Un officiel turc nie l’installation des chefs du Hamas, expulsés du Qatar, dans le pays
Les officiels du Hamas seraient en Turquie depuis la semaine dernière ; Ankara, où vivent déjà de nombreux membres du politburo du groupe terroriste, serait une destination logique après le retrait de Doha des négociations sur les otages à Gaza
Jacob Magid est le correspondant du Times of Israël aux États-Unis, basé à New York.
L’information laissant entendre que le Hamas a ouvert un bureau du groupe terroriste en Turquie a été vivement démentie par une source proche des services de la diplomatie turque, qui a ajouté que les membres du groupe se contentaient de faire des déplacements dans le pays de temps en temps.
Une réaction qui a suivi les confidences faites, dimanche, par un diplomate arabe du Times of Israël, qui a fait savoir que les membres de premier plan du Hamas qui vivaient au Qatar ont quitté l’émirat, la semaine dernière, pour la Turquie. Un départ survenu après que Doha eut annoncé son retrait des négociations visant à mettre en place un cessez-le-feu à Gaza dans le cadre d’un accord qui aurait ouvert la voie à la remise en liberté des otages israéliens, des pourparlers où le pays tenait un rôle d’intermédiaire.
Le diplomate arabe, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, avait minimisé l’importance de cette expulsion des membres du politburo du groupe terroriste, soulignant que le leadership du Hamas passait déjà beaucoup de temps en Turquie quand il n’organisait pas de réunions au Qatar.
Le départ de Doha des membres du bureau politique du Hamas avait été annoncé pour la première fois par la chaîne publique israélienne Kann.
Le 8 novembre, les États-Unis avaient révélé qu’ils avaient demandé au Qatar d’expulser les officiels du Hamas qui y résidaient – le groupe terroriste avait un bureau ouvert dans l’émirat depuis 2012, une ouverture qui se serait produite sur la demande de Washington, les États-Unis étant soucieux de préserver un canal de communication avec l’organisation en cas de nécessité. L’administration Biden a indiqué avoir demandé à ce que les responsables du Hamas soient expulsés après le rejet répété, par ces derniers, des propositions d’accord qui leur étaient soumises et après l’exécution de six otages au sein de l’enclave côtière – un ressortissant américain figurait parmi eux.
Vingt-quatre heures après, le Qatar avait annoncé renoncer à son rôle de médiateur dans le cadre des pourparlers et un diplomate avait déclaré au Times of Israel que Doha avait demandé aux chefs du Hamas de quitter le territoire à la fin du mois d’octobre, même si aucun calendrier n’avait alors été précisé.
Doha avait souligné, à ce moment-là, que sa décision ne serait pas nécessairement permanente et qu’il était possible que le Qatar reprenne sa casquette d’intermédiaire si les deux parties en lice affichaient la volonté de mener de bonne foi des pourparlers en vue d’un cessez-le-feu, qui permettrait aux otages d’être relâchés.
Selon le diplomate qui s’était exprimé à ce moment-là, le Qatar a décidé seul d’expulser les hauts-responsables du groupe terroriste après avoir déterminé qu’aucune partie n’était désireuse de mener sérieusement des négociations.
La Turquie est une option pratique pour le Hamas dans la mesure où les familles de nombreux dirigeants de la diaspora du groupe terroriste y vivent d’ores et déjà.
Toutefois, en accueillant officiellement des membres de premier plan du Hamas, Ankara risquerait de créer des tensions avec l’administration Biden qui avait fait savoir, au début du mois, qu’aucun de ses alliés ne devait prendre l’initiative d’offrir un asile au groupe terroriste. Un positionnement qui ne devrait pas être plus souple lorsque le président élu Donald Trump prendra ses fonctions, au mois de janvier.
Ankara a tenu un rôle symbolique dans les pourparlers sur les otages jusqu’à présent au vu de ses liens de longue date avec les responsables du Hamas. Il est difficile de dire si la Turquie occupera dorénavant un rôle plus important dans les négociations, après le retrait du Qatar.
Suite à la mort du chef du Hamas à Gaza, Yayha Sinwar, à la mi-octobre – il avait été tué par l’armée israélienne – les États-Unis avaient fait part de leurs espoirs de connaître enfin une avancée dans les discussions dans la mesure où ils considéraient que Sinwar était le principal obstacle à la finalisation d’un accord.
Le Qatar et l’Égypte, les médiateurs arabes, avaient soumis un point de vue différent. S’ils avaient reconnu les positionnements sans compromis de Sinwar, ils avaient toutefois estimé que les pourparlers deviendraient plus difficiles sans direction centralisée à la tête du groupe terroriste, avaient confié des responsables arabes et américains au Times of Israel.
Les médiateurs arabes attribuent une plus grande part de responsabilité à Israël concernant l’échec des négociations, notant le refus du Premier ministre Benjamin Netanyahu à accepter les idées d’un cessez-le-feu à durée indéterminée et d’un retrait total des soldats, même en échange de tous les otages qui sont encore retenus en captivité à Gaza. Au mois de juillet, le Premier ministre avait ajouté de nouvelles conditions dans le cadre d’un accord de trêve après que le Hamas, de son côté, a donné son feu vert à la plus grande partie de la proposition qui lui était présentée.
Les critiques de Netanyahu l’ont accusé d’accorder la priorité à sa propre survie politique au détriment de la vie des otages, ses partenaires de coalition d’extrême-droite ayant menacé de renverser le gouvernement s’il acceptait les propositions qui lui ont été soumises jusqu’à présent.
D’autres ont estimé que les offres qui ont pu être faites, jusqu’à aujourd’hui, sont insuffisantes pour répondre aux exigences de l’État juif et qu’elles laisseraient le Hamas intact – ce qui continuerait à faire planer la menace émanant de Gaza sur le sud d’Israël.
Netanyahu a rencontré, dimanche soir, des ministres du gouvernement et des responsables de premier plan des services de sécurité pour évoquer la crise des otages. Les leaders sécuritaires prévoyaient de lui dire qu’il faudrait qu’Israël affiche davantage de flexibilité dans les pourparlers en vue de la remise en liberté des otages, dont les conditions sont dures.
Selon un sondage qui a été diffusé par la chaîne d’information N12, la semaine dernière, 69% des Israéliens disent apporter leur soutien à un accord sur les captifs qui mettrait un terme à la guerre à Gaza. 20% des sondés, de l’autre côté, affirment privilégier la poursuite des combats.
97 des 251 otages enlevés par le Hamas le 7 octobre se trouveraient toujours à Gaza – y compris les corps sans vie d’au moins 34 personnes dont la mort a été confirmée par Tsahal.
Le Hamas avait remis en liberté 105 civils au cours d’une trêve d’une semaine à la fin du mois de novembre, et quatre otages avaient été relâchés avant cela. Huit otages ont été sauvés vivants par les troupes. Les dépouilles de 37 otages ont également été retrouvées – dont trois qui avaient été accidentellement tués par l’armée alors qu’ils tentaient d’échapper à leurs ravisseurs.
Le Hamas détient également deux civils israéliens qui étaient entrés de leur propre gré dans la bande de Gaza en 2014 et 2015, ainsi que les corps sans vie de deux soldats de l’armée israélienne qui avaient été tués en 2014.