas surprise par l’incident, déclarant qu’il reflète le sens de l’identité israélienne.
« Quand l’État continue à extorquer la loyauté des indigènes [Palestiniens], tout en persécutant et en tuant son peuple – c’est là que cela commence, et cela touche la culture populaire, dans la culture la plus profonde du psychisme israélien. Etre israélien, c’est haïr les Palestiniens. Etre au pouvoir, c’est persécuter les Palestiniens, et la cible la plus facile à haïr et à persécuter, c’est Hanin Zoabi », a accusé la députée perturbatrice.
Le propriétaire du Baraka a critiqué Leshem, déclarant que sa « tentative de créer de la provocation et de l’interaction avec la foule en offrant au public un discours taillé pour une certain courant [de la politique israélienne] le distrait de son travail en tant qu’artiste invité ».
Leshem a été exclu de la scène, a fait remarquer le propriétaire, mais il a ajouté que le Baraka n’intervenait en principe pas avec le contenu de la performance d’un artiste.
« A la suite de l’incident, et de sa performance provocatrice, c’était facile de décider d’exclure Ron Leshem de la scène après », a noté un communiqué de la discothèque.
Le communiqué a continué en expliquant que Leshem n’avait pas été exclu pour le contenu de sa politique.
« Nous, en tant que club pendant les 16 dernières années, ne sommes jamais intervenus dans le contenu qu’un artiste apporte sur scène. Si la performance a atteint un point où elle était blessante pour une communauté particulière, nous aurions demandé de la stopper, ou de revenir à la véritable raison pour laquelle [Leshem] est venu au club. Nous n’utilisons pas le public du club comme une plate-forme pour faire avancer un intérêt autre que celui du divertissement. Il est important de noter que [Leshem] n’a pas été exclu de la scène à cause de ses opinions, ou autre chose en lien avec le contenu », conclut le communiqué, ajoutant : « Nous laissons la politique à la maison. Nous sommes venus ici pour danser et nous amuser. »
Zoabi a été critiquée la première fois pour avoir pris part à la flottille Mavi Marmara pour Gaza en 2010.
Ensuite, en 2014, elle a refusé de parler de « terroristes » en évoquant les terroristes affiliés au Hamas qui ont enlevé et tué trois adolescents israéliens en Cisjordanie, une attaque qui a déclenché une cascade d’évènements qui a culminé avec la guerre de l’été 2014 à Gaza.
Plus tard dans l’année, la police a recommandé que Zoabi soit jugée pour incitation [à la violence], menaces et injures à un agent de police.
En juin 2015, le procureur général, Yehuda Weinstein, a approuvé une enquête criminelle sur l’incident.
En novembre 2015, Zoabi a été vivement critiquée par des politiciens importants du Likud pour un discours à un évènement de commémoration de l’Holocauste à Amsterdam, où elle a assimilé le génocide des juifs par l’Allemagne nazie et la politique israélienne actuelle envers les Palestiniens et les arabes israéliens.
La semaine dernière, pendant une négociation de justice, Zoabi a été accusée d’ « insultes à un fonctionnaire » pour cet incident. Elle a également accepté d’envoyer une lettre d’excuse à la personne concernée par ses commentaires, et de payer une amende de 3 000 shekels.