Un député jordanien inculpé pour trafic d’armes dans les Territoires palestiniens
Imad al-Adwan, 35 ans, risque jusqu'à 15 ans de prison après avoir été arrêté par Israël le mois dernier au point de passage d'Allenby en possession d'armes à feu et d'or
Le procureur de la Cour de Sûreté de l’Etat en Jordanie a inculpé mardi un député jordanien pour contrebande d’armes vers la Cisjordanie, a annoncé son avocat.
Imad al-Adwane avait été arrêté le 22 avril par Israël au point de passage du pont Allenby (appelé roi Hussein côté jordanien, ndlr), entre la Jordanie et la Cisjordanie, selon le service de sécurité intérieur israélien Shin Beth. Les forces de sécurité israéliennes avaient découvert 12 fusils et 194 pistolets dans sa voiture, selon cette même source.
Le député avait été remis le 7 mai à la Jordanie.
« Imad al-Adwane a comparu aujourd’hui (mardi) devant la Cour de Sûreté de l’Etat et a été interrogé par son procureur suite à la confiscation d’armes à feu et d’or en sa possession par les autorités israéliennes », a indiqué à l’AFP son avocat, Ali al-Moubaïdin.
Deux chefs d’accusation ont notamment été retenus contre lui : celui « d’exportation d’armes avec l’intention de les utiliser illégalement » et celui de « commettre des actes susceptibles de perturber l’ordre public et menacer la sécurité » du pays, a-t-il ajouté.
S’il est reconnu coupable, il risque jusqu’à 15 ans de prison.
Après sa remise par Israël à la Jordanie, l’immunité parlementaire d’Imad al-Adwane avait été levée sur décision de la Cour de sûreté de l’Etat.
Cet avocat âgé de 35 ans, membre du Comité Palestine du Parlement jordanien, avait utilisé son passeport diplomatique à 12 reprises depuis février 2022 pour diverses actions de contrebande, notamment d’armes, selon le Shin Beth. Le député aurait touché d’importantes sommes d’argent en contrepartie.
La destination de cette contrebande n’a pas été précisée, mais plusieurs Palestiniens suspectés d’être impliqués dans le trafic ont été interpellés, selon la même source.
L’arrestation d’Adwan par Israël a mis à l’épreuve les liens déjà tendus entre Amman et Jérusalem, bien qu’Israël ait rapidement précisé qu’il ne tenait pas le royaume pour responsable de la tentative de contrebande.
Israël et la Jordanie sont liés depuis 1994 par un traité de paix.
Ces derniers mois, la Cisjordanie a été le théâtre d’une flambée de violence et d’attentats terroristes, favorisée par un afflux d’armes illégales, dont de nombreux fusils passés en contrebande depuis la Jordanie.
En outre, la Jordanie a critiqué à plusieurs reprises Jérusalem pour un incident survenu pendant le ramadan le mois dernier, au cours duquel des policiers sont entrés dans la mosquée Al-Aqsa, sur le mont du Temple, pour affronter des émeutiers palestiniens et ont été filmés en train de frapper certains d’entre eux. À un moment donné, la Jordanie a refusé de recevoir des messages d’Israël par l’intermédiaire des États-Unis ou des Émirats arabes unis, déclarant qu’elle n’accepterait que des messages directs et seulement si Israël s’engageait à ne plus pénétrer dans la mosquée.
Avant les récentes tensions sur le mont du Temple, une épine dans les relations israélo-jordaniennes, Amman avait convoqué l’envoyé israélien à la suite du discours prononcé le mois dernier par le ministre des finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, lors d’une conférence à Paris, au cours de laquelle il avait affirmé que le peuple palestinien était une « invention », tout en s’appuyant sur une carte du « Grand Israël » qui incluait l’actuelle Jordanie. Quelques jours plus tôt, Smotrich avait suscité l’indignation internationale en appelant à « anéantir » une ville palestinienne de Cisjordanie après l’assassinat de deux frères israéliens lors d’un attentat terroriste.
Dans une interview publiée au début du mois d’avril, le premier ambassadeur de Jordanie en Israël a demandé à Amman de modifier son approche des relations à la lumière de la ligne dure du gouvernement actuel à Jérusalem et a déclaré qu’il n’y avait plus aucune chance de trouver une solution à deux États au conflit israélo-palestinien.