Israël en guerre - Jour 624

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Un policier arrêté pour le meurtre d’un Éthiopien israélien à Kiryat Haim

L'agent aurait craint pour sa vie alors que des jeunes lui lançaient des pierres ; la mort de la victime de 19 ans a été prononcée à l'hôpital ; la police est accusée de racisme

Solomon Tekah, un Israélien d'origine éthiopienne abattu par un policier qui n'était pas en service, à Kiryat Haim, le 30 juin 2019. (Autorisation)
Solomon Tekah, un Israélien d'origine éthiopienne abattu par un policier qui n'était pas en service, à Kiryat Haim, le 30 juin 2019. (Autorisation)

Un agent qui n’était pas en service a mortellement blessé par balle un jeune Israélien d’origine éthiopienne dimanche, dans la ville de Kiryat Haim. La police a ouvert une enquête sur ce qu’elle a qualifié d’altercation « malheureuse ».

Le département des enquêtes internes de la police, du ministère de la Justice a décidé lundi d’arrêter le policier. Il a été assigné à résidence par la cour des magistrats de Haïfa.

Solomon Tekah, 19 ans, a été abattu la nuit précédente au cours d’une altercation dans la ville de Kiryat Haim, au nord du pays. Un témoin oculaire, qui a contredit les propos du policier, a indiqué que ce dernier n’était pas en danger quand celui-ci a ouvert le feu.

Plusieurs dizaines d’Éthiopiens israéliens se sont rassemblés aux abords du commissariat de Kiryat Haim pour manifester leur colère après minuit, dimanche, et l’incident a donné lieu à une nouvelle série d’accusations de racisme systématique de la police à l’encontre de la communauté israélienne d’origine éthiopienne.

Les autorités ont promis une enquête transparente sur la fusillade.

« Pendant la  nuit, un policier a été arrêté, car il est soupçonné de meurtre illégal après qu’un jeune de 19 ans a été tué à Kiryat Haim », a déclaré le département des enquêtes internes de la police dans un communiqué.

Une source proche de l’enquête a déclaré à la Treizième chaîne qu’il « semblerait qu’il s’agisse d’un cas de fusillade irresponsable ».

Des dizaines d’Israéliens issus des communautés éthiopiennes et des sympathisants se sont rassemblés lundi à Haïfa et ont bloqué le croisement des boulevards Histadrout et Achi Eilat, près du commissariat de Zebulon, où le policier travaillerait.

Un employé d’un centre pour jeunes situé non loin du lieu de la fusillade, témoin de l’incident, a déclaré lundi au quotidien Haaretz qu’il n’a pas eu l’impression que le policier était menacé quand il a ouvert le feu.

« Le policier n’était pas en danger. Il s’est d’ailleurs mis en position pour tirer et a tiré une seule balle alors que Solomon était à 30 mètres de lui », a déclaré Eli, le témoin, qui n’a pas souhaité décliner son nom de famille. « Il est évident que le policier n’a pas tiré sous l’effet du stress. »

Eli a ajouté qu’il était dehors en train de fumer, et que Tekah n’était pas loin. Il a assuré que tout était calme, et que Tekah s’en allait.

« Après quelques minutes, nous avons soudainement vu une pierre arriver dans notre direction et atterrir sur le bas d’une voiture près de nous », s’est souvenu Eli. « Quelques secondes plus tard, j’ai vu un type tirer. »

« Nous avons entendu des cris et des injures, et il s’est alors simplement mis en position de tir, et, tout en criant ou en lançant des insultes, il a tiré. À ce moment, je n’ai vu ni Solomon ni les autres jeunes, mais il était clair que le policier n’était pas dans une altercation physique avec eux. De là ou je me trouvais, il n’a pas tiré dans les jambes. »

Eli a dit avoir appelé une ambulance, et que la police est arrivée en quelques minutes.

« L’un des employés [du centre] a tenté de réanimer Solomon, et j’ai vu le flic ayant tiré marcher parmi nous, à côté de son corps. La balle a touché Solomon à la poitrine. [Le policier] marchait près de nous comme si rien ne s’était passé et parlait au téléphone. Alors qu’il marchait, je n’ai pas vu qu’il était blessé. S’il l’était, il l’a bien caché. Il n’était pas en danger, et ses enfants étaient près de lui. »

Eli a témoigné dimanche soir auprès du département des enquêtes internes de la police.

Une source a confié à Haaretz que le policier est un père de trois enfants qui prenait la direction d’un parc avec sa famille quand il a remarqué que Tekah et deux autres frappaient un garçon de treize ans. Il est intervenu, et au cours de cette altercation, les jeunes lui auraient lancé des pierres, le touchant à la tête et au dos.

Le policier a affirmé avoir alors ouvert le feu et tiré en direction du sol. Selon l’article de Haaretz, le département des enquêtes internes de la police vérifie si la balle a pu ricocher et toucher Tekah.

L’avocat Yair Nadashi, qui représente le policier, a déclaré lundi que son client est sorti de l’hôpital dans la nuit.

« Il a affirmé avoir tiré pour se défendre après avoir été attaqué par des pierres », a déclaré l’avocat selon l’article.

Le ministre de la sécurité intérieure Gilad Erdan, au centre, avec les forces de police lors du défilé annuel de la Gay Pride à Jérusalem, le 6 juin 2019 (Crédit : Yonatan Sindel/Flash90)

Le ministre de la Sécurité intérieure, Gilad Erdan, a exprimé son « choc » face à l’incident et indiqué qu’il désirait que les enquêteurs de police présentent leurs conclusions au public « avec une transparence totale ».

Répondant à la fusillade, le député de Kakhol lavan, Pnina Tamano-Shata, a accusé la police « d’ouvrir la saison » contre les jeunes d’origine éthiopienne.

« La vie de nos enfants est moins sûre, et la réaction de la communauté sera sévère. Et ceci en raison de l’échec du gouvernement israélien et de ses branches, notamment du ministre de la Sécurité intérieure et du Département des enquêtes internes de la police, à gérer la situation », a-t-il déploré.

Le député Gadi Yevarkan, issu lui aussi des rangs de Kakhol lavan, a déclaré qu’il y avait des dizaines d’exemples de comportement criminel en Israël chaque semaine, mais que « les doigts des policiers ne sont jamais aussi rapides à actionner la gâchette » que les incidents impliquaient des jeunes d’origine éthiopienne.

« Malheureusement, un élément est d’ores et déjà clair : je ne crois déjà pas aux conclusions que la police sera amenée à tirer, si elle enquête vraiment. Elle a déjà prouvé qu’elle savait tromper l’opinion publique », a accusé Gadi Yevarkan.

Yehuda Biadga (Crédit: capture d’écran Twitter)

Au mois de janvier, la police avait ouvert le feu et tué Yehuda Biadga, un résident de Bat Yam âgé de 24 ans. Les agents avaient expliqué que la victime s’était jetée sur un policier avec un couteau.

L’incident avait entraîné des manifestations massives à Tel Aviv et dans tout le pays contre les violences policières et en particulier celles qui visent les Israéliens d’origine éthiopienne.

Plus de 135 000 Juifs d’origine éthiopienne vivent en Israël. Ils ont immigré au cours de deux vagues principales, en 1984 et 1991, mais un grand nombre d’entre eux doit se battre pour s’intégrer dans la société israélienne.

Les leaders communautaires et autres dénoncent un racisme systématique et des violences de la part de la police envers les Israéliens d’origine éthiopienne, malgré les promesses répétées de règlement du problème.

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