Une ex-esclave sexuelle yazidie s’évanouit à la télé face à son ancien violeur
Ashwaq Haji Hamid avait 14 ans lorsque l'organisation terroriste de l'État islamique a conquis sa ville natale, tuant les hommes et capturant les filles
Une Yazidie de 20 ans qui avait été kidnappée et violée à plusieurs reprises par un membre de l’État islamique a fait face à son tortionnaire à la télévision irakienne mardi dernier, sanglotant et exigeant des explications, avant de s’évanouir.
Ashwaq Haji Hamid était âgé de 14 ans lorsque des combattants de l’État islamique ont conquis le mont Sinjar en Irak, la patrie ancestrale des Yazidis en Irak, où ils ont massacré des milliers d’hommes et garçons yazidis et capturé les filles pour en faire des esclaves sexuelles.
« J’avais environ 14 ans quand les gangs terroristes de l’État islamique m’ont arrêtée », a-t-elle raconté lors d’un entretien avec la chaîne irakienne Al-Iraqiya traduit en anglais par l’Institut de recherche des médias du Moyen-Orient (MEMRI).
« On est arrivés en Syrie à minuit. On était inquiets et on ne savait pas ce qu’on deviendrait et si on nous tuerait ou pas », a-t-elle expliqué.
« Mais ça nous réconfortait d’être ensemble — on allait soit vivre ensemble soit mourir ensemble. Mais après, ils nous ont séparés. Là-bas, en Syrie, les terroristes de l’EI ont séparé de leurs proches les filles âgées de plus de neuf ans. On nous a emmenées à Mossoul. On était 300 ou 400 femmes à Mossoul. On y est restées trois jours, et les hommes de l’EI venaient nous voir. Ils nous ont données ou vendues pour pas cher ».
Former Yazidi Slave Girl Confronts Captured ISIS Terrorist Who Had Held Her Captive, Violently Raped Her When She Was 14: You Destroyed My Life pic.twitter.com/mCazC4o7j1
— MEMRI (@MEMRIReports) December 1, 2019
Elle a ensuite décrit comment le membre de l’organisation, Abu Humam, « m’a choisie et m’a tirée par les cheveux ».
« Je ne m’attendais pas à ce qu’ils nous violent, parce que je n’avais que 14 ans. Mais ils nous avaient menottées et nous ont violées violemment », a-t-elle continué. « Il n’arrêtait pas de promettre qu’il me laisserait partir, mais il m’a violée trois fois par jour et battue trois ou quatre fois par jour. Je n’étais qu’une enfant et je ne savais rien ».
« Même si j’avais le droit de le tuer, je n’aurais pas envie d’avoir sa saleté sur les mains, mais j’exige que le gouvernement nous rende justice — il n’y a pas que moi, qui sait combien de filles yazidies il a violées après moi. »
Dans un entretien accordé séparément, Abu Humam raconte à Al-Iraqiya « [qu’]elle ne voulait pas alors je la battais pour qu’elle accepte de se faire violer ».
Ce sont les autorités qui ont donné à Ashwaq Haji Hamid l’opportunité d’être confrontée à son bourreau incarcéré. Lors de la confrontation télévisée diffusée dans tout le pays, elle l’a admonesté tandis qu’il se tenait face à elle dans sa tenue jaune de prisonnier, la tête baissée et les mains croisées devant lui.
« Abu Humam, lève les yeux », lui demande-t-elle.
« Pourquoi tu m’as fait ça ? Pourquoi ? Parce que je suis yazidie ? J’avais 14 ans quand tu m’as violée. Lève les yeux. Ressens-tu quelque chose ? As-tu un semblant d’honneur ? J’avais 14 ans, l’âge de ta fille, de ton fils ou de ta sœur ».
« Tu as détruit ma vie », a-t-elle poursuivi, en sanglots. « Tu m’as volé tous mes rêves. J’étais prisonnière de l’EI, entre tes mains, mais aujourd’hui c’est à toi de ressentir ce que le tourment, la torture et la solitude veulent dire. Si tu avais le moindre sentiment, tu ne m’aurais pas violée alors que j’avais 14 ans, l’âge de ton fils, l’âge de ta fille ».
C’est là qu’elle a perdu connaissance.
Sur les 1,5 million de Yazidis dans le monde, près de 550 000 vivaient dans des coins reculés d’Irak avant 2014.
L’assaut brutal de l’État islamique en août 2017 avait poussé 360 000 Yazidis à fuir vers d’autres zones du pays, notamment dans la région kurde, où ils vivent dans des camps de déplacés délabrés.
D’après les autorités, plus de 6 400 Yazidis ont été enlevés par l’EI, seule la moitié d’entre eux a pu à fuir ou être sauvée, tandis que le sort des autres reste inconnu. Près de 100 000 autres sont parvenus à fuir à l’étranger.