Un haut responsable : Le monde se désintéresse de l’opération à Gaza
Les dirigeants internationaux sont las du conflit et occupés par des crises régionales plus graves, dit une source israélienne. Mais l'atmosphère pourrait changer
Raphael Ahren est le correspondant diplomatique du Times of Israël
En dépit de plusieurs déclarations de dirigeants mondiaux condamnant les tirs de roquettes sur Israël et appelant à la retenue, la communauté internationale ne s’intéresse pas vraiment au conflit entre Israël et la bande de Gaza, a déclaré un important responsable diplomatique mercredi.
« La communauté internationale est totalement désintéressée. Malgré quelques communiqués de presse [du ministre des Affaires étrangères du Royaume-Uni] William Hague, et quelques autres, en général, le monde ne montre pas d’intérêt particulier », a confié le responsable au Times of Israel.
« Ils sont soit très las [du conflit israélo-palestinien], soit leur attention est ailleurs, ou encore ils veulent partir en vacances d’été et ne pensent pas que cette histoire soit assez importante. »
La Haye et plusieurs de ses homologues en Europe et ailleurs ont publié des déclarations sur les tirs de roquettes et l’offensive israélienne à Gaza, comme l’ont fait les Nations unies, l’Union européenne et la Maison Blanche. Et pourtant, la plupart des dirigeants mondiaux sont épuisés par la conflagration actuelle à Gaza parce qu’ils l’ont « déjà vue à maintes reprises », a déclaré le responsable israélien.
« Des événements bien pires se passent dans la région, et ils ont vu que nous avons été attaqués par les roquettes du Hamas », ils sont donc réticents à émettre de fortes déclarations de condamnation contre Israël.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu aurait téléphoné à plusieurs dirigeants mondiaux pour expliquer pourquoi Israël a lancé l’opération Bordure protectrice, mais son bureau n’a pas fourni de détails. De même, un porte-parole du ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman a refusé mercredi de répondre à la question du journaliste de savoir si le ministre a contacté l’un de ses homologues dans les capitales du monde entier.
Une éventuelle implication de Liberman dans les efforts de diplomatie publique du ministère des Affaires étrangères n’a pas été discutée lors de la réunion du ministère mercredi matin.
Mais les diplomates israéliens ont communiqué avec leurs contacts internationaux sur « l’échelle politique et diplomatique » et avec des faiseurs d’opinion dans les parlements, les médias, les organisations civiles et juives, a rapporté une source du ministère des Affaires étrangères. « Nous leur disons ce qui se passe et que nous avons besoin de leur soutien. Ils comprennent que nous allons faire tout le nécessaire pour arrêter tirs de missiles sur les civils israéliens. »
Même le monde arabe n’a pas l’air de trop s’émouvoir de l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, selon un responsable diplomatique israélien. « L’Egypte a renoncé au Hamas, elle n’en a que faire si nous les tabassons. » Le ministère des Affaires étrangères du Caire a condamné l’opération Bordure protectrice, mais n’est pour le moment pas impliqué dans des efforts de parvenir à un cessez-le feu.
La Jordanie, qui a qualifié dans un communiqué les actions d’Israël d' »agressives » et « barbares », agit avec « hystérie et hypocrisie », affirme le responsable israélien, précisant toutefois qu’Amman n’est pas un grand ami du Hamas.
Pourtant, on ne sait combien de temps durera l’apathie manifeste de la communauté internationale. Tandis que l’armée israélienne se prépare à intensifier sa campagne, l’ambiance pourrait changer et les dirigeants mondiaux faire pression sur Israël pour qu’il mette un terme à son opération, poursuit le responsable. « Nous ne saurons comment cela va se jouer que lorsque cela sera terminé. »